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Τρίτη 11 Ιανουαρίου 2011

Vladimir Poutine, pyromane et pompier
04.08.10 |
Des dizaines de morts, des centaines de villages détruits, des milliers de familles sans abri partagées entre désarroi et colère, déjà 200 000 hectares de forêt calcinées, des récoltes dévastées, jusqu'au métro de Moscou envahi depuis mercredi 4 août par une âcre fumée, une base de matériel aéronautique militaire sinistrée à 100 kilomètres de la capitale russe et jusqu'au centre nucléaire militaire de Sarov menacé : les gigantesques incendies qui ravagent la Russie prennent chaque jour davantage l'allure d'un désastre national.
La canicule exceptionnelle qui touche le pays depuis un mois - en particulier toutes les régions de l'Ouest, des frontières de l'Ukraine jusqu'aux portes de Moscou - est évidemment à l'origine de la catastrophe. Mais celle-ci témoigne cruellement de la désorganisation du pays. Il a fallu attendre lundi pour que le président Dmitri Medvedev décrète l'état d'urgence dans sept provinces et mardi pour que le ministre des situations d'urgence, Sergueï Choïgou, admette que "la situation échappe parfois à notre contrôle".
Doux euphémisme, tant il est évident que ni l'Etat ni les autorités locales n'ont su réagir à temps et avec l'énergie nécessaire. Mais en avaient-ils seulement les moyens ? En quelques années, la centralisation extrême du pouvoir, cette "verticale du pouvoir" chère au premier ministre et ex-président Vladimir Poutine, a totalement déresponsabilisé les gouverneurs, désormais nommés directement par Moscou, et autres administrations locales gangrenées par la corruption.
La conséquence n'a pas tardé : les services à la population, déjà bien minces, se sont un peu plus délités : dans bien des villages, les casernes de pompiers ne sont plus financées ou ont été fermées, et les étangs "anti-incendies" de l'époque soviétique ont été laissés à l'abandon. La Russie ne compte plus que 22 000 pompiers, dotés de matériel archaïque (contre, en France, 25 000 pompiers professionnels et 200 000 volontaires).
Les privatisations tous azimuts ont encore aggravé la situation. Le nouveau code de la forêt, imposé par Poutine, alors président, en 2006, a régionalisé la gestion des 800 millions d'hectares de forêts du pays, pour le plus grand bénéfice de quelques oligarques du bois et du papier. En abolissant les services fédéraux, ce nouveau code a entraîné la suppression de 70 000 gardes forestiers, qui jouaient un rôle important dans la prévention et la gestion de crise.
Ouvertement en campagne pour la prochaine élection présidentielle, Vladimir Poutine s'emploie à peaufiner son image d'"hyper-premier ministre", réconfortant des sinistrés, convoquant les gouverneurs, promettant des indemnisations rapides et des reconstructions avant l'hiver. Mieux, et bien dans sa manière, il a ordonné l'installation de caméras de surveillance, directement reliées à son bureau, pour surveiller tous les chantiers de reconstruction des villages ! Il est peu probable, cependant, que les Russes soient dupes, le moins du monde, de ces propositions de pompier pyromane.

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