Deux cents jours sans gouvernement... et dans l'indifférence, pour la Belgique
La Belgique a célébré, dans l'indifférence générale, jeudi 30 décembre, un drôle de record : elle a franchi le cap des 200 jours sans gouvernement de plein exercice. Le précédent record avait été établi lors de la crise politique de 2007, avec 194 jours sans gouvernement.
Aucune solution ne semble se dessiner à court terme. Les innombrables péripéties et discussions qui ont suivi les élections législatives de juin 2007 devraient toutefois connaître un tournant, peut-être décisif, au début de la semaine prochaine.
L'ancien ministre socialiste flamand Johan Vande Lanotte, "médiateur" nommé par le chef de l'Etat, le roi Albert II, devrait, en effet, formuler de nouvelles propositions concernant les sujets de désaccord entre partis néerlandophones et francophones. A savoir, les transferts de nouvelles compétences aux régions, le mode de financement de celles-ci, le sort de Bruxelles-Hal-Vilvorde (le dernier arrondissement électoral et judiciaire du royaume, que les Flamands veulent scinder), le refinancement de Bruxelles, troisième région du pays, etc.
LE ROI ALBERT II LANCE UN ULTIME APPEL À LA RAISON
Sur tous ces sujets, d'importants désaccords subsistaient avant les fêtes. Les trois partis francophones associés aux négociations mettent en avant les importantes concessions qu'ils auraient acceptées. La Nouvelle alliance flamande (NVA, droite indépendantiste) de Bart De Wever doute de leur parole et veut obtenir un maximum de compétences et de moyens pour la Flandre. Deux autres partis flamands, les chrétiens démocrates et les socialistes, soulignent la nécessité de conclure mais ne se démarquent pas franchement de la NVA. roi Albert II de Belgique et la reine /BELGIUM
Dans ce qui est apparu comme un ultime appel à la raison et au sens du compromis, le roi Albert II a demandé, le 24 décembre, à tous les responsables de refaire de leur Etat "un exemple d'entente et un facteur d'unité dans le monde".
On devait savoir assez vite si cette demande a été entendue : si le texte de M. Vande Lanotte ne recueille pas un soutien suffisant, le pays pourrait retourner aux urnes dans les semaines à venir. Avec, à la clé, la menace d'une nouvelle radicalisation des partis concernés et, en bout de ligne, un retour à la négociation, avec les mêmes acteurs…
LA BELGIQUE PREND LE RISQUE DE S'EXPOSER À LA SPÉCULATION
A moins, redoutent divers commentateurs, que M. De Wever ne veuille démontrer que son raisonnement premier était le bon : pour lui, comme il l'a déclaré récemment, la Belgique est "l'homme malade" de l'Europe et elle est devenue définitivement ingouvernable. C'est, dès lors, un scénario de partition qui pourrait découler de ce nouveau scrutin.
Entretemps, la situation économique et financière du pays pourrait se détériorer, même si un gouvernement dit d'affaires courantes, toujours dirigé par Yves Leterme, reste en place. Il règle l'essentiel mais ne peut prendre de décisions engageant l'avenir. A savoir le financement du système de sécurité sociale, la croissance de la dette publique (plus de 340 milliards d'euros et près de 100% du produit intérieur), la réforme des retraites, etc.
Pour beaucoup, la Belgique prend le risque de s'exposer à la spéculation si elle ne trouve pas rapidement une solution à ses problèmes institutionnels et continue d'évoquer sa division. Récemment, l'agence de notation Standard & Poors lui a adressé une mise en garde : faute d'un gouvernement sérieux dans les six mois, sa note sur les marchés financiers pourrait être dégradée.
Jean-Pierre Stroobants
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