Le Kosovo, "une épine dans le flanc oriental de l'Europe"
23.07.10
La Cour internationale de justice (CIJ) a conclu, jeudi 22 juillet, que la déclaration d'indépendance du Kosovo n'avait pas violé le droit international. "La Cour a conclu […] que l'adoption de la déclaration d'indépendance du 17 février 2008 n'a violé ni le droit international général, ni la résolution 1244 de 1999 du Conseil de sécurité, ni le cadre constitutionnel", a déclaré Hisashi Owada, le président de la CIJ, au palais de la Paix de La Haye. Le président serbe, Boris Tadic, a pour sa part affirmé que la Serbie ne reconnaîtrait "jamais" l'indépendance du pays, qu'il considère comme sa province méridionale.
Mais de quels recours disposent réellement les Serbes face à cette décision consultative, s'interroge la presse internationale. "L'Europe demande à la Serbie de ne pas passer à l'offensive diplomatique, sous peine de voir bloquer son processus d'intégration", note ainsi Le Courrier des Balkans. Et, comme le précise le quotidien serbe Blic, de nouvelles négociations au sein de l'ONU seront d'autant plus difficiles "que les Etats-Unis ont annoncé que cette décision était une confirmation de l'indépendance du Kosovo". De nouvelles procédures à l'ONU "semblent en péril, voire condamnées", juge aussi The Economist. Belgrade avait obtenu en octobre 2008 de l'Assemblée générale de l'ONU qu'elle saisisse la CIJ, principal organe judiciaire de l'ONU, sur la légalité de la proclamation d'indépendance du Kosovo du 17 février 2008.
El Pais souligne enfin qu'"une crise du gouvernement de coalition [serbe] n'est pas à exclure", rendant encore plus difficiles de nouvelles tractations avec Pristina. "La décision de la Cour va renforcer la réticence des Kosovars à toute nouvelle négociation, particulièrement à propos des régions du Nord, à majorité serbe", commente enfin le Guardian.
EUROPE DIVISÉE, RUSSIE PARTAGÉE
La situation du Kosovo divise l'Europe, relève également Le Temps, dont 5 des 27 membres de l'Union n'ont pas reconnu l'indépendance. "Le Kosovo restera sans doute pour des décennies une épine dans le flanc oriental de l'Europe", souligne le quotidien suisse, expliquant qu'"au sein de l'Union européenne, les pays les plus soucieux de leur intégrité territoriale – comme l'Espagne ou Chypre – continueront sans doute de bouder la reconnaissance du nouvel Etat, né de la guerre de 1998-1999 et des exactions du régime de Slobodan Milosevic à l'encontre de la population albanaise". Au total, 69 pays dans le monde, dont les Etats-Unis, ont reconnu l'indépendance.
C'est aussi un test pour la Russie, alliée traditionnelle de Belgrade, qui a réaffirmé qu'elle demeurait hostile à la reconnaissance. "La Russie est partagée. Le précédent créé par le Kosovo en 2008 a permis de justifier la reconnaissance hâtive par Moscou de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, après la guerre avec la Géorgie. Mais la Russie n'est pas si pressée de voir cette situation en Tchétchénie", analyse la BBC.
"Cette désion peut-elle inciter d'autres régions à déclarer leur indépendance", se demande enfin Voice of America. "Avec le recul, il semble clair que la réunification de 1990 de l'Allemagne était contraire à la marée de l'histoire moderne, marquant une sorte de dernier combat pour l'ancien modèle du XIXe siècle de l'Etat-nation unitaire", estime un commentateur du Guardian. Et d'expliquer que "les séparatistes, sécessionnistes de Taïwan, du Xinjiang, du Somaliland au Sri Lanka, en passant par la Géorgie" verront certainement dans la décision de la CIJ une "jurisprudence".
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