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Τρίτη 22 Νοεμβρίου 2011

Danielle Mitterrand, la mère des Kurdes

Les anciens, dans tout le Kurdistan se souviennent toujours avec émotion de l'ex première dame française et de son action humanitaire en faveur des Kurdes a la fin des années 80. En 1986, elle s'engage en faveur de la libération de Mehdi Zana, le maire de Diyarbakir, condamné à 14 ans de prison par la justice militaire turque pour un discours en langue kurde. Sa femme, Leyla Zana,  sera elle-même emprisonnée quelques années plus tard pour des motifs similaires.
Ensuite c'est le régime baasiste de Saddam Hussein qui s'acharne contre la population kurde d'Irak, dans le Nord. Les massacres de Halabja, en 1988, furent le point culminant de cette répression, chassant des centaines de milliers de Kurdes sur les routes. Avec Bernard Kouchner, Danielle Mitterrand réclame alors l'application du droit d'ingérence.  Avec France Libertés, elle n'a jamais cessé de témoigner de son engagement pour la cause kurde. Pour ses 25 ans, en mai dernier, la Fondation avait publié une rétrospective de ses actions au Kurdistan.
En 1997, c'est dans son bureau à Paris, que les deux chefs tribaux kurdes, Massoud Barzani et Jalal Talabani se réconcilient, après 5 ans de guerre fratricide.
En 2009, elle s'était rendue pour la dernière fois à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour y ouvrir une nouvelle école française qui porte désormais son nom.
"La mère des Kurdes" telle qu'on la surnommait souvent s'est éteinte mardi matin a Paris, a l'âge de 87 ans. Nul doute qu'à Erbil, ou à Diyarbakir, les Kurdes lui rendront un vibrant hommage.


C’était Danielle Mitterrand

Le Nouvel Observateur    

Robert Schneider, journaliste politique au "Nouvel Observateur", a côtoyé pendant des années le couple Mitterrand. Il se souvient de la première dame, disparue à l'âge de 87 ans.

Le 14 octobre 1994, trois mois après sa seconde opération. François Mitterrand, très affaibli, m’invite à déjeuner en tête à tête à l’Elysée. Danielle nous rejoint au café. En souriant, il me dit : "Vous avez de la chance, votre femme est française ! La femme du président de la République, elle, est kurde ! Elle m’a fait rencontrer récemment l’un de ses protégés, un courageux résistant kurde, m’a-t-elle dit, dont j’ai appris ensuite qu’il était un dangereux terroriste !" Danielle sourit à son tour de cet hommage exaspéré à sa foi militante.

Les combats de sa femme, son entêtement, sa naïveté parfois, ont souvent agacé François Mitterrand. Ses prises de positions abruptes, notamment son soutien inconditionnel à Fidel Castro ou au sous-commandant Marcos s’opposaient à la diplomatie française. A chacun de ses voyages à risques, les ambassadeurs étaient discrètement chargés de la surveiller, de corriger ses éventuels dérapages, de faire en sorte qu’elle ait le moins de contacts possibles avec la presse. Mais lorsqu’on attaquait Danielle, François la défendait toujours : "il ne supportait pas qu’on émette la moindre critique sur elle, en sa présence", se souvient son ami André Rousselet.
Au fond, que la première dame de France courre d’un continent à l’autre pour défendre les droits des Amérindiens, des Tibétains ou des Kurdes, qu’elle prenne fait et cause pour les guérilleros du Salvador ou les Zapatistes du Mexique l’amusait plutôt. Lui qui enrageait d’être contraint à l’orthodoxie financière par le FMI et les marchés, enviait la liberté et admirait le courage de Danielle.
Lorsque cette fille d’instituteurs militants socialistes et laïcs, résistants de la première heure fait la connaissance de Mitterrand au printemps 1944, il est recherché par la Gestapo et s’appelle Morland. Ils se marieront quelques mois plus tard et formeront un couple atypique. Un demi-siècle de vie commune qu’elle avait récemment résumé ainsi : "Nous étions mariés, nous avions des enfants et, à un moment, nos vies affectives ont bifurqué. Mais cela ne nous a pas empêchés de rester des amis très proches l’un de l’autre." L’existence d’Anne Pingeot et de Mazarine que les Français découvriront très tard, elle l’a connue très tôt. Elle a accepté de partager François. "C’est sa vie privée", disait-elle. Elle est restée la femme officielle, celle qui a vécu à son côté les heures noires où tout paraissait perdu et les heures de gloire. Le 10 mai 1981, c’est elle qui entonne l’Internationale dans la voiture qui les ramène de Château-Chinon à Paris.
Quand François Mitterrand accède à l’Elysée, elle refuse d’être "une potiche". Elle crée l’Association du 21 juin pour défendre les droits de l’homme et celui des peuples à s’autodéterminer. Plus à gauche, plus intransigeante que son mari, elle désapprouve le tournant de la rigueur de 1983 et le recul sur l’école. Pour ne pas le gêner, elle concentre son action sur le reste du monde.
Après la mort de François, elle devient, l’une des figures de l’altermondialisme, participe à tous les forums. Plus elle avance en âge, plus elle se radicalise, plus elle déconcerte. Même ses collaborateurs de France-libertés ont parfois du mal à la suivre. Elle reproche à plusieurs d’entre eux dont elle se sépare de "faire trop de droit". A ceux qui ne comprennent pas que l’on lutte pour les droits de l’homme sans invoquer le droit, elle répond : "notre rôle, c’est de changer le monde". Elle continue de croire à la victoire du socialisme mondial. La sauvegarde de l’eau "préalable à toutes les démarches pour défendre les droits de l’homme", disait-elle, fut sa dernière grande croisade.
Lorsqu’elle n’était pas au bout du monde, Danielle, entourée de ses petits-enfants, aimait regarder les vieilles photos de famille. Une notamment où François et elle se regardaient avec une grande tendresse. "Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, ce regard-là, c’est toute ma vie". Cette photo-là, en dépit de tout, résumait à ses yeux cinquante ans de complicité.
Robert Schneider, conseiller auprès de la direction de la rédaction du "Nouvel Observateur", a longuement côtoyé le couple Mitterrand.

Πέμπτη 20 Ιανουαρίου 2011

IRAK • Le Kurdistan, havre de paix pour les chrétiens
Endeuillée par les nombreux attentats dont elle a été la cible, la communauté chrétienne de Bagdad a trouvé refuge auprès des Kurdes.
             06.01.2011 | Shéhrazade Shikhani | Asharq Al-Awsat

Τρίτη 11 Ιανουαρίου 2011

La guérilla kurde iranienne du PJAK pourchassée par le régime de Téhéran
25.08.10

Retranché en Irak pour échapper à la répression des Gardiens de la révolution, le Parti pour une vie libre au Kurdistan réclame l'aide des puissances occidentales engagées contre le nucléaire iranien

Après plus de deux heures de soubresauts sur les chemins rocailleux qui escaladent les montagnes de Qandil, dans le nord de l'Irak, le véhicule s'immobilise près d'un bosquet et d'une petite rivière. Sous les arbres, apparaît une maison de pierre d'où surgissent cinq Kurdes en treillis de combattant, le fusil en bandoulière. Un homme s'avance au centre, le regard franc encadré par une épaisse tignasse noire et une moustache non moins fournie.
Sherzad Kemanger, un Kurde iranien de 35 ans, est le chef militaire du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), la guérilla kurde considérée comme la branche iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actif, lui, en Turquie. Le PJAK mène, depuis 2004, une lutte armée contre le régime de Téhéran dans les provinces de l'ouest du pays.
Depuis 2008, les combats mobilisent les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime de Téhéran, le long des frontières avec l'Irak et la Turquie. Les chefs politiques du mouvement kurde iranien sont retranchés en Irak, dans les monts Qandil, une zone contrôlée par le PKK. « Notre mouvement est d'abord un parti politique qui lutte pour les libertés à l'intérieur de l'Iran, pour que toutes les communautés du pays puissent exercer leurs droits », affirme le chef rebelle. Le PJAK revendique des milliers de partisans dans le « Kurdistan oriental », la partie iranienne. Originaire de la ville de Kermanshah, M. Kemanger a rejoint le maquis il y a dix ans, après un séjour en prison. Aujourd'hui, « de nombreux camarades sont détenus à la prison d'Evin à Téhéran », explique-t-il.
Depuis le printemps, une vingtaine de familles sont venues se réfugier à Qandil pour échapper à la répression. L'appartenance au PJAK a valu la peine de mort à quatre activistes, exécutés par pendaison à Evin le 9 mai, après un procès sans jurés ni témoins, ont dénoncé leurs avocats.
Selon la version officielle, ils avaient été pris en 2006, en possession de 5 kg d'explosifs et accusés d'attentats contre des bâtiments administratifs. Parmi eux, Farzad Kamangar, un instituteur, était membre du syndicat des enseignants et militant des droits de l'homme. Pour protester contre ces exécutions, une grève générale a été lancée en mai dans les provinces kurdes, et l'ambassade iranienne à Oslo a été prise d'assaut par des manifestants.
Depuis le fort mouvement de contestation qui a suivi la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009, la pression s'est accrue en Iran sur les Kurdes. « La crise interne et externe continue, souligne le leader de la guérilla. L'Iran est une menace contre la sécurité de toute la région. Nous soutenons les sanctions internationales, mais cela fait des années qu'elles existent et que l'Iran fabrique tout de même ses armes nucléaires », juge-t-il.
Parfaitement mobile, sur un terrain accidenté propice aux embuscades, la guérilla affirme avoir causé de lourdes pertes à l'armée iranienne. Début août, de violents combats ont éclaté dans la région de Mariwan, tuant « 11 terroristes », selon Téhéran. En représailles, l'Iran bombarde régulièrement le repaire de Qandil.
En juin et juillet, les tirs d'artillerie quotidiens ont touché plusieurs villages, habités par des contrebandiers et des paysans. Une adolescente de 15 ans a été tuée. Un berger explique avoir perdu 40 moutons. « On a vu tomber des bombes de plus d'un mètre de long », montre Aram en écartant les bras. Quelques centaines de personnes ont abandonné leurs maisons et se sont réfugiées à l'entrée de la vallée de Qandil, sous des tentes fournies par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. « Nous vivons ici depuis le 28 mai. Au début, nous sommes allés nous réfugier dans des grottes mais même là-bas, nous étions menacés. Les enfants sont traumatisés », poursuit Aram. La grand-mère, le dos courbé par l'âge, apporte dans ses bras un paquet d'éclats d'obus et les dépose devant l'assemblée. « Qui nous dit qu'ils ne nous envoient pas des produits chimiques ? », maugrée la vieille femme.
La chasse au PJAK a poussé les Iraniens à franchir la frontière irakienne, à plusieurs reprises, dans la région d'Hajji Omran, provoquant des tensions avec Bagdad et Erbil. Téhéran a également entamé la construction d'un mur de protection pour empêcher les infiltrations de « terroristes » et de contrebandiers qui font entrer d'importantes quantités de pétrole et whisky à dos de mule.
« Au service des sionistes »
Pour le consul iranien d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, « le PJAK est au service des sionistes ». L'Iran et la Turquie soupçonnent Israël et les Etats-Unis de soutenir et d'armer les rebelles kurdes en sous-main. « En 2007, des agents du Mossad ont été vus à Qandil en train d'entraîner les militants », affirme Sedat Laçiner, directeur d'un institut stratégique (USAK) proche du gouvernement turc.
Wirya, un ex-combattant du PJAK, aujourd'hui réfugié à Paris, le confirme à demi-mots. Classé sur la liste internationale des groupes terroristes, le PJAK réclame l'appui des puissances engagées contre le nucléaire iranien : « C'est mensonger de nous cataloguer comme terroristes, proteste Sherzad Kemanger. Nous combattons l'Iran qui, comme tout le monde le sait, est un Etat terroriste. »
Guillaume Perrier
Le potentiel économique du Kurdistan irakien aiguise l'appétit de la Turquie
12.08.10

Aéroport, BTP, antenne d'université : Ankara pousse sa politique du « bon voisinage » avec Erbil
'est l'une des pistes d'atterrissage les plus longues du monde, avec ses 4,8 km. Deux avions peuvent atterrir en même temps, face à face, sans se rencontrer », montre Cetin Dayioglu, en écrasant la pédale d'accélérateur de son 4 × 4 sur le tarmac lisse comme un billard. Le directeur de la compagnie turque de travaux publics Mak-Yol, responsable de la construction du nouvel aéroport d'Erbil, la capitale du Kurdistan d'Irak, fait visiter son joyau : les installations « les plus modernes du Moyen-Orient », un terminal capable d'accueillir 2,5 millions de passagers par an. « Au mieux, il en accueillera un million, mais ici on aime faire les choses en grand », sourit le patron turc.
Repoussée à plusieurs reprises depuis plus d'un an, l'inauguration de ce nouvel aéroport international, symbole de la nouvelle entente cordiale entre la Turquie et la région kurde d'Irak, devrait avoir lieu en septembre ; en présence du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, espère le gouvernement kurde d'Erbil.
Longtemps entravés par des relations politiques délicates, les échanges commerciaux entre Ankara et Erbil connaissent des taux de croissance record. Près de 60 % des 1 200 sociétés étrangères installées au Kurdistan irakien sont turques.
Signe de cet afflux, la compagnie nationale Turkish Airlines va ouvrir des liaisons quotidiennes avec Istanbul et Ankara. Au poste frontière terrestre de Habur, le nombre de douaniers va être triplé pour accélérer le transit des camions, qui font entrer chaque jour des milliers de tonnes de matériaux de construction et de biens de consommation. « Les compagnies turques ont compris avant les autres que la zone est sûre et pleine d'opportunités : centrales, routes, raffineries, pipelines, tout est à construire, et il y a de l'argent », précise M. Dayioglu, dont l'entreprise vient également d'achever la rénovation de la route d'Erbil à Kirkouk, un noeud pétrolier stratégique.
« Nos hommes d'affaires sont plus intrépides que les vôtres », s'amuse Aydin Selcen, le consul général de Turquie pour la région kurde, fraîchement nommé. « Quand le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est venu à Erbil en octobre 2009, il a déclaré que la frontière entre la Turquie et l'Irak devait être rendue obsolète par l'intégration économique des deux pays », poursuit le diplomate.
En juin, le ministre turc du commerce extérieur, Zafer Caglayan, s'est rendu à Erbil avec 200 hommes d'affaires. L'Irak est déjà le quatrième partenaire commercial, avec 7,5 milliards d'euros, dont 4,5 milliards d'échanges avec la seule région kurde. Trois banques, six compagnies pétrolières s'apprêtent à investir. Une zone franche est en projet, à la frontière. Les entreprises de BTP bâtissent à la chaîne des lotissements, des hôtels, des centres commerciaux remplis de produits turcs, et plus de 80 % des matériaux sont acheminés de Turquie. Sur des kilomètres les camions de ciment attendent aux postes de douane.
Pourtant, la simple existence d'une représentation officielle turque à Erbil aurait paru impossible il y a moins de trois ans. Pour Ankara, la présence de centaines de rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les montagnes du nord de l'Irak et la coopération jugée « insuffisante » d'Erbil faisaient encore obstacle.
Mais la diplomatie de bon voisinage du ministre des affaires étrangères a accéléré le rapprochement. La visite en Turquie du président de la région autonome kurde, Massoud Barzani, en juin, a confirmé le chemin parcouru. « Il y a une coopération sur les dossiers de sécurité avec les Etats-Unis, l'Irak et le gouvernement régional kurde », confirme M. Selcen. L'armée turque bombarde régulièrement les repaires du PKK au-delà de sa frontière. « De plus, nous avons besoin du gaz et du pétrole irakiens pour alimenter le développement rapide de notre pays », poursuit-il. Les Kurdes d'Irak, qui veulent exporter leurs propres ressources vers la Turquie, prévoient de multiplier leur production par dix d'ici cinq ans.
Pour reconquérir cette ancienne province de l'Empire ottoman, les Turcs misent sur leurs hommes d'affaires et investissent dans l'éducation, réactivant de solides réseaux. Dix-neuf écoles et une université ont été ouvertes dans la région par la communauté de Fethullah Gülen, un imam turc à la tête d'un réseau d'écoles dans le monde entier. L'université Bilkent d'Ankara, fondée par Ihsan Dogramaci, un médecin et puissant homme d'affaires turc décédé en février, originaire de la communauté turkmène d'Erbil, va également inaugurer une antenne à la rentrée. Le géant du bâtiment appartenant au même groupe familial, Tepe, reconstruit les universités de Suleymanieh et d'Erbil.
La Turquie voisine « est une porte ouverte sur l'Ouest et la civilisation occidentale », estime Sinan Chalabi, le ministre du commerce et de l'industrie de la région kurde. Nommé à ce poste clé par Massoud Barzani, M. Chalabi est un Turkmène lié à la Turquie et à l'influente famille Dogramaci. « Un Turc pour parler aux Turcs », commente-t-on à Erbil.
Ankara mène « une diplomatie d'influence commerciale envahissante, analyse un expert de la région. Ils sont en train de construire un Irak à leur convenance. » L'appétit turc ne se limite d'ailleurs pas au Nord. « Nous voulons être présents partout, coopérer avec tout le monde », assène le consul turc d'Erbil. A Mossoul, à Bagdad, où les négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement sont attentivement suivies, mais aussi à Bassora, dans le Sud chiite, où elle a ouvert un consulat, la Turquie s'est lancée à la conquête de nouveaux marchés.
Guillaume Perrier
Reportage
Le Kurdistan irakien peine à tirer profit de son "océan de pétrole"
16.08.10
Son nom évoque une rafale de Kalachnikov, mais c'est du "champagne" qui est extrait du champ pétrolier de Taq-Taq. "On sort du brut à l'état pur, quasiment sans gaz et sans eau, d'une très haute qualité. C'est le meilleur pétrole du monde",revendique le directeur de la production du site, Can Savun, employé par la compagnie turque Genel Enerji.
Situé à une heure d'Erbil, dans une région aride et montagneuse, le champ de Taq-Taq est l'un des deux sites de production de pétrole en activité dans la province autonome kurde d'Irak. "Ces puits ont été forés sous Saddam Hussein, dans les années 1970", montre M. Savun. La production - elle s'élève à 60 000 barils par jour - reste modeste selon la compagnie qui attend "depuis cinq ans" de pouvoir augmenter le volume. Un troisième puits va entrer en service ; sept autres sont prévus, sur la zone où opèrent conjointement Genel Enerji et Addax Petroleum, rachetée récemment par les Chinois de Sinopec.
Le ministre des ressources naturelles du gouvernement autonome kurde (GRK), Ashti Hawrami, parle d'un "océan de pétrole" pour évoquer le sous-sol de sa région. De 100 000 barils par jour, elle pourrait en produire dix fois plus d'ici cinq ans. La région kurde s'est jusqu'à présent heurtée à l'opposition du gouvernement central irakien de Bagdad, qui conteste le droit d'Erbil de signer ses propres contrats et d'exporter directement son pétrole sans en reverser les dividendes. Depuis plusieurs années, ce bras de fer retarde le boom pétrolier dans le nord de l'Irak qui abrite, selon les estimations, plus de 40 milliards de barils de réserves, environ 20 % des réserves irakiennes.
En 2009, le pétrole de Taq-Taq tout comme celui de Tawke, exploité par les Norvégiens de DNO, commençait à être exporté vers la Turquie mais Bagdad avait fait suspendre les exportations, en l'absence d'un mécanisme de paiement fiable. En mai 2010, un accord semblait proche pour reprendre ces exportations. Dans l'attente de la nomination du nouveau gouvernement irakien, le problème reste en suspens. "Ce sera la première question à régler par le nouveau pouvoir central", estime un expert en politique locale, pour qui "les Kurdes seront prêts à un accord avec Bagdad pour exporter leur pétrole".
L'administration kurde se contenterait des 17 % des revenus pétroliers irakiens qui lui reviennent de droit. L'autre obstacle à éliminer sera la fragilité des routes énergétiques. L'oléoduc Kirkouk- Ceyhan est régulièrement saboté et le transport interrompu. Un nouveau pipeline vers la Turquie, relié à Taq-Taq et à Tawke, a été annoncé pour 2014.
Mais les grandes compagnies pétrolières sont encore dans l'attente d'un règlement politique. Pour l'heure, investir au Kurdistan pourrait leur fermer la porte de la région de Bassora, au sud, où se trouvent les plus grandes réserves de brut du pays. Le ministre irakien du pétrole, Ali Al-Sharistani, a menacé plusieurs fois de "blacklister" les compagnies qui signeraient des accords directement avec le GRK. Le chinois Sinopec a été averti après avoir racheté Addax, présent à Taq-Taq. A l'heure actuelle, vingt-huit groupes se sont partagé le territoire kurde, parmi lesquels le français Parenco.
OPACITÉ
Le litige refait surface depuis que Bagdad accuse les autorités régionales kurdes d'exportation illégale vers l'Iran, pourtant placé sous embargo. Des files de camions-citernes franchiraient la frontière. Du pétrole issu de la production locale, traité dans des raffineries clandestines comme il en existe plusieurs dizaines au Kurdistan, serait ensuite exporté au noir. A Erbil, le ministre du commerce, Sinan Chelebi, assure que tout se fait "dans le respect des directives des Nations unies". Pourtant près du site de remplissage du champ de Taq-Taq, des dizaines de camions attendent leur tour. Certains chauffeurs avouent sans peine faire des allers-retours réguliers avec l'Iran. "Les transporteurs sont directement mandatés par le ministre, M. Hawrami", explique Can Savun qui affirme ne pas savoir où vont les chargements.
Dans son bureau du Parlement d'Erbil, la députée Nask Abdul Karim, responsable de la commission sur l'énergie, n'en sait rien non plus. Cette élue de l'opposition islamiste, partisane de la lutte anticorruption, dénonce la contrebande avec l'Iran et, de manière générale, l'opacité totale du commerce pétrolier. "On ne sait pas où vont les revenus du pétrole, ce qu'il y a dans les contrats, personne ne le sait, pas même le premier ministre. Nous avons posé la question au Parlement en février et nous n'avons toujours pas reçu de réponse", clame-t-elle. Combien est exporté et déclaré à Bagdad ? M. Hawrami refuse d'y répondre.
Bagdad juge également certains contrats passés avec le norvégien DNO enveloppés d'un parfum de scandale. L'ex-ambassadeur américain et conseiller à la défense sous l'administration Bush, Peter Galbraith, a notamment reçu 5 % des parts du champ pétrolier de Tawke, au Kurdistan, pour avoir favorisé la signature d'un accord entre les Kurdes et DNO. Enfin le sulfureux Zalmay Khalilzad, ancien ambassadeur américain en Irak et en Afghanistan reconverti dans les affaires, vient d'être nommé membre du conseil d'administration de DNO.
La Turquie déstabilisée par les affrontements avec la rébellion kurde
02.08.10
AFP/DAVID FURST
Des membres du PKK dans une zone frontalière entre l'Irak et l'Iran, en 2006. Considéré comme une organisation terroriste par Ankara, le PKK lutte depuis 1984 pour la défense des droits des 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie.
Diyarbakir (Turquie) Envoyé spécial
Un matin, deux agents de la police antiterroriste ont frappé à la porte de la famille Dagan, dans une banlieue populaire de Diyarbakir, la ville kurde de l'Est. "J'ai tout de suite pressenti quelque chose de grave", raconte Ahmet, le père, en prenant le frais au pied de l'immeuble.
Comme tant d'enfants de la région, le fils aîné, Ozgür, s'était engagé dans la guérilla du PKK, en 2004, sitôt obtenu son diplôme d'ingénieur à l'université. Tué dans des combats avec l'armée turque, près de la mer Noire, son nom s'est ajouté à la longue liste des victimes de la guerre qui, depuis 1984, a fait plus de 40 000 morts.
Depuis la rupture du cessez-le-feu par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le 31 mai, les violences se multiplient en Turquie. Les attaques de la guérilla kurde frappent quasi quotidiennement casernes et convois militaires turcs et les troupes conduisent des opérations dans tout le sud-est de la Turquie.
Le corps d'Ozgür attendait à la morgue de Trabzon, à plusieurs centaines de kilomètres. "Vous venez prendre le corps de ce terroriste ?, nous a demandé le policier en désignant un sac noir posé par terre", raconte le père, larmes aux yeux. Sur les premières photos que lui montre le procureur, le corps ne compte que deux impacts de balles à la tête. Celui qui lui est rendu est méconnaissable, la tête déchiquetée, la cage thoracique béante, la chair brûlée à l'acide. "L'odeur était insoutenable. Je ne sais pas comment j'ai pu rester debout. Ils nous ont dit de partir vite, sinon la population allait nous lyncher."
LUTTE SANS MERCI
Pour la famille, le corps a été mutilé post mortem, une pratique courante, selon les militants des droits de l'homme de Diyarbakir. "Des soldats expliquent comment ils arrachent les yeux, coupent le nez ou les oreilles des guérilleros et s'en font des trophées. Au procès du colonel Temizöz, un ex-chef de la gendarmerie de Diyarbakir, les témoins ont raconté des choses inimaginables", raconte l'avocat Selahettin Coban. Un médecin militaire a aussi décrit les viols sur les cadavres des femmes de la guérilla. Des actes qui s'expliquent, selon l'avocat, par le nationalisme et l'impunité dont jouissent les soldats turcs.
En réaction, les manifestations de soutien au PKK se sont durcies. A Diyarbakir, plusieurs milliers de personnes ont défilé en fin de semaine dernière pour crier vengeance en brandissant des photos de corps mutilés, et scandé des slogans en faveur de la guérilla et d'Abdullah Ocalan, le leader emprisonné depuis 1999. La sono du bus du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), la vitrine légale du PKK, diffusait des chants guerriers et des jeunes cagoulés, armés de pierres et de cocktails Molotov, ont provoqué des affrontements et tenté de passer à tabac des policiers en civil.
Ces tensions ont gagné des grandes villes hors de la région à majorité kurde. A Dörtyol et à Inegöl, des groupes turcs ultranationalistes ont lancé des expéditions punitives, attaqué un commissariat, brûlé des voitures et détruit des commerces kurdes. "Ils voulaient lyncher tous les Kurdes, constate l'avocat Sezgin Tanrikulu, figure intellectuelle kurde indépendante. Ce serait bien que la police montre la même tolérance à Diyarbakir. La césure idéologique entre Turcs et Kurdes va devenir une séparation géographique. Tous les Kurdes qui vivent à l'ouest vont se sentir en danger, chaque incident peut dégénérer en affrontement ethnique."
En campagne pour le référendum du 12 septembre, où les Turcs se prononceront sur la réforme de la Constitution proposée par son gouvernement, le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a promis une lutte sans merci contre le PKK, adoptant le discours musclé de son électorat le plus nationaliste.
Face aux accusations de mauvais traitements lancées contre l'armée, il a répliqué que "personne ne serait autorisé à se faire l'avocat des terroristes". "Le gouvernement ne propose aucune solution et a montré son ignorance de la question kurde, constate M. Tanrikulu. Les jeunes, qui ont grandi avec toutes ces injustices, sont de plus en plus radicaux." Le discours politique se fait aussi plus revendicatif. Le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir, a enfreint un tabou, dimanche 1er août, en évoquant son espoir qu'un "parlement régional du Kurdistan" soit créé et qu'un drapeau kurde flotte à côté du drapeau turc.
La prison de Diyarbakir reste un vivier pour la guérilla
02.08.10 |
"Qu'a fait mon fils pour se retrouver là ?", gémit Hazime. Cette mère, coiffée du voile de coton blanc traditionnel kurde, est assise sur un banc devant la porte de la prison de haute sécurité de Diyarbakir, réservée aux prisonniers politiques. Kadri militait à l'université et recrutait des jeunes pour les orienter vers la guérilla du PKK. "Un jeune de 15 ans l'a dénoncé l'an dernier, ajoute son ami Lütfü, venu lui apporter sa guitare et des livres. Il n'a pas encore été jugé, mais il sera condamné à six ans, la peine pour appartenance à une organisation terroriste. Heureusement, grâce à la culture du parti et au soutien des amis, son moral est bon."
Sous un toit en tôle qui les protège à peine du soleil de plomb, des dizaines de visiteurs attendent, pour aller voir un père, un fils, une soeur détenus au milieu d'une étendue désertique, à la périphérie de la ville. Le temps de parloir est de quarante minutes. Pas une de plus.
A l'intérieur, les cellules sont pleines à craquer. Il y a deux fois plus de détenus que ne peut en héberger la prison. Depuis décembre, des vagues d'arrestations de militants kurdes, soupçonnés d'appartenir à l'Union des communautés kurdes (KCK), une branche du PKK active dans les villes de Turquie, ont envoyé plus de 1 500 personnes derrière les barreaux. "Mon frère, âgé de 45 ans, est là depuis sept mois, témoigne Ahmet. La police a dit qu'elle l'avait vu entrer dans l'immeuble où se trouve un syndicat. La plupart des gens sont en prison sans véritable raison." "Ils enferment tous ceux qui ont des idées", s'emporte Kibar, dont le discours formaté trahit son appartenance au parti. Son père, arrêté en décembre, a déjà passé dix ans derrière les barreaux pour appartenance au PKK.
"Mon frère a été condamné à dix-neuf ans ferme pour avoir brûlé une moto de police. Il était marié depuis cinq mois", soupire Nazime. "Ici, les enfants apprennent des choses qu'ils ne connaissaient pas, c'est une école de la guérilla", fait remarquer cette jeune femme maigre et nerveuse. A l'intérieur, le PKK organise la résistance, assure l'éducation des jeunes illettrés et la propagande politique. Les ouvrages et les discours d'Ocalan circulent sans mal entre les cellules. La fille d'un maire d'une petite ville de la région, emprisonnée, n'avait pourtant guère le profil d'une "terroriste", selon sa meilleure amie. "Je sais qu'elle sortira de là plus militante et plus engagée dans l'organisation", admet sa mère.

Δευτέρα 10 Ιανουαρίου 2011

Au Kurdistan irakien, la ville d'Erbil s'éveille
29.07.10 |
L'Irak évoque rarement l'image de jardins de roses. Pourtant, c'est par milliers qu'elles fleurissent, roses et rouges, dans les parcs d'Erbil, ville du nord-est du Kurdistan. Cette région – baptisée “l'autre Irak” – se prépare aujourd'hui à accueillir une vague de visiteurs et d'hommes d'affaires.
Dans le centre-ville, le parc du Minaret, qui abrite le minaret du roi Moudhaffar datant du XIIe siècle, est parsemé de roses et de fontaines. Des milliers de locaux se promènent, bavardent sur les bancs du parc ou fument le narghilé. Une galerie d'art, la première du pays, expose des tableaux sur le thème des violences faites aux femmes. Elle a attiré plus d'un millier de visiteurs en un jour. La galerie aurait vendu des centaines de tableaux à des acheteurs occidentaux depuis son ouverture en 2009.
Avec ses innombrables parcs bordés de fontaines, la ville d'Erbil est la quatrième d'Irak. De vastes routes périphériques permettent d'accéder rapidement à certains des plus grands projets d'infrastructure du pays, notamment un aéroport international capable d'accueillir des avions gros porteurs comme les Boeing 777 et Airbus A380. Attirées par la relative stabilité d'Erbil, les compagnies occidentales commencent à investir dans des centres commerciaux, des hôtels et des quartiers d'affaires.
J'entre en territoire irakien par la terre et sans agence de voyage, après avoir obtenu un visa gratuit à la frontière. À Silopi, ville kurde du sud-est de la Turquie, mon amie et moi prenons un taxi et passons les douanes turques et irakiennes en moins d'une heure. Notre taxi roule à 120 km/h sur des routes flambant neuves, tandis que défilent les sommets enneigés des montagnes du Nord et la plaine désertique et agricole du Sud. Quatre heures plus tard, nous passons devant des panneaux tout neufs nous signalant notre arrivée à Erbil. Le père de Bilunt, notre chauffeur, nous accueille.
Sa femme nous sert immédiatement à manger, notamment des baklavas de la boutique Ashtar Sweets, la pâtisserie la plus célèbre d'Irak et anciennement l'adresse préférée de Saddam Hussein. Fondée à Bagdad en 1980, la boutique avait fermé en 2003 et n'a rouvert ses portes que récemment à Erbil. Bilunt décide de me faire visiter la ville de 1,2 million d'habitants.
Nous nous rendons à la citadelle d'Hawler, construite il y a près de 8 000 ans d'après les estimations de l'Unesco. Une route raide et étroite nous conduit à un dédale de rues et de maisons traditionnelles en briques dispersées sur près de dix hectares. Ces maisons sont construites au-dessus d'un tell (un monticule artificiel constitué par l'accumulation de vestiges), héritage des cultures sumérienne, babylonienne, assyrienne, grecque et musulmane.
Un vaste projet de plusieurs millions de dollars est en cours, soutenu par l'Unesco, pour favoriser l'implantation d'hôtels, de restaurants, de musées et de galeries à l'intérieur de la cité haute. La citadelle a été classée parmi les cent sites culturels les plus menacés par le Fonds mondial pour les monuments (WMF). D'après des estimations, le secteur touristique au Kurdistan devrait atteindre une croissance annuelle de 22%, soit la plus forte de toute la région. “Notre objectif, me confie le frère de Bilunt, ingénieur, est de devenir le nouveau Dubaï.”
Les Américains préparent leur retrait d'un Irak incertain
20.07.10
Qu'il y ait ou non un gouvernement à Bagdad d'ici là, le vice-président américain, Joseph Biden, n'a "aucun doute" : dans les six semaines, le corps expéditionnaire stationné en Irak depuis l'invasion d'avril 2003, et qui compta jusqu'à 165 000 soldats en 2007, ne comprendra plus que 50 000 hommes. M. Biden, qui répondait, dimanche 18 juillet, aux questions de la chaîne ABC, s'est dit convaincu que ce nouveau retrait de troupes - elles sont encore 70 000 aujourd'hui -, conforme aux accords conclus fin 2008 avec le gouvernement de Nouri Al-Maliki, "n'affectera nullement la stabilité physique de l'Irak".
Les intéressés, à commencer par les miliciens arabes sunnites qui avaient accepté, à partir de fin 2006, d'abandonner leurs alliances avec les groupes de guérilla anti-américains pour lutter, avec les GI, contre les djihadistes d'Al-Qaida et affiliés, ne sont sûrement pas tous d'accord avec cette vision relativement optimiste des choses. Au moins 48 de leurs hommes, enrôlés dans des "comités du réveil", ont été tués dimanche, et 47 autres blessés, alors qu'ils patientaient devant des casernes pour toucher leur paye. Deux kamikazes envoyés par la filiale locale d'Al-Qaida, qui s'est toujours jurée de "punir les traîtres" qui l'avaient lâchée, se sont faits exploser au milieu des files d'attente.
Plusieurs centaines de ces miliciens ont été assassinés depuis début 2009 quand les Américains ont "transféré" la responsabilité, et les soldes, de leurs supplétifs sunnites au gouvernement local, dominé par la majorité chiite, de M. Maliki. Ils étaient alors autour de 100 000. Ils seraient encore près de 70 000 à assurer cahin-caha, dans les villes et les campagnes du pays, une certaine présence sécuritaire et des barrages sur les routes. Beaucoup, selon le gouvernement, ne "travailleraient" plus qu'épisodiquement, essentiellement dans leurs propres régions et quartiers urbains.
Selon leurs chefs, souvent d'origine tribale, le gouvernement n'aurait pas tenu sa promesse, faite aux Américains, d'embaucher 20 000 de ces miliciens dans les forces régulières de sécurité. Dans les zones sunnites comme la province d'Al-Anbar où se situent les villes de Fallouja et Ramadi, et où des attentats aveugles et des assassinats ciblés se multiplient à nouveau, la colère gronde d'autant plus qu'au niveau national, les Arabes sunnites (20 % de la population) qui ont très largement voté pour la liste laïque d'Iyad Allaoui, se sentent politiquement floués.
La liste Iraqiyah ("irakienne") de M. Allaoui est arrivée en tête des élections du 7 mars mais semble n'avoir aucune chance de pouvoir former le prochain gouvernement depuis que les deux grandes listes chiites, dont celle de M. Maliki, se sont alliées au début de l'été pour continuer de gouverner le pays.
L'Irak est cependant entré lundi dans son cinquième mois sans gouvernement puisque les deux listes alliées ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur le partage des maroquins, à commencer par le poste de premier ministre que M. Maliki veut conserver et que d'autres personnalités chiites convoitent. Le Parlement a repoussé, dimanche 18 juillet, la date à laquelle un gouvernement devra lui être présenté. Beaucoup d'observateurs irakiens estiment que l'impasse pourrait se prolonger au-delà de la date du retrait partiel américain le 31 août.
"Des experts d'Iran"
Mais au moment où Washington allège un peu plus son dispositif militaire en Irak, d'autres problèmes, liés à l'Iran, se profilent à l'horizon. Chaque jour, plus de 150 camions-citernes remplis à ras bord de brut, mais aussi de produits raffinés, font la navette entre le Kurdistan irakien et l'Iran.
Nul ne sait très bien d'où viennent ces produits, les autorités autonomes kurdes affirmant qu'il s'agit de surplus produits par leurs propres raffineries - "Mais alors pourquoi ne pas les vendre en Irak même où ils manquent ?", s'interrogent les fonctionnaires du pétrole à Bagdad. Le pouvoir fédéral de M. Maliki soupçonne au contraire que les Kurdes, qui ont droit à 17 % de la production nationale à bas prix, en revendent une partie avec profit aux voisins iraniens.
Dans un cas comme dans l'autre, l'affaire est extrêmement embarrassante, et pour les Américains - dont les Kurdes sont les plus proches alliés en Irak - et pour Bagdad qui est contraint d'importer de Turquie et du Koweït, notamment, les produits raffinés qui lui manquent. Elle est d'autant plus gênante pour Washington que son commandant en chef local, le général Ray Odierno, s'alarmait le 10 juillet des "menaces de plus en plus précises" que feraient peser des groupes chiites irakiens "entraînés par Téhéran" sur la sécurité de ses bases et de ses retraits à venir. "Au cours du mois dernier, a affirmé le général, des experts ont été envoyés d'Iran pour les aider à nous attaquer."

Peter Galbraith, diplomate itinérant, a reçu des participations pétrolières pour avoir bien conseillé les Kurdes lors des négociations constitutionnelles avec les autres communautés irakiennes. Zalmaï Khalilzad, ancien ambassadeur à Bagdad, vient d'entrer au conseil d'administration de la compagnie norvégienne DNO, qui exploite du pétrole kurde. Le général Jay Garner, premier administrateur américain d'Irak en 2003, est consultant dans une autre compagnie en activité au Kurdistan. John Agresto, haut fonctionnaire qui s'occupait en 2003 des universités d'Irak, joue désormais, pour son propre compte, le même rôle au Kurdistan.