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Τετάρτη 24 Οκτωβρίου 2012

LETTRE OUVERTE A M. COHN-BENDIT. La trahison des Verts par René Dzagoyan

LETTRE OUVERTE A M. COHN-BENDIT
La trahison des Verts par René Dzagoyan
Cher Monsieur,
Dans votre chronique publiée dans le Nouvel Observateur du 2 février, « La Question Arménienne », vous manifestIez une fois de plus votre opposition à la loi sur la négation des génocides et appeliez par là même vos collègues du Sénat à voter contre elle. Votre position n’est pas nouvelle. En effet, dans le discours que vous prononciez en 2000 devant le Parlement européen dans la session que vous évoquez dans votre chronique, vous disiez déjà : « « Personne ici, et surtout pas moi, ne nie qu’il y a eu un génocide contre les Arméniens à la dernière époque de l’Empire ottoman... Si nous devons voter cela aujourd’hui, la majorité de mon groupe votera en faveur de cette résolution. Personnellement, je ne suis pas sûr de l’utilité de cet acte, parce que je veux porter ce débat à l’intérieur de la Turquie (...) Je propose que le Parlement européen organise lui-même un débat sur le génocide en Arménie, la majorité suivra et nous prolongerons le débat en Turquie. »
Vous y prononciez le mot de « génocide ». Dans votre chronique, vous évoquez ce terme en l’attribuant au Parlement européen. Dans votre bouche, il devient un « massacre ». Mieux une « rafle ». Une rafle.... La déportation et la mise à mort d’un million et demi de femmes, de vieillards et d’enfants... Autant affirmer que la Shoah n’était qu’une simple sauterie au Vel d’Hiv. Ce glissement sémantique aurait certes peu d’importance si vous n’occultiez pas simultanément des faits qui contredisent votre thèse, laquelle reste la même : « C’est en Turquie même que les Européens doivent aider Arméniens et Turcs à avancer sur le chemin, long mais inéluctable, d’une réconciliation. »
Le premier fait que vous occultez est que l’acteur majeur de cette réconciliation, Hrant Dink, a été assassiné à l’instigation des forces de l’ordre turques précisément parce qu’il avait prononcé ce mot que vous ne prononcez plus. Vous occultez aussi qu’avec l’accord du gouvernement, les véritables instigateurs de ce crime courent toujours. Vous prônez la réconciliation sur le terrain par le travail des intellectuels, mais vous occultez qu’Orhan Pamuk, prix Nobel, a été sauvé des procès dont le gouvernement d’Ankara l’accablait par la seule pression internationale et non pas par la volonté des gouvernants ankariotes. Vous occultez le sort de l’historien Taner Akçam, contraint à l’émigration pour avoir démontré par ses livres et ses recherches la nature génocidaire des événements de 1915.
Vous prétendez que « Année après année, un espace politique a commencé à s’ouvrir ». Parmi ceux qui vous ont cru, il y a aussi Ragip Zarakolu, éditeur de plusieurs ouvrages sur le Génocide des Arméniens, mais vous occultez le fait que lui et son fils Deniz sont aujourd’hui en prison. Vous occultez de même qu’à la date d’aujourd’hui, plus d’une centaine de journalistes, autant de juristes, trente-huit maires et dix-huit députés, sans compter les dizaines d’étudiants sont actuellement sous les verrous sous les prétextes les plus futiles dans cet espace politique certes ouvert à des politiciens étrangers comme vous, mais qui se ferment un peu plus chaque jour pour les simples citoyens turcs qui osent vous imiter sans bénéficier de votre impunité.
Vous parlez des Arméniens de Turquie qui « cherchent depuis longtemps à progresser sur ce dossier à travers une discussion franche et directe avec le pouvoir et la société turcs », mais vous occultez le fait que ces Arméniens, assistant chaque jour aux arrestations et procès arbitraires des Turcs de souche qui se croient libres de s’exprimer dans leur propre pays, sont terrorisés par ce qu’ils pourraient leur arriver, à eux les étrangers de l’intérieur, s’ils s’aventuraient à énoncer un tant soit peu le fond de leur pensée. Car eux savent, pour le vivre tous les jours, que dans cette Turquie dont vous vantez l’évolution, l’ultranationalisme, ouvertement affiché par les pouvoirs publics, ne fait que s’accroître et qu’il est ouvertement déclaré aujourd’hui, dans ses livres comme dans ses discours, par M. Davutoglu, ministre des Affaires étrangères, comme doctrine d’Etat.
Vous savez, comme ils le savent, que les Arméniens sont considérés dans leur propre pays comme des Untermenschen, des giavours en turc, dont on supporte à peine la présence et que la pire des insultes pour un Turc est d’être traité d’Arménien. Au cours de vos nombreux voyages en Turquie, n’avez-vous donc jamais vu ces pancartes que la police autorise aux portes des magasins, où on peut lire « Interdit aux chiens et aux Arméniens » ? Cela, monsieur Cohn-Bendit, ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Certes, de 1936 à 1945, il s’est bien trouvé des Juifs allemands pour essayer de « progresser sur ce dossier à travers des discussions franches et directes », comme vous dites. Vous savez mieux que quiconque ce qu’il leur est advenu. Les Arméniens de Turquie le savent aussi.
Le portrait idyllique de cette Turquie démocrate, ouverte au dialogue, assoiffée d’Europe, vous ne pouvez le tracer qu’au prix de ces occultations qui, par leur multitude, font de votre discours une supercherie. Supercherie d’autant plus condamnable que, ni dans cette chronique, ni dans ce qu’on peut lire ailleurs de vous, on ne vous a entendu prononcer une seule condamnation à propos de ces arrestations arbitraires, ces procès truqués et ces exils involontaires. Dans cette longue page en faveur de la Turquie, dites-nous où l’on pourrait trouver un seul mot de compassion, de soutien voire même de sympathie pour ces intellectuels, avocats, journalistes, étudiants et élus du peuple, qui croupissent actuellement dans les geôles de ce gouvernement dont vous ne cessez de vanter les mérites ?
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