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Τετάρτη 12 Ιανουαρίου 2011

Le G20, ou les incertitudes de la régulation
La plus grande escroquerie de l’Histoire ?
29.10.10
Imaginez la scène. Sans emploi depuis des mois, vous devez rendre les clés de votre maison à la banque. Pas un, mais trois représentants de banques différentes cognent à votre porte. Chacun d'eux tient dans la main un certificat de propriété pour votre maison. Après vérification, les trois papiers sont... des faux ! Et personne ne sait qui possède votre maison.
On pensait avoir tout vu des banquiers de Wall Street. Mais le Foreclosure Gate ("scandale des saisies") pourrait battre tous les records de fraude financière... et nous replonger tous au cœur d'une nouvelle crise.
Aux États-Unis, de 2004 à 2007, les grandes banques ont consenti sans retenue des millions de prêts hypothécaires. Même une femme de ménage gagnant 10 dollars l'heure pouvait s'offrir à crédit une baraque de 500 000 dollars (361 000 euros). Les banques ont fait fortune en regroupant les hypothèques et en les revendant sous forme de produit financier à des investisseurs, comme des régimes de retraite.
Or quand vous échangez des milliers d'hypothèques par jour, il devient long et coûteux d'aller voir le notaire à chaque fois. Les banques ont donc créé leur propre système informatisé (appelé MERS) pour enregistrer les transactions de ventes et d'achats.
Aujourd'hui, des millions d'Américains perdent leur emploi et doivent redonner les clés de leur maison aux banques. Seul problème : les enregistrements MERS contiennent peu de détails et ne valent rien aux yeux de plusieurs juges qui autorisent le processus de saisie d'une hypothèque. Pour récupérer les maisons, les banques doivent présenter un acte notarié. Incapables de retrouver les documents originaux - détruits ou perdus -, ni de reconstituer la chaîne de transmission de la propriété des hypothèques, plusieurs banques auraient décidé de fabriquer de faux papiers et les ont fait autoriser par des avocats sans scrupule (l'un d'eux affirme même en avoir autorisé 10 000 en un mois). Résultat : fouillis total à la grandeur du pays. Plusieurs banques se trouvent à réclamer la même maison, et des propriétaires se font évincer alors qu'ils ne devraient pas l'être.
Scandaleux ? Attendez, le pire arrive. Selon un nombre croissant d'analystes, si les banques ont créé le système MERS (qui, rappelons-le, produit des documents peu détaillés sur l'hypothèque et l'emprunteur), ce n'était pas pour économiser quelques sous. C'était pour revendre en douce à des investisseurs des tonnes d'hypothèques frauduleuses (qui contenaient de fausses informations sur l'emprunteur, ou qui ne respectaient pas certaines conditions de base). Sans documentation suffisante, les acheteurs de ces produits ne pouvaient en vérifier correctement la qualité. On parle ici d'une fraude majeure, à l'échelle du pays.
Si les faits - qui s'accumulent chaque jour - viennent confirmer cette théorie, les grandes banques feront face à une montagne de poursuites judiciaires. Elles perdront aussi leurs droits sur des milliers de maisons. Janet Tavakoli, experte de la finance aux États-Unis, parle d'une facture possible de plus de 700 milliards de dollars (505 milliards d'euros) pour les banques. En d'autres mots : la faillite pour plusieurs d'entre elles.
Les contribuables américains n'accepteront jamais de payer encore une fois pour les banquiers. Surtout pas dans ce contexte. (Les politiciens, qui reçoivent des millions en contributions politiques de Wall Street, c'est une autre histoire...) Une telle incompétence, couplée à une intention criminelle, ne mérite qu'une chose : qu'on laisse ces banques faire faillite - de façon ordonnée - pour de bon. C'est d'ailleurs ce qu'on aurait dû faire il y a deux ans.
David Descôteaux, associé à la chaire d'études politiques et économiques américaines de l'université de Montréal
Article paru dans l'édition du 30.10.10

Τρίτη 11 Ιανουαρίου 2011

Το κυνήγι της Goldman Sachs, επιτυχία στα βιβλιοπωλεία της Κίνας.
 01 Septembre 2010
Για τον κινέζο οικονομικό δημοσιογράφο Li Delin, δεν υπάρχει καμία αμφιβολία: το επόμενο θύμα της ισχύος της Goldman Sachs θα είναι η Κίνα. Είναι άραγε αυτή η απειλή που εξηγεί την επιτυχία του τελευταίου βιβλίου του, «Η Συνωμοσία της Goldman Sachs»;  Δύο μήνες μετά την έκδοση του, τον Ιούνιο, το έργο (στα μανταρινιά) είναι ήδη ένα μπεστ σέλερ, με περισσότερα από 100.000 αντίτυπα, σύμφωνα με τον εκδότη. Ο συντάκτης, που είχε εκδώσει επίσης το βιβλίο «Πώς η Goldman Sachs κατακτά τον κόσμο», δεν παίρνει τσιμπιδάκια για να επιτεθεί στο γίγαντα της Wall Street. Μετά τη προτροπή της Ελλάδας να αποκρύψει το χρέος της και το μείζων ρόλο που έπαιξε για τη καταστροφή του Ντουμπάι, «αυτή η αυτοκρατορία που δεν έδειξε σκιά οίκτου για τα θύματα της, συνεχίζει άγρια την πορεία της προς το τέλειο έγκλημα», γραφεί ο Li Delin, και προειδοποιεί: «Δεν είναι παρά η αρχή, ο τελευταίος στόχος της»: η Κίνα.
Το φάσμα μιας οικονομικής επιβράδυνσης έχει επιταχύνει την εμφάνιση βιβλίων μέσα στη χώρα, που υπόσχονται να αποκαλύψουν τα ντεσού του αμερικάνικου ηγεμονισμού. Στα βιβλιοπωλεία της Σαγκάη, το νέο βιβλίο του Li Delin δεσπόζει στις βιτρίνες δίπλα στο «Ποιος ελέγχει πραγματικά τον πλανήτη;» και «Το ίδρυμα Goldman Sachs».
Με τη «Συνωμοσία της Goldman Sachs», ο Li προσφέρει επιχειρήματα στους κινεζικούς εθνικιστές, που τα βιβλία προτίμησης τους ήταν μέχρι τώρα περισσότερο στραμμένα προς τη πολιτική πτυχή των κινο-αμερικάνικων σχέσεων. «Η Κίνα μπορεί να πει όχι» εκθείασε τη διπλωματική αδιαλλαξία έναντι της Ουάσιγκτον και ακολουθήθηκε από ένα βίαιο «Δύστυχη Κίνα» το 2009.
Όσο η κινεζική οικονομία επιταχύνει την άνοδό της -περάσε φέτος στη δεύτερη σειρά των οικονομιών του πλανήτη-, τα εμβλήματα της αμερικάνικης κεφαλαιοκρατίας γίνονται νέοι στόχοι. Η Goldman Sachs ήταν το αντικείμενο κριτικών στο τοπικό τύπο τον Ιούνιο, μεταξύ άλλων στην «εφημερίδα της νεολαίας της Κίνας» σε ένα άρθρο που κατηγορεί το οικονομικό ίδρυμα «να πίνει το χρυσό και να ρουφάει το χρήμα» της χώρας.
«Η Φίρμα» δεν συγκινείται.
Το 2008 η τράπεζα είχε ήδη προκαλέσει τη δυσαρέσκεια 68 δημόσιων επιχειρήσεων όπως η αεροπορική εταιρεία China Eastern, ένα επεισόδιο στο οποίο επιστρέφει η «Συνωμοσία της Goldman Sachs». Είχαν χαθεί 11,4 δισεκατομμύρια γιέν (1,3 δισεκατομμύριο Ευρώ) σε στοιχήματα για την αύξηση της τιμής του πετρελαίου, βάσει των συστάσεων της τράπεζας, ενώ η τιμή του βαρελιού θα κατέρρεε στα 30 δολάρια μετά βίας στο τέλος του ίδιου έτους.
Η Goldman Sachs δεν συγκινείται δημόσια από αυτή την εκστρατεία και εξακολουθεί να κάνει άριστες μπίζνες στη Κίνα. Ήταν εξάλλου ένας των κύριων συντονιστών της εισαγωγής ρεκόρ στο χρηματιστήριο της  Αγροτικής Τράπεζας της Κίνας, στις 15 και 16 Ιουλίου.

Harold Thibault, ανταποκριτής της Le Monde στη Σαγκάη.

Μεταφράστηκε από τα γαλλικά από τον Christian για το Ινφογνώμων Πολιτικά.

La chasse à Goldman Sachs, succès de librairie en Chine

Article publié le 01 Septembre 2010
Par Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)
Source : LE MONDE
Taille de l'article : 418 mots
Pour le journaliste économique chinois Li Delin, cela ne fait aucun doute : la prochaine victime de la puissance de Goldman Sachs sera la Chine. Est-ce cette menace qui explique le succès de son dernier livre, La Conspiration Goldman Sachs ? Deux mois après sa sortie, en juin, l'ouvrage (en mandarin) est déjà un best-seller, avec plus de 100 000 exemplaires écoulés selon l'éditeur.
L'auteur, qui avait déjà publié Comment Goldman Sachs conquiert le monde, ne prend pas de pincettes pour s'attaquer au géant de Wall Street. Après avoir incité la Grèce à dissimuler sa dette et joué un rôle majeur dans la débâcle de Dubaï, "cet empire de l'ombre ne connaissant pas la pitié poursuit sauvagement le braquage parfait", écrit Li Delin, qui prévient : "Ce n'est que le début, sa cible ultime : la Chine."
Le spectre d'un ralentissement économique a précipité l'apparition, dans le pays, de livres promettant de révéler les dessous de l'hégémonisme américain. Dans les librairies de Shanghaï, le nouvel ouvrage de Li Delin trône sur les présentoirs aux côtés de Qui contrôle réellement la planète et de Partenariat. La fondation de Goldman Sachs.
Avec La Conspiration Goldman Sachs, M. Li offre des arguments aux nationalistes chinois, dont les livres favoris traitaient jusqu'à présent plus du volet politique des relations sino-américaines. La Chine peut dire non prônait l'intransigeance diplomatique face à Washington et fut suivi d'un virulent Unhappy China, paru en 2009.
A mesure que l'économie chinoise accélère son ascension - elle est passée, cette année, au rang de deuxième puissance de la planète -, les emblèmes du capitalisme américain deviennent de nouvelles cibles. Goldman Sachs a fait l'objet de critiques dans la presse locale en juin, notamment dans un article du Quotidien de la jeunesse de Chine accusant l'établissement financier de "laper l'or et d'aspirer l'argent" du pays.
"LA FIRME" NE S'ÉMEUT PAS
En 2008, la banque avait déjà suscité le mécontentement de 68 entreprises publiques, telles que la compagnie aérienne China Eastern, un épisode sur lequel revient La Conspiration Goldman Sachs. Elles avaient perdu 11,4 milliards de yuans (1,3 milliard d'euros) après avoir parié sur une hausse des prix du pétrole, sur les conseils de la banque, alors que le cours du baril allait s'effondrer à peine au-dessus de 30 dollars à la fin de la même année.
Goldman Sachs ne s'émeut pas publiquement de cette campagne et continue de faire d'excellentes affaires en Chine. Elle a d'ailleurs été l'un des principaux coordinateurs de l'introduction record en Bourse d'Agricultural Bank of China, les 15 et 16 juillet.
La BCE face au grand écart de croissance en zone euro
30.08.10
Une zone euro à deux vitesses, et une Banque centrale (BCE) plus tiraillée que jamais : ainsi se présente le front économique après six mois de crise de la dette souveraine au sein de l'Union monétaire.
Les Européens espèrent avoir traversé le pire, après avoir volé, en mai, au secours de la Grèce, et mis en place un mécanisme inédit de renflouement des Etats menacés de faillite. Mais la vigilance demeure de mise, en dépit d'une relative accalmie cet été.
Aux avant-postes, la BCE effectue sa rentrée jeudi 2 septembre dans un contexte redoutable : elle va devoir composer avec des écarts significatifs de croissance entre les pays membres de l'Union monétaire.
La vitesse du redémarrage de l'économie allemande (+2,2 % au deuxième trimestre) a laissé sur place tous ses partenaires. Le deuxième dans la course à la croissance, les Pays-Bas, a affiché +0,9 % ; les trois autres poids lourds de la zone, France, Italie et Espagne, enregistraient respectivement +0,6 %, +0,4 % et +0,2 %.
"Tous les choix de politique monétaire vont être plus difficiles", estime Jean Pisani-Ferry, le directeur du centre de réflexions économiques Bruegel, à Bruxelles : "Le conseil des gouverneurs va être plus divisé, la prise de décision sera plus compliquée, au risque de rendre la BCE moins réactive."
Les écarts de croissance n'ont, certes, rien de nouveau pour la BCE. Mais la crise a inversé les rapports de force. Pendant les dix premières années de l'euro, ce sont les pays de la périphérie, Espagne et Irlande en tête, qui ont surclassé les pays plus centraux, comme l'Allemagne et la France.
AJUSTEMENT DOULOUREUX
Depuis la récente tempête, les économies autrefois les plus dynamiques font face à un ajustement douloureux. "Le choc qui affecte la périphérie – crise de la dette et/ou éclatement de la bulle immobilière– nécessite une politique monétaire accommodante", analyse Jacques Cailloux, économiste à Barclays capital. "Or, ajoute-t-il, si la reprise se poursuit en Allemagne, et dans les pays du centre, la BCE sera censée intervenir pour tenir l'inflation sous contrôle, alors même que les mesures prises pour gagner de la compétitivité dans la périphérie, comme les baisses de salaires, vont étouffer l'inflation dans la partie la plus fragile de l'Union monétaire."
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a souvent répété que la diversité conjoncturelle n'était pas un obstacle, prenant exemple sur ce qui se passe aux Etats-Unis, et les écarts qui peuvent exister entre les Etats fédérés. Mais les économistes ne sont guère convaincus.
Ils notent que la mobilité du travail est grande outre-Atlantique, faible en Europe. Et ils observent que compte tenu du poids économique de l'Allemagne (27 % du produit intérieur brut de la zone euro), c'est largement en fonction de la conjoncture dans ce pays que la BCE définit sa politique monétaire. Ce qui signifie que si l'Allemagne continue sur sa lancée, l'institut d'émission pourrait être obligé de relever ses taux alors même qu'un pays de la zone euro serait sous la menace d'une récession.
Ce serait un coup fatal pour les "lâchés" – Grèce ou Espagne – mais aussi très dur pour les pays du "peloton" comme la France. "Une hausse des taux d'intérêt aurait un double impact sur les pays en plein ajustement: renchérir le coût de leur endettement, et fragiliser leur reprise", craint M. Cailloux.
BESOINS INVERSES
Dans ce contexte, les gouvernements suivront de près la moindre initiative de la BCE. En France, où les dirigeants redoutent de longue date d'être surclassés par les performances de la machine à exporter allemande, l'inquiétude est discrète, mais réelle.
"Il est clair que si les divergences se creusent entre la France et l'Allemagne, les deux pays vont avoir des besoins symétriquement inverses sur le plan monétaire : l'Allemagne jouera la carte de la maîtrise des coûts, et de la lutte contre l'inflation, la France surendettée misera sur la relance par les salaires et aura intérêt à voir sa dette grignotée naturellement par un minimum d'inflation", analysait un haut fonctionnaire français au plus fort de la crise financière.
La question est de savoir si les divergences vont persister, en particulier entre Berlin et Paris. Pour de nombreux économistes, une grande partie de la croissance allemande dépend des exportations, et pourrait s'atténuer en cas de ralentissement aux Etats-Unis et dans les pays émergents.
Pour Jean Pisani-Ferry, "tout dépendra, au-delà des écarts de croissance, des divergences sur le front de l'inflation". La hausse des prix reste modeste en Allemagne comme dans l'ensemble de la zone euro. Cette stabilité incite les banquiers centraux à laisser leurs taux inchangés, à 1 % depuis mai 2009 ; un statu quo qui arrange tous les gouvernements.
Le test valait bien le stress
02.08.10
Les dernières années nous ont rappelé quel est le coût économique d'une crise spasmodique du système bancaire, et combien grande est, en ce cas, l'urgence d'une intervention massive et résolue. Depuis plus d'un an, notamment depuis la publication par le Fonds monétaire international (FMI) d'évaluations alarmantes, la question se posait de savoir si, comme le Japon il y a dix ans, l'Europe était exposée au risque presque aussi sérieux d'une crise latente, génératrice d'asphyxie économique.
C'est à cette question que devaient répondre les "stress tests" des banques européennes, dont les résultats viennent d'être rendus publics.
Ces tests consistent à évaluer la solvabilité à venir des banques sous des hypothèses économiques et financières communes. C'est loin d'être une technique sans défaut : résumer la distribution des risques en deux ou trois scénarios plus ou moins gris est forcément arbitraire.
En mai 2009 cependant, après la publication de chiffres sur les 19 principales banques et les besoins en capital qui résultaient des tests, le marché financier américain a retrouvé la sérénité qui lui faisait défaut depuis plusieurs mois. Les opérateurs se sont convaincus qu'un nouveau choc resterait gérable, et grâce à la publication de données détaillées banque par banque, les rumeurs ont cessé de prévaloir sur les faits.
Les Européens auraient dû immédiatement emboîter le pas des Américains, comme le leur réclamaient économistes et analystes de marché. Mais partie par réticence à l'égard de la transparence requise par l'exercice, partie en raison de rivalités entre superviseurs européens et nationaux, ils ont perdu une année avant de s'y résoudre dans l'urgence face au nouvel accès de fièvre induit par les alarmes sur la solvabilité des Etats.
Le débat est maintenant de savoir si les tests suffisent à rassurer ou s'ils offrent une image embellie de la situation financière. Ils ont été critiqués pour n'avoir mis en évidence que 7 banques en difficulté sur les 91 testées, et un besoin en capital total de 3,5 milliards d'euros seulement.
On leur a reproché (à tort) des scénarios économiques insuffisamment pessimistes, et (à juste titre) une définition trop laxiste de la solvabilité ou une prise en compte seulement partielle des risques sur les titres d'Etat (techniquement, seul le risque de dépréciation de leur valeur de marché a été pris en compte, pas celui d'un défaut effectif).
Cependant l'information détaillée fournie avec les résultats est généralement suffisante pour permettre maintenant aux analystes de faire leurs propres évaluations. Goldman Sachs, par exemple, a immédiatement estimé ce qu'auraient donné les tests sous des hypothèses différentes, et aboutit à des résultats plutôt rassurants : avec une définition plus exigeante de la solvabilité ou la prise en compte d'un défaut partiel de la Grèce, davantage de banques seraient en faillite et les besoins en capital seraient accrus, mais dans des proportions encore gérables.
La vraie valeur des tests est ainsi dans la transparence accrue dont ils s'accompagnent - cette même transparence à laquelle s'étaient jusqu'à présent refusés les Européens, conduisant les marchés à soupçonner qu'ils avaient quelque chose à cacher. Malheureusement, elle n'est pas encore complète : si l'Espagne a donné tous les chiffres pour toutes ses banques, les superviseurs allemands s'en sont tenus au strict minimum, notamment en ce qui concerne l'exposition au risque de défaut souverain.
Plus largement, si les hypothèses sont communes, l'évaluation banque par banque est restée du strict ressort de superviseurs nationaux partagés entre le devoir de faire la vérité et le souhait de montrer que leur secteur bancaire est en bonne santé. Il aurait été préférable d'aller un pas plus loin dans le contrôle de l'homogénéité des résultats. Il n'empêche : ces tests sont un progrès, et ils suggèrent que l'Europe n'est, finalement, pas condamnée à suivre le Japon sur la voie de la stagnation. C'est une bonne nouvelle.
Courriel : chronique@pisani-ferry.net. Economiste, directeur de Bruegel.
Philanthropie : une trentaine de milliardaires s'engagent aux côtés de Buffet et Gates
04.08.10
Trente-quatre milliardaires ont répondu présent à l'appel de l'investisseur Warren Buffett et de Bill Gates en promettant de donner au moins la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives dans le cadre du programme The Giving Pledge. Parmi ceux-ci on retrouve le maire de New York, Michael Bloomberg, Larry Ellison, cofondateur d'Oracle, Ted Turner, le fondateur de CNN, ou encore David Rockefeller. La liste exhaustive des donateurs, diffusée mercredi 4 août, comprend également le magnat des hôtels Barron Hilton, l'industriel Barry Diller et sa femme Diane von Furstenberg ou encore le cinéaste George Lucas.
The Giving Pledge a été lancé en juin par Bill Gates, considéré par le magazine Forbes comme la deuxième fortune mondiale, avec 53 milliards de dollars, et par Warren Buffett, classé lui troisième homme le plus riche de la planète. En 2006, M. Buffet avait décidé de donner 99 % de sa fortune de 44 milliards de dollars à des œuvres de charité. Depuis, les deux hommes tentent de convaincre des centaines d'autres milliardaires américains de céder la majeure partie de leur fortune de leur vivant ou après leur mort et de faire part publiquement de leur intention dans une lettre d'explication.
"Nous venons juste de commencer mais nous avons déjà obtenu une réponse formidable", s'est réjoui Warren Buffett, assurant que la plupart des donateurs ont promis des sommes bien supérieures au montant minimum, à savoir la moitié de leur fortune. Les promesses des 40 donateurs jusqu'à présent recensées par The Giving Pledge ne sont pas accompagnées d'obligations juridiques et s'apparentent davantage à des engagements moraux.

Δευτέρα 10 Ιανουαρίου 2011

“Une véritable opération de faux-monnayeurs”
22.07.2010|Olivier Vilain|Le Courrier
“Il faut que les gouvernements qui composent le G20 mettent au premier plan la notion de justice pour reconstruire le système économique mondial”, affirme James Kenneth Galbraith, président de l’association internationale Economistes pour la paix et la sécurité et professeur à l’université du Texas. “Il faut donc mener des enquêtes pénales et civiles sur les dirigeants d’entreprise qui ont créé les hypothèques frauduleuses, comme cela a été le cas aux Etats-Unis lors de la faillite des caisses d’épargne, au début des années 1990 […].
Ensuite, il faut desserrer l’emprise des banques sur le pouvoir politique […]. Ainsi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France a institué de multiples banques dont la taille était clairement délimitée. […] La Caisse des dépôts finançait les infrastructures, le CIC le commerce et les entreprises, le Crédit agricole le monde paysan, etc.” Selon l’économiste américain, la crise a été provoquée “par une fraude financière massive, une véritable opération de ‘faux-monnayeurs’. […] Des institutions ont créé des millions d’hypothèques pour des Américains dont les revenus étaient trop faibles pour leur permettre d’acquérir normalement leur maison.” Et elles savaient pertinemment qu’ils “ne pourraient même pas faire face aux intérêts. […] Ensuite, ces hypothèques frauduleuses ont été revendues un peu partout, comme si elles étaient aussi sûres que des bons du Trésor américain, alors qu’elles avaient une probabilité de 100 % de perdre toute leur valeur. C’est ni plus ni moins que de la fausse monnaie.”
Taxer les riches, c’est bon pour la croissance
Dans les années 1950, la tranche supérieure du revenu était taxée à plus de 90 % aux Etats-Unis. Et l’économie se portait bien.
22.07.2010|David Sirota|In These Times
Hillary Clinton devant la "Brookings Institution"
Alors que l’économie mondiale reste vacillante, l’expression “pire récession depuis la Grande Dépression” (PRDLGD) a rem­placé la formule tellement galvaudée de “guerre contre le terrorisme”, comme pour celle-ci, les références à la PRDLGD sont pres­que toujours suivies d’explications vaseuses et contradictoires. Selon les républicains – qui ont accumulé les déficits –, la récession est le résultat de dé­penses excessives. Quant aux démocrates – dont les politiques de libre-échange ont démoli le marché de l’emploi –, ils rejettent la faute sur George W. Bush.

Mais ce genre d’affirmations simplistes concourent à occulter les idées contre-intuitives, qui contiennent souvent les vérités les plus profondes. Dans le cas de la PRDLGD, la plus importante de ces idées est que nous sommes en récession parce que nous payons trop peu d’impôts. Cet argument provocant a pour la première fois été avancé par l’ancien gouverneur de New York, Eliot Spitzer, dans
un article publié en février dernier par le magazine Slate. “Entre 1951 et 1963, alors que le taux marginal d’imposition [appliqué à la tranche supérieure du revenu] était de 91 % ou 92 %, l’économie américaine a connu une croissance moyenne de 3,71 % par an, expliquait-il. Le niveau élevé du taux marginal – qu’on jugerait aujourd’hui confiscatoire – n’a pas entraîné de cataclysme économique, bien au contraire. Au cours des sept dernières années, le taux marginal maximum a été ramené à 35 %, et la croissance moyenne annuelle n’a atteint que 1,71 %.”

Quelques mois plus tard, le quotidien USA Today
notait que les taux d’imposition avaient atteint leur plus bas niveau depuis soixante ans. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton déclarait quant à elle devant la Brookings Institution [un cercle de réflexion américain] que “dans aucune nation confrontée à un important problème de chômage, les riches ne paient leur juste part – tant les individus que les entreprises et quelles que soient les formes de taxation”.

Le cas de la Grèce offre un bon exemple. Les conservateurs affirment que le pays, criblé de dettes, est victime des largesses de l’Etat providence. Toute­fois, selon une analyse du
Center for American Progress [cercle de ré­flexion progressiste], “la Grèce a toujours moins dépensé” que les autres social-démocraties européennes. “Le réel problème auquel sont confrontés les Grecs n’est pas de trouver un moyen de réduire les dépenses, mais d’augmenter les rentrées d’argent”, conclut le rapport selon lequel les “recettes fiscales anémiques” du pays constituent son ­principal point faible. Comme l’a fait remarquer Hillary Clinton, les pays qui affichent des re­cettes et des taux d’im­po­sition élevés sont prospères. “Par rapport à son PIB, le Brésil a le taux d’imposition le plus élevé du continent américain, a-t-elle souligné. Et devinez quoi ? Il affiche un taux de croissance dément. Les riches con­tinuent de s’enrichir et ils sortent les pauvres de la misère. Ce qui est tout à fait logique. Même si l’esprit de l’époque ­reaganienne a créé l’illusion que les impôts freinaient la croissance, les statistiques prouvent que des taux marginaux plus élevés permettent d’allouer plus d’argent aux investissements publics créateurs d’emplois (routes, ponts, ré­seaux à haut débit…) qui soutiennent l’activité. Ils encouragent aussi les investissements favorables à la croissance. Car au lieu d’empocher les profits et de payer plus d’impôts, les riches propriétaires d’entreprise ont intérêt à les réinvestir dans leur affaire.

La combinaison taux d’imposition élevé/recettes élevées “a toujours fonctionné jusqu’à ce qu’on l’abandonne”, a conclu Hillary Clinton. C’était une déclaration po­litique audacieuse, si audacieuse qu’elle a été, comme tous les autres faits démontrant la pertinence d’une hausse des impôts, ignorée par les hommes politiques et les médias de Washington. Car ils ont leurs propres idées reçues à promouvoir. Et malheureusement, il y a fort à parier que la PRDLGD a de beaux jours devant elle.

JOSCHKA FISCHER • Cessons de négliger Ankara
Ministre des Affaires étrangères (vert) du gouvernement Schröder de 1998 à 2005, Fischer a quitté la vie politique en 2006. Diplomate aguerri, il enseigne depuis lors à l’université de Princeton et est devenu consultant pour le projet européen de gazoduc Nabucco. Il a 62 ans.
22.07.2010
Le non turc aux nouvelles sanctions contre l’Iran décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies [ce vote a eu lieu le 9 juin] témoigne de façon spectaculaire de la distance qui s’est installée entre l’Occident et la Turquie. Sommes-nous aujourd’hui en train de découvrir les conséquences de la politique étrangère du gouvernement AKP du Premier ministre Tayyip Erdogan, qui vise à faire changer la Turquie de camp, à la faire revenir à ses racines orientalo-musulmanes ?

Cette crainte est exagérée, voire erronée. Et même si on en arrivait là, ce serait plutôt le fait de l’Occident, non celui de la classe politique turque. Car la politique étrangère “néo-ottomane” d’Ankara, qui vise à mettre un terme aux conflits entre la Turquie et ses voisins, et aux conflits internes de ces pays, ainsi qu’à engager activement la Turquie dans la région, n’est nullement en contradiction avec les intérêts de l’Occident – bien au contraire. L’Occident va devoir enfin considérer la Turquie comme un partenaire sérieux, non plus comme un vassal. Après la décision sur l’Iran du Conseil de sécurité, Robert Gates, le ministre de la Défense américain, a violemment reproché à l’Europe d’avoir, par son comportement, contribué à l’aliénation de la Turquie. Cette franchise fort peu diplomatique a suscité une vive indignation à Paris et à Berlin – à tort, car Gates avait malheureusement touché juste. Depuis que Sarkozy a remplacé Chirac en France et Merkel succédé à Schröder en Allemagne, l’UE fait patienter la Turquie.

On ne le répétera jamais assez : la Turquie occupe une situation géopolitique idéale dans la région, une des zones clés pour la politique mondiale, en particulier pour la sécurité européenne. L’est de la Méditerranée, la mer Egée et l’ouest des Balkans, la région caspienne et le sud du Caucase, l’Asie centrale, le Proche-Orient et le Moyen-Orient : l’Occident ne pourra pas faire grand-chose dans cette zone sans le soutien d’Ankara. Et cela vaut non seulement en matière de sécurité mais également en matière d’énergie, alors que l’Europe espère trouver dans cette région des alternatives à sa dépendance croissante vis-à-vis des fournisseurs d’énergie russes.

L’Europe ne peut simplement pas se permettre de s’aliéner la Turquie. Et si celle-ci se détourne d’elle, c’est bien à cause de la politique européenne de ces dernières années. La sécurité de l’Europe au XXIe siècle se décidera essentiellement chez ses voisins du Sud-Est – donc là où la Turquie est incontournable et le sera encore plus à l’avenir. Or au lieu de lier la Turquie le plus étroitement possible à l’Europe et à l’Occident, la politique européenne pousse Ankara directement dans les bras de la Russie et de l’Iran ! Cette politique est à la fois paradoxale, absurde et témoigne d’une très courte vue. La Russie, l’Iran et la Turquie ont toujours été des rivaux et jamais des alliés dans la région. L’aveuglement européen ignore cet état de fait.

La confrontation entre la Turquie et Israël a elle aussi pour conséquence de renforcer les forces radicales du Proche-Orient. Une question se pose donc : qu’attendent exactement Bruxelles et les capitales européennes pour lancer un pont praticable entre les deux pays ? L’Occident ne peut accepter une rupture durable entre Israël et la Turquie si on ne veut pas que la région soit encore déstabilisée pour longtemps. L’Europe doit agir en ce sens. La Turquie n’est pas le seul endroit où l’Europe s’illustre par son inactivité. Bruxelles devrait s’engager massivement dans les pays du sud du Caucase et de l’Asie centrale (ou encore en Ukraine), où elle devrait, avec l’accord des petits Etats concernés, poursuivre et faire triompher ses intérêts énergétiques face à la Russie. Car la crise économique et financière mondiale, ainsi que l’entrée de la Chine sur la scène géopolitique, ce nouvel acteur qui planifie à long terme, font considérablement bouger les choses. L’Europe risque de ne plus avoir assez de temps, y compris dans son voisinage. Car tous ces pays souffrent de son absence de politique étrangère active et d’engagement fort. Que disait un homme d’Etat russe important de la fin du XXe siècle, au juste ? “Celui qui arrive trop tard sera puni par la vie.”
La Cour internationale de justice conforte l'indépendance du Kosovo
23.07.10
La déclaration d'indépendance du Kosovo est conforme au droit international : la conclusion de la Cour internationale de justice (CIJ) proclamée à La Haye, jeudi 22 juillet, a beau n'être qu'un avis consultatif, elle marque l'étape la plus importante depuis ce 17 février 2008 où l'ancienne province autonome de la Serbie s'est unilatéralement promue indépendante.
L'argument juridique ne pourra plus être invoqué par les pays qui ont jusqu'ici refusé d'accepter cet état de fait. Notamment la Serbie (qui avait demandé à l'Assemblée générale des Nations unies de saisir la Cour), la Russie, la Chine et cinq Etats membres de l'Union européenne (Espagne, Chypre, Grèce, Slovaquie, Roumanie).
Le ministre kosovar des affaires étrangères, Skender Hyseni, s'est exprimé depuis l'ambassade du Kosovo récemment établie à La Haye. "De nombreux pays ont reporté leur décision en attente de l'avis de la Cour, a-t-il déclaré. Maintenant, il n'y a pas de raison d'attendre plus longtemps."
L'indépendance du Kosovo a été reconnue par 69 Etats, dont la France, mais d'autres redoutent un effet boule-de-neige dans leur propre pays. C'est le cas de l'Espagne, qui s'inquiète des velléités d'indépendance de la Catalogne, ou de Chypre, dont la partie nord de l'île est occupée par l'armée turque. D'autres, tels la Grèce et la Russie, privilégient leur amitié avec la Serbie. La Slovaquie et la Roumanie, où vit une importante minorité hongroise, ont un réflexe de méfiance.
La CIJ, qui généralement ménage les deux parties, a surpris par son absence d'ambiguïté sur le fond. Selon son président, la déclaration d'indépendance du Kosovo n'a "violé ni le droit international général, ni la résolution 1244" adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 10 juin 1999, au terme des combats entre les forces serbes et les sécessionnistes albanais du Kosovo. La Cour s'est cependant limitée à la question de la légalité de la déclaration, sans préciser si le Kosovo constituait un Etat.
"Deux Etats"
"Le chapitre judiciaire est clos, le chapitre politique s'ouvre", commente Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, au cours d'un déplacement au Kosovo et dans l'Etat voisin de Macédoine. L'avis de la Cour est vécu comme un soulagement dans la région. Il faut aussi noter que les Serbes ont fait preuve de maturité politique : au moment de la déclaration d'indépendance, ils sont allés voir les juges, pas les armuriers."
Le ministre des affaires étrangères de Serbie, Vuk Jeremic, a réaffirmé que Belgrade ne reconnaîtrait "jamais" l'indépendance du Kosovo : "La Serbie reste sur sa position : le statut futur du Kosovo ne peut être obtenu qu'après que les deux parties s'accordent sur une telle solution. Je suis certain que ce sera la décision de l'Assemblée générale des Nations unies." Pristina n'est pas du même avis. "Nous pouvons commencer à parler demain avec la Serbie, dans l'intérêt des deux pays, sur un nombre important de sujets pratiques, affirme M. Hyseni. Mais cette discussion ne peut avoir lieu qu'entre deux Etats."
L'avis de la CIJ a été salué par les Etats-Unis comme par la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, laquelle a affirmé que l'UE se tenait "prête à faciliter un processus de dialogue entre Pristina et Belgrade".
De son côté, le ministère russe des affaires étrangères de Russie a affirmé que la position de la Russie sur la non-reconnaissance de l'indépendance du Kosovo restait "inchangée". L'Espagne dit "respecter" l'avis de la Cour sans se prononcer sur l'indépendance de l'Etat. La reconnaissance d'un Etat est un acte souverain, et le Conseil européen des ministres des affaires étrangères qui se réunira lundi 26 juillet ne donnera pas lieu à une décision collective. Certains Etats pourraient toutefois profiter de ce rendez-vous pour faire connaître une nouvelle position.
Stéphanie Maupas et Marion Van Renterghem

Κυριακή 9 Ιανουαρίου 2011

Που είναι οι γυναίκες;
Yves Simon *  LE MONDE 19.06.10
Σύμφωνα με τον Ινδό Amartya Sen, βραβείο Νόμπελ οικονομίας, εκατό εκατομμύρια γυναίκες απουσιάζουν σήμερα  ανά τον κόσμο! Διαβάσατε καλά!! εκατό εκατομμύρια γυναίκες απουσιάζουν μεταξύ μας. Πού είναι; Εξαφανισμένες, ακρωτηριασμένες, ναρκωμένες με μεθαμφεταμίνες, πεθαμένες από υποσιτισμό από  έλλειψη φροντίδων πριν να φθάσουν στην ηλικία του ενός έτους, ή ακόμη, έφηβες που αφήνονται για να πεθάνουν από μελαγχολία ή από το AIDS παρά να επιζήσουν στα πορνεία της Κίνας και της Ινδίας.
Εκατό εκατομμύρια, είναι παραπάνω από μια μισή φορά του γαλλικού πληθυσμού: μητέρες, αδελφές, νέα κορίτσια που δεν θα κρατήσουμε ποτέ στην αγκαλιά μας για να γνωρίζουν τις λέξεις της αγάπης, της άνεσης, της εμπάθειας. Εκατό εκατομμύρια στόματα και χείλια που δεν θα αγγίξουν ούτε τα μάγουλά μας ούτε τα μέτωπά μας, που δεν θα φιλήσουν ποτέ τους ανθρώπους που θα μπορούσαν να αγαπήσουν, δεν θα ψιθυρίσουν σε κανένα το πόνο τους, τα όνειρα τους, τα ιδανικά τους: στόματα και χείλια κλειστά πριν να έχουν μάθει να μιλήσουν και που θα κρατήσουν για πάντα τη σιωπή των καταραμένων.
Μια ινδική παροιμία λέει: «Να μεγαλώσεις ένα κορίτσι είναι όπως να ποτίσεις τον κήπο του γείτονά σου.» . Με άλλα λόγια, είναι απώλεια χρόνου και χρήματος το να θρέψεις ένα κορίτσι σε μια ήδη φτωχή οικογένεια. «Δεν θέλω να έχω κορίτσι για να ζει τους ίδιους πόνους που έζησα», δηλώνει η Indira, μια Ινδή 25 ετών που ανήκει σε ανώτερη κάστα. « Ο υπερβολικός πόνος σκοτώνει, μια υπερβολικά βία στη καθημερινότητα  ενθαρρύνει τις γυναίκες να αυτό-εξαλειφθούν», γράφει η Manon Loizeau, βραβείο Albert London, στον πρόλογό της ενός βιβλίου που έγινε σε λίγους μήνες παγκόσμιο μπεστ σέλερ, ‘Το μισό του ουρανού‘. Η σκληρότητα του πραγματικού όπως και του ουρανού, ο τίτλος ανακτεί μια παλαιά κινεζική ποιητική καταδίκη: «Η γυναίκα είναι το άλλο μισό του ουρανού», ενώ είναι μέσα σε αυτήν την χώρα ακριβώς, και στους γείτονές της της ανατολικής Ασίας, όπου αυτό το ουράνιο ήμισυ εξαφανίζεται από τους καταλόγους των ληξιαρχείων του κόσμου!
Είναι δύο δημοσιογράφοι της New York Times, Nicholas Kristof και η κινεζική σύζυγός του, Sheryl WuDunn, που μόλις εκδώσαν αυτό το βιβλίο μετά από δέκα χρόνια έρευνας. Πρέπει κανείς να το έχει διαβάσει για να αντιλήφθη το εύρος μιας κοσμικής εξαφάνισης που την βλέπει και την γνωρίζει ο ΟΗΕ και του πλανήτη των ΜΜΕ, σαν να ήταν μια μαύρη τρύπα του χώρου όπου κανένα φως δεν μπορεί να διεισδύσει.
Και όμως, όταν συλλαμβάνεται ένας μόνο κινέζος αποστάτης στη  Σαγκάη ή στο Πεκίνο, κινητοποιούμαστε, διαμαρτύρεται, με το δίκαιο μας, εξ ονόματος των δικαιωμάτων του ανθρώπου και της ελευθερίας της έκφρασης ώστε για να τον απελευθερώσουν. «Όταν είναι εκατό χιλιάδες  κορίτσια που απάγονται και θύματα των δικτύων της πορνείας, αυτό μάλιστα δεν θεωρείται ούτε σαν μια πληροφορία», απαντούν οι συγγραφείς.
Από την άφιξη των ηχογράφων, εκατομμύρια γυναίκες στην Ασία κάνουν έκτρωση όταν γνωρίζουν ότι θα βάλουν στον κόσμο ένα παιδί θηλυκού φύλου. Εξαλειμμένες μόνο από το χρωμοσωμικό γεγονός ότι κατέχουν ένα καταραμένο διπλό Χ, εκατομμύρια μελλοντικές γυναίκες δεν θα δουν την ημέρα. Μπορούμε να το αποκαλέσουμε μια «γυναικτονία»;;
Δεν είναι τυχαίο εάν είναι ο Amartya Sen που έχει λανσάρει αυτή τη ανησυχητική κραυγή και αριθμό των εκατό εκατομμυρίων απόντων. Μέσα στα βιβλία του και ομιλίες, δεν υιοθετεί παρά το θηλυκό όταν για ένα πρόσωπο, είτε άνδρας, είτε γυναίκα. Αυτός ο Βεγγάλης Ινδός ερευνά τρόπους για να επαλειφθούν οι «επανορθώσιμες αδικίες». Και δεν είναι τυχαίο εάν είναι γυναίκες που, στην Ινδία και στη Κίνα, επιδιώκουν να βάλουν τέλος σε αυτές τις «επανορθώσιμες αδικίες», αυτές επιδιώκουν να βρίσκουν τις αγνοούμενες, να πείσουν τις μητέρες, τις οικογένειες, τους δήμους, τα Κράτη, ότι το μέλλον του πλανήτη μας πέρνα από τις γυναίκες.
Εν ολίγοις, ότι αυτές δεν είναι κοινωνικά παράσιτα. «Να μεγαλώνεις έναν άνθρωπο, είναι να μεγαλώνεις ένα άτομο. Να μεγαλώνεις μια γυναίκα, είναι σαν να μεγαλώνεις μια οικογένεια ", προφήτευσε ο Gandhi.
Αλλά οι πνευματικές και κοινωνικές δυστυχίες, δεν είναι οι μόνες αιτίες αυτών των μαζικών εξαφανίσεων, η θρησκεία που διακρίνει τις γυναίκες εδώ και  δεκατέσσερις αιώνες στο μουσουλμανικό κόσμο καρφώνει στο παλούκι, λιθοβολεί, καίει κάθε μέρα, εκατοντάδες νέες γυναίκες. Μέσα μόνο στο Πακιστάν, τα τελευταία δέκα χρόνια, στις ζευκτές πόλεις Islamabad και Rawalpindi, είναι πέντε χίλιες γυναίκες και κορίτσια δικασμένες ένοχες για ανυπακοή έχουν ψεκαστεί με κηροζίνη, με οξέα, και καμένες από τα μέλη της οικογένειάς τους ή από τα πεθερικά τους!
Η Benazir Bhutto εκεί δολοφονήθηκε, η Taslima Nasreen (στο Μπανγκλαντές) και η Shirin Ebadi (στο Ιράν), βραβείο Νόμπελ ειρήνης, ζουν σε εξορία.  «Η πλειοψηφία των κατοίκων της κόλασης θα είναι γυναίκες, που βλαστημούν  υπερβολικά και είναι αχάριστες προς τους συζύγους τους», αναφέρει ο Muhammad Imran, στον επίλογο του βιβλίου της Manon Loizea.
Είναι μακρύς ο κατάλογος των βιαιοτήτων κατά του άλλου μισού του ουρανού: σύγχρονη σκλαβιά στην Ασία, τη Μέση Ανατολή όπως και στη Δύση, χτυπημένες γυναίκες (μια νεκρή κάθε δύο μέρες σε Γαλλία), διάκριση στη πρόσληψη εργασίας, ενοχική απουσία μέσα στη πλειοψηφία των ευρωπαϊκών κοινοβουλίων, των θέσεων οικονομικής απόφασης στα κράτη και στις επιχειρήσεις… Μια άλλη μάστιγα τις χτυπά, το AIDS που έγινε πρώτη αιτία  θνησιμότητας των γυναικών στις περισσότερες χώρες της Αφρικής.
Ακόμα και αν καταλαμβάνουν ορατές θέσεις στις τηλεοπτικές μας οθόνες, στη Δύση, οι γυναίκες δεν πεθαίνουν κατά πρώτο λόγο επειδή είναι γυναίκες, υποφέρουν όμως σε λιγότερο φωτεινούς κόσμους, να είναι μόνο σκιές, αντικαταστάτριες, όντα δευτέρας κατηγορίας. «Η γυναίκα είναι το μέλλον του ανθρώπου», τραγούδησε ο Aragon.  Μόνο μια μακριά πορεία της ανθρωπότητας θα μπορέσει να φτάσει, ίσως  μια ημέρα, να συμπέσει το Πραγματικό με τη Ποίηση.

*Μυθιστοριογράφος και μουσικοσυνθέτης. Έχει λάβει το βραβείο Médicis για το βιβλίο «Η έκπτωση των συναισθημάτων» και το μεγάλο βραβείο τραγουδιού της γαλλικής ακαδημίας για το δισκογραφικό του έργου. Τελευταίο μυθιστόρημα: «Θα ήθελα τόσο να επιστρέψω» (2007). Τελευταίο CD: «Ψιθυρισμοί» (Barclay/Universal, 2007)

Yves Simon («Τα Χρονικά»)

 
Où sont les femmes ?
LE MONDE | 19.06.10

Selon l'Indien Amartya Sen, Prix Nobel d'économie, manquent aujourd'hui à l'appel cent millions de femmes de par le monde ! Vous avez bien lu : cent millions de femmes manquantes parmi nous. Où sont-elles ? Disparues, mutilées, droguées à la méthamphétamine, mortes de malnutrition et de manque de soins avant d'avoir atteint l'âge d'un an, ou encore, adolescentes se résignant à mourir de mélancolie ou du sida plutôt que de survivre dans les bordels de la Chine et de l'Inde.

Cent millions, c'est plus d'une fois et demie la population française : des mères, des soeurs, des jeunes filles que nous ne tiendrons jamais dans nos bras afin qu'elles connaissent les mots de l'amour, du réconfort, de l'empathie. Cent millions de bouches et de lèvres qui n'effleureront ni nos joues ni nos fronts, qui n'embrasseront jamais les êtres qu'elles auraient pu aimer, ne chuchoteront à personne les mots de leur souffrance, de leurs rêves, de leurs idéaux : des bouches et des lèvres murées avant d'avoir appris à parler et qui garderont à jamais le silence des damnées.
Un proverbe indien dit : "Elever une fille, c'est comme arroser le jardin de son voisin." Autrement dit, c'est une perte de temps et d'argent que de nourrir une fillette dans une famille déjà percluse de pauvreté. "Je ne veux pas avoir de fille pour qu'elle vive les mêmes souffrances que moi", dit Indira, une Indienne de 25 ans d'une caste supérieure. "Trop de douleur tue, trop de violence au quotidien qui encourage les femmes à s'éliminer elles-mêmes", écrit Manon Loizeau, prix Albert Londres, dans sa préface d'un livre devenu en quelques mois un best-seller mondial La Moitié du ciel (Les Arènes, 200 p., 22 euros). Cruauté du réel comme du ciel, le titre reprend une vieille sentence poétique chinoise : "La femme est l'autre moitié du ciel", alors que c'est dans ce pays justement, et chez ses voisins de l'Asie orientale, que cette moitié céleste disparaît le plus sur la liste des états civils du monde !
Ce sont deux journalistes du New York Times, Nicholas Kristof et son épouse chinoise, Sheryl WuDunn, qui viennent de publier ce livre après dix ans d'enquête. Il faut l'avoir lu pour connaître l'ampleur d'une disparition cosmique se passant au vu et au su de l'ONU et de la planète médiatique comme si là était un trou noir de l'espace qu'aucune lumière ne peut pénétrer. Pourtant, lorsqu'un seul dissident chinois est arrêté à Shanghaï ou à Pékin, nous nous mobilisons, pétitionnons, à juste raison, au nom des droits de l'homme et de la liberté d'expression afin de le faire libérer. "Quand ce sont cent mille filles qui sont kidnappées et victimes des réseaux de prostitution, cela n'est même pas considéré comme une information", répliquent les auteurs.
Depuis l'arrivée de l'échographie, des millions de femmes en Asie avortent lorsqu'elles savent qu'elles vont mettre au monde un enfant de sexe féminin. Eliminées par le seul fait chromosomique qu'elles possèdent un double X infamant, des millions de futures femmes ne verront pas le jour. Peut-on appeler cela un gynécide ?
Ce n'est pas un hasard si c'est Amartya Sen qui a lancé ce cri et ce chiffre alarmants de cent millions d'absentes. Dans ses livres et ses discours, il n'emploie que le féminin lorsqu'il parle d'une personne, qu'elle soit un homme ou une femme. Cet Indien bengali cherche à savoir comment procéder pour éliminer les "injustices réparables". Ce n'est toujours pas un hasard si ce sont des femmes qui, en Inde et en Chine, cherchent à mettre fin à ces "injustices réparables", elles se sont mises à rechercher les disparues, à convaincre les mères, les familles, les municipalités, les Etats, que l'avenir de notre planète passait par les femmes. Bref, que celles-ci ne sont pas des parasites sociaux. "Eduquer un homme, c'est éduquer un individu. Eduquer une femme, c'est éduquer une famille", prophétisait Gandhi.
Mais les misères, intellectuelle et sociale, ne sont pas les seules causes de ces disparitions de masse, la religion qui discrimine les femmes depuis quatorze siècles dans le monde musulman cloue au pilori, lapide, brûle, chaque jour, des centaines de jeunes femmes. Dans le seul Pakistan, durant ces dix dernières années, dans les villes jumelles d'Islamabad et de Rawalpindi, ce sont cinq mille femmes et filles jugées coupables de désobéissance qui ont été aspergées de kérosène, d'acide, puis immolées par les membres de leur famille ou de leur belle-famille ! Benazir Bhutto y fut assassinée, Taslima Nasreen (Bangladesh) et Shirin Ebadi (Iran), Prix Nobel de la paix, vivent en exil. "La majorité des occupants de l'enfer seront des femmes, qui jurent trop et sont ingrates envers leurs époux", a éructé Muhammad Imran, cité en exergue du livre de Manon Loizeau.
Elle est longue la liste des exactions commises envers l'autre moitié du ciel : esclavage moderne en Asie, au Moyen-Orient comme en Occident, femmes battues (une morte chaque deux jours en France), discrimination à l'embauche, absence coupable dans la plupart des parlements européens, des postes de décision économique... Un autre fléau les frappe, le sida devenu première cause de mortalité des femmes dans une majorité des pays d'Afrique, Même si elles occupent nombre de places visibles sur nos écrans télé, en Occident, les femmes ne meurent pas en premier lieu d'être femmes, elles souffrent, dans des mondes moins lumineux, de n'être que des ombres, des doublures, des êtres de second rang. "La femme est l'avenir de l'homme", a chanté Aragon. Seule une longue marche de l'humanité pourra parvenir, un jour peut-être, à faire coïncider Réel et Poésie.



Romancier et auteur-compositeur. A reçu le prix Médicis pour "La Dérive des sentiments" et le Grand Prix Chanson de l'Académie française pour son oeuvre discographique. Dernier roman : "Je voudrais tant revenir" (Seuil, 2007). Dernier CD : "Rumeurs" (Barclay/Universal, 2007)

Yves Simon (Chronique)
Article paru dans l'édition du 20.06.10