Le président allemand joue l'apaisement sur l'immigration
19.10.10 AFP/ADEM ALTAN
La visite du président allemand Christian Wulff en Turquie survient après des déclarations très commentées de la chancelière Angela Merkel, qui a enterré le modèle d'une Allemagne multiculturelle.
Le président allemand Christian Wulff a adressé mardi 19 octobre aux Turcs un message de conciliation alors que le débat bat son plein en Allemagne sur la question de l'intégration des immigrés musulmans, turcs pour la majorité d'entre eux. "Nous devons réaliser que nous sommes étroitement liés", a déclaré M. Wulff, le premier chef d'Etat allemand à effectuer une visite en Turquie depuis une décennie, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Abdullah Gül à Ankara. "Nous sommes de vieux amis (...) Les choses qui nous relient sont plus nombreuses que celles qui nous séparent", a-t-il affirmé.
UNE VISITE EN TURQUIE EN PLEIN DÉBAT SUR L'IMMIGRATION
La chancelière Angela Merkel a prononcé ce week-end un discours controversé sur l'immigration, enterrant le modèle d'une Allemagne multiculturelle et insistant sur la nécessité pour les immigrants d'adopter la culture et les valeurs allemandes.
"L'approche Multikulti" –"nous vivons côte à côte et nous nous en réjouissons" – "a échoué, totalement échoué", avait affirmé Mme Merkel devant le congrès des jeunes de son parti CDU et de son pendant bavarois CSU. "Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n'accepte pas cela n'a pas sa place ici", avait-elle ajouté. Le cabinet de Mme Merkel a annoncé lundi qu'il allait adopter la semaine prochaine des mesures "concrètes" pour l'intégration des étrangers, évoquant des cours obligatoires pour les immigrés et la lutte contre les mariages forcés.
A Ankara, M. Wulff a salué le rôle grandissant de la Turquie dans les affaires régionales, tout en réitérant la position de Berlin sur le caractère ouvert des négociations d'adhésion, qui ne garantissent pas une pleine adhésion à l'issue du processus. M. Wulff devait aussi rencontrer le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le président de la direction des affaires religieuses Ali Bardakoglu et prononcer un discours devant le Parlement turc. Il doit se rendre mercredi à Kayseri, une ville industrielle du centre de la Turquie, puis en Cappadoce et à Istanbul avant de quitter la Turquie vendredi.
L'ADHÉSION DE LA TURQUIE À L'UE AU COEUR DU DÉBAT
Mme Merkel est opposée à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, redoutant l'arrivée dans le club européen d'un pays de 73 millions d'habitants, presque tous musulmans. Mais la Turquie, puissance émergente avec un taux de croissance de plus de 10 %, accueille plus de 4 000 entreprises allemandes.
L'Allemagne est son premier partenaire économique, et les échanges bilatéraux ont représenté 17 milliards d'euros en 2009. Le pays compte quatre millions de musulmans, sur 82 millions d'habitants. Les Turcs forment la plus grande communauté ethnique, avec 2,5 millions de personnes. Et si les plus jeunes sont intégrés, nombre d'immigrés turcs n'ont jamais appris l'allemand, et vivent repliés sur leur communauté.
M. Gül a pour sa part encouragé mardi ses compatriotes en Allemagne à apprendre la langue de Goethe, mais a aussi estimé que, "au lieu d'utiliser le problème de l'intégration à des fins politiques, tout le monde doit aider à trouver une solution". Le débat fait rage en Allemagne depuis la publication cet été par un haut fonctionnaire de la banque centrale, Thilo Sarrazin, d'un pamphlet affirmant que le pays "s'abrutit" sous le poids des immigrés musulmans.
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