La Turquie dénonce le rapport israélien sur l'assaut contre la flottille de Gaza
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 23.01.11 |
Des soldats israéliens interceptent la "flottille pour Gaza", le 31 mai 2010.AP/URIEL SINAI
Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté le rapport de la commission d'enquête israélienne, publié dimanche 23 janvier et qui blanchit Israël dans le raid meurtrier sur un navire humanitaire turc, en mai au large de Gaza. "Quelle valeur peut avoir un rapport préparé et commandé dans le même pays ? (...), s'est interrogé M. Erdogan face à des journalistes à Ankara. Ce rapport n'a aucune crédibilité."
Le rapport de la commission israélienne sur le raid meurtrier du 31 mai 2010 dans les eaux internationales contre un convoi pro-palestinien – au cours duquel neuf ressortissants turcs avaient été tués – conclut que le blocus maritime du territoire palestinien et l'assaut du commando israélien étaient "conformes au droit international".
La commission établie par la Turquie en réponse à cette commission d'enquête israélienne a elle aussi dénoncé le rapport israélien, se déclarant "stupéfaite et consternée" de ses conclusions qui disculpent l'armée israélienne, rapporte l'agence de presse Anatolie. "L'attaque menée par Israël en violation du droit, en temps de paix comme en temps de guerre, est aussi en contradiction avec tous les principes, règles et normes internationales", a affirmé la commission, qui s'est réunie à Ankara.
Le rapport de la commission turque, dont l'AFP s'est procurée une copie, accuse Israël d'un recours "excessif" et "disproportionné" à la force. Selon les conclusions préliminaires de ce rapport, "la force utilisée pour intercepter le Mavi Marmara franchit les limites de ce qui est approprié et nécessaire. (...) L'usage de la force ne peut être qu'un dernier recours".
L'ONU SE PRONONCERA EN AVRIL
Selon les passagers auditionnés, les soldats israéliens ont ouvert le feu aussitôt après leur hélitreuillage sur le pont du ferry. La commission d'enquête, qui a auditionné des militants turcs et étrangers du convoi, estime que l'Etat hébreu doit verser des indemnisations aux familles des victimes, "aux termes du droit international". Mais selon la version des autorités israéliennes, les soldats ont fait usage de leurs armes après avoir été attaqués à coups de couteau par les militants du Mavi Marmara.
Le commando israélien avait arraisonné au total six navires, qui tentaient de briser le blocus de la bande de Gaza. L'assaut avait soulevé une vague de réprobation internationale, et provoqué une grave crise dans les relations israélo-turques, le président Abdullah Gül déclarant que les relations entre les deux pays, jadis alliés, ne seraient "plus jamais les mêmes".
Les deux rapports doivent être transmis au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a constitué un panel de quatre membres, dont un représentant turc et un israélien, chargés d'enquêter sur le raid meurtrier. Plusieurs réunions de ce panel présidé par l'ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer sont prévues pour examiner ces rapports, jusqu'en avril, puis l'ONU devra rendre un avis.
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