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Τρίτη 11 Ιανουαρίου 2011

La guérilla kurde iranienne du PJAK pourchassée par le régime de Téhéran
25.08.10

Retranché en Irak pour échapper à la répression des Gardiens de la révolution, le Parti pour une vie libre au Kurdistan réclame l'aide des puissances occidentales engagées contre le nucléaire iranien

Après plus de deux heures de soubresauts sur les chemins rocailleux qui escaladent les montagnes de Qandil, dans le nord de l'Irak, le véhicule s'immobilise près d'un bosquet et d'une petite rivière. Sous les arbres, apparaît une maison de pierre d'où surgissent cinq Kurdes en treillis de combattant, le fusil en bandoulière. Un homme s'avance au centre, le regard franc encadré par une épaisse tignasse noire et une moustache non moins fournie.
Sherzad Kemanger, un Kurde iranien de 35 ans, est le chef militaire du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), la guérilla kurde considérée comme la branche iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actif, lui, en Turquie. Le PJAK mène, depuis 2004, une lutte armée contre le régime de Téhéran dans les provinces de l'ouest du pays.
Depuis 2008, les combats mobilisent les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime de Téhéran, le long des frontières avec l'Irak et la Turquie. Les chefs politiques du mouvement kurde iranien sont retranchés en Irak, dans les monts Qandil, une zone contrôlée par le PKK. « Notre mouvement est d'abord un parti politique qui lutte pour les libertés à l'intérieur de l'Iran, pour que toutes les communautés du pays puissent exercer leurs droits », affirme le chef rebelle. Le PJAK revendique des milliers de partisans dans le « Kurdistan oriental », la partie iranienne. Originaire de la ville de Kermanshah, M. Kemanger a rejoint le maquis il y a dix ans, après un séjour en prison. Aujourd'hui, « de nombreux camarades sont détenus à la prison d'Evin à Téhéran », explique-t-il.
Depuis le printemps, une vingtaine de familles sont venues se réfugier à Qandil pour échapper à la répression. L'appartenance au PJAK a valu la peine de mort à quatre activistes, exécutés par pendaison à Evin le 9 mai, après un procès sans jurés ni témoins, ont dénoncé leurs avocats.
Selon la version officielle, ils avaient été pris en 2006, en possession de 5 kg d'explosifs et accusés d'attentats contre des bâtiments administratifs. Parmi eux, Farzad Kamangar, un instituteur, était membre du syndicat des enseignants et militant des droits de l'homme. Pour protester contre ces exécutions, une grève générale a été lancée en mai dans les provinces kurdes, et l'ambassade iranienne à Oslo a été prise d'assaut par des manifestants.
Depuis le fort mouvement de contestation qui a suivi la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009, la pression s'est accrue en Iran sur les Kurdes. « La crise interne et externe continue, souligne le leader de la guérilla. L'Iran est une menace contre la sécurité de toute la région. Nous soutenons les sanctions internationales, mais cela fait des années qu'elles existent et que l'Iran fabrique tout de même ses armes nucléaires », juge-t-il.
Parfaitement mobile, sur un terrain accidenté propice aux embuscades, la guérilla affirme avoir causé de lourdes pertes à l'armée iranienne. Début août, de violents combats ont éclaté dans la région de Mariwan, tuant « 11 terroristes », selon Téhéran. En représailles, l'Iran bombarde régulièrement le repaire de Qandil.
En juin et juillet, les tirs d'artillerie quotidiens ont touché plusieurs villages, habités par des contrebandiers et des paysans. Une adolescente de 15 ans a été tuée. Un berger explique avoir perdu 40 moutons. « On a vu tomber des bombes de plus d'un mètre de long », montre Aram en écartant les bras. Quelques centaines de personnes ont abandonné leurs maisons et se sont réfugiées à l'entrée de la vallée de Qandil, sous des tentes fournies par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. « Nous vivons ici depuis le 28 mai. Au début, nous sommes allés nous réfugier dans des grottes mais même là-bas, nous étions menacés. Les enfants sont traumatisés », poursuit Aram. La grand-mère, le dos courbé par l'âge, apporte dans ses bras un paquet d'éclats d'obus et les dépose devant l'assemblée. « Qui nous dit qu'ils ne nous envoient pas des produits chimiques ? », maugrée la vieille femme.
La chasse au PJAK a poussé les Iraniens à franchir la frontière irakienne, à plusieurs reprises, dans la région d'Hajji Omran, provoquant des tensions avec Bagdad et Erbil. Téhéran a également entamé la construction d'un mur de protection pour empêcher les infiltrations de « terroristes » et de contrebandiers qui font entrer d'importantes quantités de pétrole et whisky à dos de mule.
« Au service des sionistes »
Pour le consul iranien d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, « le PJAK est au service des sionistes ». L'Iran et la Turquie soupçonnent Israël et les Etats-Unis de soutenir et d'armer les rebelles kurdes en sous-main. « En 2007, des agents du Mossad ont été vus à Qandil en train d'entraîner les militants », affirme Sedat Laçiner, directeur d'un institut stratégique (USAK) proche du gouvernement turc.
Wirya, un ex-combattant du PJAK, aujourd'hui réfugié à Paris, le confirme à demi-mots. Classé sur la liste internationale des groupes terroristes, le PJAK réclame l'appui des puissances engagées contre le nucléaire iranien : « C'est mensonger de nous cataloguer comme terroristes, proteste Sherzad Kemanger. Nous combattons l'Iran qui, comme tout le monde le sait, est un Etat terroriste. »
Guillaume Perrier

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