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Τρίτη 11 Ιανουαρίου 2011

Obama quitte l'Irak mais sans avoir fini le travail, estime la presse étrangère
03.08.10 |
En annonçant, lundi 2 août, la fin de la "mission de combat américaine" en Irak, Barack Obama respecte là une de ses principales promesses de campagne. Si la presse le reconnaît, elle n'oublie pas de rappeler que le conflit n'est pas pour autant terminé en Irak et que c'est désormais en Afghanistan que la guerre peine le plus à trouver une justification aux yeux de la population.
"Le but de ce discours était de rappeler aux électeurs américains que [Barack Obama] allait respecter la promesse qu'il leur avait faite lors de son élection : terminer la guerre en Irak", écrit Kevin Connolly pour la BBC. Le journaliste estime qu'il s'agit là d'un "exploit logistique sur une échelle de temps stupéfiante" mais que "le président a pris soin de ne pas répéter l'erreur de son prédécesseur, George W. Bush, qui avait déclaré que la mission américaine en Irak avait été accomplie il y a sept ans".
Cette fois-ci, la mission est-elle véritablement accomplie ? Rien de moins évident pour Ruper Cornwell, du journal The Independent. Il rappelle que d'ici à septembre, après le retrait des troupes de combat d'Irak, il restera 146 000 soldats en tout (Irak et Afghanistan), dont environ 50 000 en Irak. Ces derniers seront chargés de former les forces irakiennes, de conduire des opérations anti-terroristes et d'assurer la sécurité des projets de reconstruction.
UNE "INQUIÉTANTE BOÎTE DE PANDORE"
"Si tout se passe comme prévu, ils seront rentrés dans 17 mois", écrit Ruper Cornwell. "Mais il s'agit là d'un gros 'si', comme le montre la querelle des chiffres sur le nombre de victimes civiles irakiennes". "Pour la Maison Blanche, soucieuse de respecter le calendrier de retrait pour focaliser son attention sur l'Afghanistan, 222 civils ont été tués le mois dernier. Les autorités irakiennes parlent elles de 535 morts, ce qui ferait du mois de juillet le plus meurtrier depuis deux ans", analyse-t-il. "Le véritable coût de la guerre – et la question de savoir si finalement ça valait le coup – ne sera pas connu avant plusieurs années".
Même impression pour Baudoin Loos, journaliste au Temps de Genève. "Alors, certes, le pouvoir extrêmement oppressif du parti Baas cher à Saddam Hussein n'existe plus, reconnaît-il. Mais, outre que ce dernier assurait tant bien que mal à la population les services sociaux de base, la démocratie balbutiante à l'irakienne se trouve tempérée par l'impéritie patente des nouvelles élites politiques, la corruption générale et la lancinante préséance des intérêts communautaires ou ethniques – les chiites, majoritaires, privés de pouvoir par les sunnites pendant des décennies, n'entendent plus le quitter, pendant que les Kurdes cherchent d'abord à consolider leur autonomie de fait dans les montagnes du nord-est", accuse-t-il.
Des "élus incapables de s'entendre pour former un gouvernement", un pays qui "vivote à l'ombre des appétits concurrents de ses voisins" : loin d'avoir terminé leur mission, "les Américains ont ouvert une inquiétante boîte de Pandore".
UN "RELATIF SUCCÈS"
Pour Peter Baker, du New York Times, et pour d'autres éditorialistes, "en voulant consolider ses soutiens à l'intérieur, le président américain dessine également les limites de ses ambitions en Irak et en Afghanistan". A l'approche des élections législatives de mi-mandat, prévues pour le 2 novembre 2010, la Maison Blanche a voulu "montrer qu'elle avait respecté une des principales promesses du candidat Obama", écrit le journaliste qui estime que le président américain a finalement géré le dossier avec un "relatif succès".
Un dossier d'autant plus important pour les électeurs américains puisqu'il se situe dans un domaine – la guerre – qui a une "forte signification émotionnelle", comme l'écrivent deux journalistes du Washington Post. "Les soutiens 'anti-guerre' qui avaient élu Obama ont ensuite été déçu par le plan mis en place après son élection, bien moins ambitieux que promis", rappellent-elles.
"DOUTES CROISSANTS SUR LA GUERRE EN AFGHANISTAN"
Une manière de "détourner" l'attention, selon Chris McGreal, du Guardian. Mais Barack Obama "doit maintenant faire face à un test bien plus difficile que l'Irak". "Les pertes américaines en Afghanistan le mois dernier ont atteint un niveau sans précédent dans ce qui est désormais le conflit le plus long de l'histoire des Etats-Unis", écrit le journaliste britannique. "Le président doit faire face aux doutes croissants sur la bonne conduite de la guerre, aggravés par les révélations des 90 000 pages de documents militaires secrets publiés par Wikileaks".
"La stratégie du président est de commencer à faire rentrer quelques-uns des soldats d'ici à un an, mais il a dit qu'il ne permettrait pas aux terroristes de faire un pas de plus en Afghanistan pour attaquer les Etats-Unis", conclut, sceptique, M. McGreal. Et les journalistes du Washington Post d'indiquer également que les opinions sont partagées entre "ceux qui souhaitent un retrait du conflit, au vu de l'importance des pertes, et les autres qui estiment que le plan d'Obama, qui prévoit un retrait pour juillet 2011, est trop risqué et encouragera les groupes extrémistes de la région, dont les talibans".
Hélène Bekmezian
Pour en savoir plus
– L'intégralité du discours de Barack Obama
– Un débat d'experts organisé par le New York Times sur les avantages et les inconvénients du retrait d'Irak
La Turquie déstabilisée par les affrontements avec la rébellion kurde
02.08.10
AFP/DAVID FURST
Des membres du PKK dans une zone frontalière entre l'Irak et l'Iran, en 2006. Considéré comme une organisation terroriste par Ankara, le PKK lutte depuis 1984 pour la défense des droits des 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie.
Diyarbakir (Turquie) Envoyé spécial
Un matin, deux agents de la police antiterroriste ont frappé à la porte de la famille Dagan, dans une banlieue populaire de Diyarbakir, la ville kurde de l'Est. "J'ai tout de suite pressenti quelque chose de grave", raconte Ahmet, le père, en prenant le frais au pied de l'immeuble.
Comme tant d'enfants de la région, le fils aîné, Ozgür, s'était engagé dans la guérilla du PKK, en 2004, sitôt obtenu son diplôme d'ingénieur à l'université. Tué dans des combats avec l'armée turque, près de la mer Noire, son nom s'est ajouté à la longue liste des victimes de la guerre qui, depuis 1984, a fait plus de 40 000 morts.
Depuis la rupture du cessez-le-feu par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le 31 mai, les violences se multiplient en Turquie. Les attaques de la guérilla kurde frappent quasi quotidiennement casernes et convois militaires turcs et les troupes conduisent des opérations dans tout le sud-est de la Turquie.
Le corps d'Ozgür attendait à la morgue de Trabzon, à plusieurs centaines de kilomètres. "Vous venez prendre le corps de ce terroriste ?, nous a demandé le policier en désignant un sac noir posé par terre", raconte le père, larmes aux yeux. Sur les premières photos que lui montre le procureur, le corps ne compte que deux impacts de balles à la tête. Celui qui lui est rendu est méconnaissable, la tête déchiquetée, la cage thoracique béante, la chair brûlée à l'acide. "L'odeur était insoutenable. Je ne sais pas comment j'ai pu rester debout. Ils nous ont dit de partir vite, sinon la population allait nous lyncher."
LUTTE SANS MERCI
Pour la famille, le corps a été mutilé post mortem, une pratique courante, selon les militants des droits de l'homme de Diyarbakir. "Des soldats expliquent comment ils arrachent les yeux, coupent le nez ou les oreilles des guérilleros et s'en font des trophées. Au procès du colonel Temizöz, un ex-chef de la gendarmerie de Diyarbakir, les témoins ont raconté des choses inimaginables", raconte l'avocat Selahettin Coban. Un médecin militaire a aussi décrit les viols sur les cadavres des femmes de la guérilla. Des actes qui s'expliquent, selon l'avocat, par le nationalisme et l'impunité dont jouissent les soldats turcs.
En réaction, les manifestations de soutien au PKK se sont durcies. A Diyarbakir, plusieurs milliers de personnes ont défilé en fin de semaine dernière pour crier vengeance en brandissant des photos de corps mutilés, et scandé des slogans en faveur de la guérilla et d'Abdullah Ocalan, le leader emprisonné depuis 1999. La sono du bus du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), la vitrine légale du PKK, diffusait des chants guerriers et des jeunes cagoulés, armés de pierres et de cocktails Molotov, ont provoqué des affrontements et tenté de passer à tabac des policiers en civil.
Ces tensions ont gagné des grandes villes hors de la région à majorité kurde. A Dörtyol et à Inegöl, des groupes turcs ultranationalistes ont lancé des expéditions punitives, attaqué un commissariat, brûlé des voitures et détruit des commerces kurdes. "Ils voulaient lyncher tous les Kurdes, constate l'avocat Sezgin Tanrikulu, figure intellectuelle kurde indépendante. Ce serait bien que la police montre la même tolérance à Diyarbakir. La césure idéologique entre Turcs et Kurdes va devenir une séparation géographique. Tous les Kurdes qui vivent à l'ouest vont se sentir en danger, chaque incident peut dégénérer en affrontement ethnique."
En campagne pour le référendum du 12 septembre, où les Turcs se prononceront sur la réforme de la Constitution proposée par son gouvernement, le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a promis une lutte sans merci contre le PKK, adoptant le discours musclé de son électorat le plus nationaliste.
Face aux accusations de mauvais traitements lancées contre l'armée, il a répliqué que "personne ne serait autorisé à se faire l'avocat des terroristes". "Le gouvernement ne propose aucune solution et a montré son ignorance de la question kurde, constate M. Tanrikulu. Les jeunes, qui ont grandi avec toutes ces injustices, sont de plus en plus radicaux." Le discours politique se fait aussi plus revendicatif. Le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir, a enfreint un tabou, dimanche 1er août, en évoquant son espoir qu'un "parlement régional du Kurdistan" soit créé et qu'un drapeau kurde flotte à côté du drapeau turc.
La prison de Diyarbakir reste un vivier pour la guérilla
02.08.10 |
"Qu'a fait mon fils pour se retrouver là ?", gémit Hazime. Cette mère, coiffée du voile de coton blanc traditionnel kurde, est assise sur un banc devant la porte de la prison de haute sécurité de Diyarbakir, réservée aux prisonniers politiques. Kadri militait à l'université et recrutait des jeunes pour les orienter vers la guérilla du PKK. "Un jeune de 15 ans l'a dénoncé l'an dernier, ajoute son ami Lütfü, venu lui apporter sa guitare et des livres. Il n'a pas encore été jugé, mais il sera condamné à six ans, la peine pour appartenance à une organisation terroriste. Heureusement, grâce à la culture du parti et au soutien des amis, son moral est bon."
Sous un toit en tôle qui les protège à peine du soleil de plomb, des dizaines de visiteurs attendent, pour aller voir un père, un fils, une soeur détenus au milieu d'une étendue désertique, à la périphérie de la ville. Le temps de parloir est de quarante minutes. Pas une de plus.
A l'intérieur, les cellules sont pleines à craquer. Il y a deux fois plus de détenus que ne peut en héberger la prison. Depuis décembre, des vagues d'arrestations de militants kurdes, soupçonnés d'appartenir à l'Union des communautés kurdes (KCK), une branche du PKK active dans les villes de Turquie, ont envoyé plus de 1 500 personnes derrière les barreaux. "Mon frère, âgé de 45 ans, est là depuis sept mois, témoigne Ahmet. La police a dit qu'elle l'avait vu entrer dans l'immeuble où se trouve un syndicat. La plupart des gens sont en prison sans véritable raison." "Ils enferment tous ceux qui ont des idées", s'emporte Kibar, dont le discours formaté trahit son appartenance au parti. Son père, arrêté en décembre, a déjà passé dix ans derrière les barreaux pour appartenance au PKK.
"Mon frère a été condamné à dix-neuf ans ferme pour avoir brûlé une moto de police. Il était marié depuis cinq mois", soupire Nazime. "Ici, les enfants apprennent des choses qu'ils ne connaissaient pas, c'est une école de la guérilla", fait remarquer cette jeune femme maigre et nerveuse. A l'intérieur, le PKK organise la résistance, assure l'éducation des jeunes illettrés et la propagande politique. Les ouvrages et les discours d'Ocalan circulent sans mal entre les cellules. La fille d'un maire d'une petite ville de la région, emprisonnée, n'avait pourtant guère le profil d'une "terroriste", selon sa meilleure amie. "Je sais qu'elle sortira de là plus militante et plus engagée dans l'organisation", admet sa mère.
La Grèce est désormais le bon élève de la classe européenne
12.07.10
De mémoire récente, aucun autre gouvernement européen n'a tenté ce qu'ils sont en train de faire simultanément : réduire les dépenses publiques, combattre la fraude fiscale, transformer l'appareil d'Etat et réformer l'économie en profondeur, tout en réduisant le déficit budgétaire massivement - une baisse équivalant à 5 % du PIB en l'espace d'un an. On est en Grèce, berceau de la crise de la dette qui frappe l'Europe depuis plus de six mois.
Un rapport publié la semaine dernière par les services de la Commission européenne confirme qu'il y a bien à Athènes un gouvernement fort et déterminé qui prend au sérieux les problèmes du pays, et qui a commencé de montrer qu'il respecte ses promesses. Le pays est loin d'être sorti d'affaire, mais à l'évidence il est gouverné par une équipe qui dit ce qu'elle fait, et qui fait ce qu'elle dit.
Courage de dire la vérité
Tout n'est pas facile pour le gouvernement de Georges Papandréou, le premier ministre, qui a eu le courage de dire d'abord la vérité sur la profondeur des problèmes de son pays, de voir ensuite qu'il n'y aurait pas de solution facile pour les surmonter. Les syndicats grecs appelaient ainsi la semaine dernière à une journée de grève générale - la sixième cette année - la veille du jour où le Parlement votait une loi augmentant l'âge de la retraite, diminuant le montant des pensions et salaires garantis, et réformant le droit du travail pour faciliter embauches et licenciements.
Comme l'indique le rapport de la Commission européenne, il reste des zones à problèmes, notamment l'inflation, la collecte de l'impôt et la réforme de l'appareil statistique. Ce n'est pas surprenant, compte tenu de l'ampleur de la tâche. Le moins qu'on puisse dire est que d'autres gouvernements de l'Union, que les marchés contraignent à la responsabilité budgétaire, ne font pas preuve du même esprit de décision.
Même si la Grèce met en oeuvre jusque dans ses derniers détails son plan de redressement économique, il lui sera peut-être difficile d'éviter une restructuration de sa dette publique, qui devrait atteindre près de 150 % du PIB en 2016. Il en coûte toujours au pays 8 % de plus qu'à l'Allemagne pour s'endetter à dix ans, ce qui montre le scepticisme persistant des marchés. On comprend que les dirigeants de la zone euro n'aient pas envie d'évoquer publiquement cette perspective, compte tenu des incertitudes. Mais si la restructuration devient inévitable dans quelques années, l'autorité acquise par M. Papandréou pendant ces années noires renforcera sérieusement sa crédibilité vis-à-vis de ses créanciers.
Istanbul bétonne ses vieux quartiers
27 juillet 2010 Süddeutsche Zeitung Munich
La métropole turque, capitale européenne de la culture cette année, pourrait bientôt perdre son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. En cause, la politique de destruction de la vieille ville menée par des promoteurs, soutenue par les autorités locales.
Istanbul, une ville magnifique. Mais une ville malmenée aussi. C’est du moins le sentiment de l’architecte Korhan Gümüs : "C’est tantôt un parti qui gagne les élections, tantôt l’autre. Mais Istanbul perd à tous les coups. C’est comme ça depuis la naissance de la république". En réalité, cela remonte peut-être même à plus loin encore. Le moindre coup de bêche fait, en effet, ressurgir les vestiges de Rome et de Byzance : 2500 années d’histoire reposent ici, oubliées et enterrées les unes après les autres.
La cité des sultans ottomans ne devait toutefois pas connaître le même sort. Les Turcs tenant à préserver l’héritage de leurs ancêtres, l’UNESCO a inscrit la vieille ville au patrimoine culturel mondial en 1985. Cette langue de terre située entre la mer de Marmara et la Corne d’Or, où se dressent, au soleil couchant, les silhouettes de la Mosquée bleue et de Sainte-Sophie au milieu d’une nuée de mouettes, en désarme encore plus d’un. Bonne nouvelle, ni les mouettes ni les minarets ne sont menacés.
Le reste, si. La vieille ville pourrait perdre son statut de patrimoine culturel mondial pour être classée patrimoine en danger. Nombreux sont ceux qui approuvent en silence : elle retrouverait sa juste place. Mais pour les édiles de la ville, qui s’enorgueillissent du titre de capitale européenne de la culture 2010 [avec Pésc en Hongrie, et la Ruhr, en Allemagne], c’est une gifle retentissante, un scandale.
Un projet sabordé
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut se promener dans les quartiers de Fener et Balat. C’est là que se trouve le siège du patriarcat grec orthodoxe et que vivaient autrefois les Arméniens, les Juifs et les Bulgares. Ces quartiers pleins de charme abritent encore d’innombrables maisons traditionnelles en bois. L’UNESCO a donc lancé un programme de protection du quartier. Mais sous l'égide de la municipalité de Fatih [qui englobe les deux quartiers], rien ne s'est déroulé comme l’avait prévu l’organisation de protection du patrimoine.
Alors que l’UNESCO proposait ses fonds et son savoir-faire, la commune n'a pas fait le moindre geste de bonne volonté, au contraire, elle a fait tout son possible pour saboter cette initiative. "Ils soufflaient aux habitants qu’il s’agissait d’un projet secret du patriarcat grec, explique l’avocate Aysegül Kaya. On disait que le patriarche de Constantinople avait obtenu le soutien de l’UNESCO pour ériger un deuxième Vatican, un Etat religieux indépendant".
Absurde ? Oui, mais cet Etat a l'habitude d'attiser la flamme de la paranoïa chez ses concitoyens. Les représentants de l’UNESCO venus offrir leur argent et leurs services aux heureux propriétaires du quartier, se sont heurtés à bien des portes closes. Puis, au sein de la municipalité, l’AKP s'est occupé à son tour du dossier. Menacés de saisie, les habitants ont dû céder leur maison à des intermédiaires à prix honteux. Aujourd’hui, les autorités mettent en place leur programme de "restauration" à coups de pelleteuses. Les maisons détruites sont reconstruites "dans le style ottoman". Kaya, l’avocate, a vécu ici pendant plusieurs années. "Ils disent que les vieilles demeures ne sont pas aux normes antisismiques. C’est complètement absurde. Ils ne laissent que les façades. Le quartier est devenu un immense projet immobilier. Des centaines de maisons ont déjà disparu. Toute la zone contenue à l’intérieur des remparts est victime du népotisme et de la spéculation"
Le règne de la corruption
Pour Korhan Gümüs, la municipalité est en train de transformer un quartier vivant en Disneyworld ottoman. Ne pouvant contrôler le projet de l’UNESCO, elle a  préféré le saborder. "Cela aurait été un projet pilote. Un modèle de transparence et de coopération avec les habitants du quartier. La réussite de cette initiative aurait eu un impact bien au-delà des limites du quartier. Cela aurait montré que c’en était fini de la politique ‘à la turque’. C’est aussi pour cela que le plan devait échouer". La politique ‘à la turque’ ? "L’Etat renonce à faire appel au savoir-faire des experts, à l’intelligence de la société. Il gère tout de manière technocratique. Au lieu de s’adresser à des architectes ou à des restaurateurs, il se tourne vers des entreprises du bâtiment. Le résultat est là : corruption et injustice. Les autorités représentent les intérêts des puissants, des entreprises".
Certains, comme l’écrivain Murat Belge, soupçonnent le pouvoir d’avoir obtenu ce qu’il voulait : carte blanche pour s’en mettre plein les poches et défendre une vision de la modernité issue de la pensée occidentale des années 60 et 70. Mais du côté du gouvernement aussi souffle un vent de panique. La crainte de l’humiliation. "En coulisses, la Turquie exerce d’énormes pressions sur l’UNESCO", déclare Korhan Gümüs. L’architecte reste pourtant optimiste. Certes, il a perdu beaucoup de batailles. Mais "chaque défaite nous montre à chaque fois un peu plus que nous pouvons aussi gagner". Admirable longanimité d’Istanbul. En attendant, les pelleteuses s’activent.

http://www.presseurop.eu/fr
Το διπλωματικό βάρος του Βατικανού.
12.12.10   Stéphanie Le Bars

Τα «σημειωματάρια» του Στέιτ Ντιπάρτμεντ που δημοσιεύτηκαν από την "Le Monde" υπογραμμίζουν το ενδιαφέρον των Ηνωμένων Πολιτειών για τα καθολικά δίκτυα και τον παπικό λόγο.

Η επιρροή της "διπλωματίας του Βατικανού" στις υποθέσεις του κόσμου προβάλλεται συχνά, ενίοτε υπερεκτιμούμενη, σπάνια λεπτομερή. Τα τηλεγραφήματα του Στέιτ Ντιπάρτμεντ που διέρρευσαν στη WikiLeaks και μελετήθηκαν από τη Le Monde, επιβεβαιώνουν τη σημασία που δίνουν οι Αμερικανοί διπλωμάτες στον δημόσιο λόγο του Πάπα, για να ζυγίζονται σχετικά γεωπολιτικά ζητήματα και να ενισχύονται οι αμερικανικές θέσεις. Πολλές φορές τονίζεται "το βάρος" του παπικού λόγου ‘στις παραδοσιακές καθολικές χώρες’. "Το Βατικανό είναι μία από τις λίγες κυρίαρχες οντότητες που έχει παρουσία σχεδόν σε κάθε χώρα του κόσμου."

Η πρεσβεία των Ηνωμένων Πολιτειών στην Αγία Έδρα δείχνει επίσης ενδιαφέρον για τις πληροφορίες που συγκεντρώνονται από τις Αποστολικές πρεσβείες ή από τις θρησκευτικές συνάξεις σ'ολόκληρο τον κόσμο, ιδίως στη Κίνα, όπου χάρη στις επαφές τους με την ανεπίσημη και επίσημη κινέζικη εκκλησία, το Βατικανό διαθέτει "εξαιρετικές πηγές πληροφοριών σχετικά με τους αντιφρονούντες, τα ανθρώπινα δικαιώματα , την θρησκευτική ελευθερία, τον έλεγχο των πληθυσμών από την κυβέρνηση", ή στη Βόρεια Κορέα, όπου «πηγαίνουν τακτικά καθολικές φιλανθρωπικές οργανώσεις».
Μια από τις πληροφορίες αναφέρει χαρακτηριστικά: Κατά την επιστροφή της από την Κούβα, Αμερικανοί διπλωμάτες συναντούν τακτικά μια καλόγρια που βρίσκεται στον περίγυρο του Φιντέλ Κάστρο. Στην προσπάθεια τους να αποκτήσουν πληροφορίες σχετικά με την κατάσταση της υγείας του Lider Maximo, σχολιάζουν: "φαίνεται να έχει καλή πρόσβαση σε αυτόν, αλλά διαφαίνεται ότι ο ίδιος έχει επίσης σημαντική επιρροή σε αυτήν."
Οι διπλωμάτες χαιρετίζουν επίσης τη δράση της Κοινότητας του Αγίου Αιγιδίου, που ασχολείται με την επίλυση των εσωτερικών συγκρούσεων και το θρησκευτικό διάλογο. Τονίζουν ότι τα μέλη της μπορούν να είναι "καλές πηγές πληροφοριών και σχολίων σε διάφορα θέματα, και όχι μόνο εκείνων που σχετίζονται με την Εκκλησία".
Ωστόσο, φαίνεται ότι, από την πλευρά τους, οι διπλωμάτες του Βατικανού προσπαθούν να επιβάλουν τις απόψεις τους στις Ηνωμένες Πολιτείες, μεταξύ άλλων στο τομέα της βιοηθικής και της θρησκευτικής ελευθερίας.
Τουρκία    
Η θέση του Βατικανού σχετικά με την είσοδο της Τουρκίας στην Ευρωπαϊκή Ένωση (ΕΕ), που υποστηρίζεται από τις Ηνωμένες Πολιτείες, είναι μια επαναλαμβανόμενη ανησυχία στα διπλωματικά τηλεγραφήματα.
Ενώ το 2004, ο καρδινάλιος Ratzinger, ο μελλοντικός Βενέδικτος ο 16ος, ήταν πολύ απρόθυμος για αυτήν την υπόθεση, το Βατικανό αναγκάστηκε να υπενθυμίσει στους Αμερικανούς ότι ο καρδινάλιος όσο υψηλή και αν ήταν η θέση του στη Ρωμαϊκή Κουρία, εξέφραζε "την προσωπική του άποψη" και ότι η Άγια Έδρα υποστήριζε επίσημα την ένταξη.
Το 2006 οι ΗΠΑ, ανυπόμονοι να ενθαρρύνουν την Αγία Έδρα "να κάνει περισσότερα για να φέρει ένα θετικό μήνυμα σχετικά με την Τουρκία και την ολοκλήρωση της" στην ΕΕ, εκφράζουν την αισιοδοξία τους: εκτιμούν ότι "Η επιμονή μας σχετικά με τη χρήση της ολοκλήρωσης και εισόδου στην ΕΕ ως μια ευκαιρία για τη βελτίωση της ζωής των χριστιανών στην Τουρκία θα έχει ανταπόκριση στο Βατικανό".
Ανήσυχο το Βατικανό για την τύχη των χριστιανικών μειονοτήτων στις χώρες με μουσουλμανική πλειοψηφία - αντιπροσωπεύουν το 0,2% του πληθυσμού στην Τουρκία -, συνηγορεί ακούραστα υπέρ της θρησκευτικής ελευθερίας.

Ιράκ     
Οι Αμερικανοί διπλωμάτες δείχνουν απογοητευμένοι από τις επιφυλάξεις του Βατικανού σχετικά με την κατάσταση στο Ιράκ τον Απρίλιο του 2007. Παρά τις αμερικανικές προσπάθειες προς τη Κουρία για να παρουσιάσουν το δόγμα του προληπτικού πόλεμου στο Ιράκ ως κοντινή έννοια του "δίκαιου πόλεμου" που αναπτύχθηκε από τον Άγιο Αυγουστίνο και τον χριστιανό φιλόσοφο Θωμάς Ακινάτης, το Βατικανό αντιτίθεται στην στρατιωτική επέμβαση και επανειλημμένα εξέφρασε την ανησυχία του σχετικά με τον αριθμό των νεκρών και τη γενική κατάσταση στη χώρα. Ο Αμερικανός πρεσβευτής στην Αγία Έδρα επισημαίνει "τις πολλές θετικές εξελίξεις που παρατηρούνται σε πολλές περιοχές του Ιράκ". «Θα συνεχίσουμε να ασκούμε πίεση για να εξασφαλιστεί ότι το Βατικανό θα δημοσιεύσει εποικοδομητικά σχόλια σχετικά με το Ιράκ», επιβεβαιώνει ο Αμερικανός επιτετραμμένος.

Μέση Ανατολή    
Το 2002, στην καρδιά της δεύτερης Ιντιφάντα, οι Αμερικανοί ζήτησαν από το Βατικανό να επικοινωνήσει με τον Γιασέρ Αραφάτ, Πρόεδρο της Παλαιστινιακής Αρχής για να διατάξει την "Διακοπή της βίας". Ο διπλωμάτης του Βατικανού συμφωνεί. Πρωτύτερα, οι Ηνωμένες Πολιτείες εξέφρασαν την λύπη τους για το γεγονός ότι η Αγία Έδρα δεν εκμεταλλεύεται περισσότερο τις "καλές σχέσεις της με το Ιράν" και δεν τις έχει χρησιμοποιήσει στα πλαίσια των συζητήσεων σχετικά με την πολιτική κατάσταση στο Λίβανο ή σχετικά με το πυρηνικό πρόγραμμα του Ιράν.
Από τη πλευρά της, η Αγία Έδρα προτρέπει τους Αμερικανούς να διατηρούν δεσμούς με τη Συρία και το Ιράν. Πιο συγκεκριμένα, το 2008, στη διάρκεια της Διάσκεψης Κορυφής της FAO που πραγματοποιήθηκε στη Ρώμη, ο Αμερικανός πρέσβης αποθαρρύνει τον Βενέδικτο τον 16ον να δεχθεί τον Πρόεδρο Mahmoud Ahmadinejad, που του είχε ζητήσει ακρόαση. Στηριζόμενη στην αδυναμία του να ανταποκριθεί σε όλες τις αιτήσεις, ο Πάπας στη συνέχεια δεν θα συναντήσει κανένα αρχηγό κράτους.

Αφρική και η Κοινότητα του Αγίου Αιγιδίου      
Αποδεικνύοντας την ίδια βαθιά ανικανότητα μπροστά στη κατάσταση στο Κίβου το 2001, οι Αμερικανοί διπλωμάτες δηλώνουν ότι η πρεσβεία ζήτησε επανειλημμένα να εμπλακεί περισσότερο η Κοινότητα του Αγίου Αιγιδίου στις συζητήσεις γύρω από την περιοχή αυτή της Δημοκρατίας του Κονγκό. Εν τω μεταξύ, το Βατικανό ζητεί να ενταθεί η αμερικανική και οι βρετανική πίεση για την απόσυρση των στρατευμάτων της Ουγκάντας και της Ρουάντας από το Κίβου.
Πολλές φορές, οι Αμερικανοί κάνουν έκλυση στο Πάπα να μιλήσει στο κοινό σχετικά με τη Ζιμπάμπουε. Την άνοιξη του 2007, αυτό το"έντονο lobbying" θα αποφέρει καρπούς, σύμφωνα με τους διπλωμάτες. Στο μήνυμα του ‘urbi et orbi’ το Πάσχα του 2007, ο Πάπας αναφέρεται στις "σοβαρές κρίσεις" που ταράζουν αυτή τη χώρα, υποστηρίζοντας τους Επισκόπους που είχαν πάρει θέση εναντίον του καθεστώτος του Robert Mugabe.

Βιοηθική, ΓΤΟ και κλίμα
Το 2008, οι Αμερικανοί υπογραμμίζουν τη δυνητική επιρροή του Βατικανού στις καθολικές χώρες υπέρ της απαγόρευσης της ανθρώπινης κλωνοποίησης. Από τη πλευρά της, η Αγία Έδρα πιστεύει ότι οι Ηνωμένες Πολιτείες πρέπει να κάνουν περισσότερα για να εξασφαλίσουν ότι η έρευνα σε βλαστοκύτταρα ενηλίκων προσφέρεται ως εναλλακτική πρόταση για την έρευνα σε εμβρυϊκά βλαστοκύτταρα, για την οποία η καθολική εκκλησία είναι τελείως αντίθετη.
Πάντα διστακτική, η θέση του Βατικανού σχετικά με τη χρήση των γενετικά τροποποιημένων οργανισμών (ΓΤΟ) παρακολουθείται από το 2005 από κοντά από τις Ηνωμένες Πολιτείες. Η Πρεσβεία τους στην Αγία Έδρα διεξάγει lobbying των ομάδων συμφερόντων για να συμμαχήσει το Βατικανό σ’ αυτό το θέμα. "Επιμένοντας για τα οικονομικά οφέλη των γεωργών από την χρήση των ΓΤΟ στις αναπτυσσόμενες χώρες", οι διπλωμάτες ελπίζουν να πείσουν την καθολική εκκλησία για την "ηθική επιταγή" χρήσης των ΓΤΟ. Με την ευκαιρία, θα μπορούσε να συμβάλει στην αποδοχή των εν λόγω προϊόντων και στις χώρες του Νότου.
Πριν από την υπογραφή της τελικής συμφωνίας της Διάσκεψης της Κοπεγχάγης τον Ιανουαρίου του 2010, οι Ηνωμένες Πολιτείες πείθουν το Βατικανό να "ενθαρρύνει ήσυχα" διάφορες χώρες να υπογράψουν το τελικό κείμενο. Μια προσέγγιση που εκτιμήθηκε ιδιαίτερα από την πρεσβεία, που υπενθυμίζει ότι γενικά, "Το Βατικανό είναι απρόθυμο να θέτει σε κίνδυνο την ανεξαρτησία και το ηθικό κύρος του συμπαρατασσόμενο με ομάδες ιδιωτικών συμφερόντων."
Stéphanie Le Bars
Μετάφραση από τα γαλλικά από τον Christian. για το Ινφογνώμων Πολιτικά.

Le poids diplomatique du Vatican
Le Monde   Article paru dans l'édition du 12.12.10

Les « mémos » du département d'Etat révélés par « Le Monde » soulignent l'intérêt des Etats-Unis pour les réseaux catholiques et la parole papale

L'influence de la « diplomatie vaticane » sur les affaires du monde est souvent évoquée, parfois surestimée, rarement détaillée. Les télégrammes du département d'Etat obtenus par WikiLeaks et consultés par Le Monde confirment l'importance qu'accordent les diplomates américains à l'expression publique du pape, pour peser sur des dossiers géopolitiques et conforter les positions américaines. A plusieurs reprises est mis en avant « le poids » de la parole papale « dans les pays traditionnellement catholiques ». « Le Vatican est l'une des rares entités souveraines à avoir une présence dans presque tous les pays du monde. »
L'ambassade des Etats-Unis auprès du Saint-Siège se montre aussi intéressée par les informations recueillies par les nonciatures apostoliques ou les congrégations religieuses présentes à travers le monde, notamment en Chine, où grâce à ses contacts avec l'Eglise souterraine et l'Eglise officielle chinoises, le Vatican a « d'excellentes sources d'information sur les dissidents, les droits de l'homme, la liberté religieuse, le contrôle du gouvernement sur les populations », ou en Corée du Nord, où « des organisations caritatives catholiques se rendent régulièrement ».
A son retour de Cuba, les diplomates américains rencontrent ainsi une religieuse proche de Fidel Castro pour obtenir des indications sur l'état de santé du Lider Maximo, tout en commentant : « Elle semble avoir un bon accès à lui, mais il apparaît qu'il a aussi une grande influence sur elle. »
Les diplomates saluent aussi l'action de la communauté Sant'Egidio, engagée dans la résolution de conflits et le dialogue interreligieux. Ils soulignent que ses membres peuvent être « de bonnes sources d'information et de commentaires sur une variété de sujets, et pas seulement ceux liés à l'Eglise ».
Mais il apparaît que, de leur côté, les diplomates du Vatican s'efforcent de faire valoir leurs vues auprès des Etats-Unis, notamment en matière de bioéthique et de liberté religieuse.
TurquieLa position du Vatican sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE), soutenue par les Etats-Unis, est un sujet récurrent de préoccupation dans les câbles diplomatiques.
Alors qu'en 2004, le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, s'était montré très réticent face à cette hypothèse, le Vatican avait dû rappeler aux Américains que le cardinal, aussi haut placé fût-il dans la curie romaine, s'exprimait « à titre personnel », et que le Saint-Siège y était officiellement favorable.
En 2006, soucieux d'encourager le Saint-Siège « à faire davantage pour porter un message positif sur la Turquie et son intégration » dans l'UE, les Américains posent des éléments de langage : « Notre insistance à utiliser l'intégration et l'entrée dans l'UE comme une opportunité pour améliorer la vie des chrétiens en Turquie aura un écho au Vatican », estiment-ils.
Inquiet du sort des minorités chrétiennes dans les pays à majorité musulmane - ils représenteraient 0,2 % de la population en Turquie -, le Vatican plaide sans relâche pour la liberté religieuse.
Irak Les diplomates américains se montrent chagrinés par les réserves du Vatican sur la situation en Irak en avril 2007. En dépit des efforts américains auprès de la curie pour présenter la doctrine de la guerre préventive en Irak comme proche du concept de « guerre juste » développée par saint Augustin et le philosophe chrétien Thomas d'Aquin, le Vatican est opposé à l'intervention militaire et s'est à plusieurs reprises inquiété du nombre de morts et de la situation générale dans le pays. L'ambassadeur américain auprès du Saint-Siège met en avant « les nombreux développements positifs observés dans plusieurs régions d'Irak ». « Nous continuons à faire pression pour que le Vatican publie des commentaires constructifs sur l'Irak », assure le chargé d'affaires américain.
Proche-Orient En 2002, en plein coeur de la seconde Intifada, les Américains demandent au Vatican de s'adresser à Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne, pour qu'il fasse « cesser les violences ». Le diplomate du Vatican donne son accord... Plus récemment, les Américains ont exprimé leurs regrets que le Saint-Siège ne profite pas davantage de ses « bonnes relations avec l'Iran » et ne les ait pas utilisées dans le cadre des discussions sur la situation politique au Liban ou sur le dossier nucléaire iranien.
De son côté, le Saint-Siège exhorte les Américains à conserver des liens avec la Syrie et l'Iran. Plus concrètement, en 2008, lors du sommet de la FAO qui se tient à Rome, l'ambassadeur américain dissuade Benoît XVI de recevoir le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a sollicité une audience. Invoquant son incapacité à répondre à toutes les demandes, le pape renonce alors à rencontrer le moindre chef d'Etat.
Afrique et Sant'Egidio Démontrant en creux une même impuissance face à la situation au Kivu en 2001, les diplomates américains affirment que l'ambassade a demandé à plusieurs reprises à Sant'Egidio de s'engager davantage dans les discussions autour de cette région de la République démocratique du Congo. De son côté, le Vatican demande que s'accentuent les pressions américaines et britanniques pour obtenir le retrait des troupes ougandaises et rwandaises du Kivu.
A plusieurs reprises, les Américains exhortent le pape à prendre publiquement la parole sur le Zimbabwe. Au printemps 2007, ce « lobbying intense » portera ses fruits, selon les diplomates. Lors de son message urbi et orbi à Pâques, en 2007, le pape évoque « les graves crises » qui secouent ce pays, soutenant les évêques qui ont pris position contre le régime de Robert Mugabe.
Bioéthique, OGM et climat En 2008, les Américains soulignent l'influence potentielle du Vatican dans les pays catholiques pour soutenir l'interdiction du clonage humain. De son côté, le Saint-Siège estime que les Etats-Unis doivent faire davantage pour que la recherche sur les cellules souches adultes propose une alternative à la recherche sur les cellules souches embryonnaires, ce à quoi l'Eglise catholique est formellement opposée.
Toujours hésitante, la position du Vatican sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) est, dès 2005, suivie de près par les Etats-Unis. L'ambassade près du Saint-Siège mène un lobbying pour rallier le Vatican sur cette question. « En insistant sur les bénéfices économiques des OGM pour les fermiers des pays en voie de développement », les diplomates espèrent convertir l'Eglise catholique « à l'impératif moral » des OGM, ce qui, au passage, pourrait contribuer à l'acceptation de ces produits dans les pays du Sud.
Avant la signature de l'accord final de la conférence de Copenhague en janvier 2010, les Etats-Unis convainquent le Vatican d'« encourager discrètement » divers pays à signer le texte final. Une démarche particulièrement appréciée par l'ambassade américaine, qui rappelle que, généralement, « le Vatican est réticent à compromettre son indépendance et son autorité morale en s'associant aux efforts de lobbies particuliers ».
Stéphanie Le Bars
Le test valait bien le stress
02.08.10
Les dernières années nous ont rappelé quel est le coût économique d'une crise spasmodique du système bancaire, et combien grande est, en ce cas, l'urgence d'une intervention massive et résolue. Depuis plus d'un an, notamment depuis la publication par le Fonds monétaire international (FMI) d'évaluations alarmantes, la question se posait de savoir si, comme le Japon il y a dix ans, l'Europe était exposée au risque presque aussi sérieux d'une crise latente, génératrice d'asphyxie économique.
C'est à cette question que devaient répondre les "stress tests" des banques européennes, dont les résultats viennent d'être rendus publics.
Ces tests consistent à évaluer la solvabilité à venir des banques sous des hypothèses économiques et financières communes. C'est loin d'être une technique sans défaut : résumer la distribution des risques en deux ou trois scénarios plus ou moins gris est forcément arbitraire.
En mai 2009 cependant, après la publication de chiffres sur les 19 principales banques et les besoins en capital qui résultaient des tests, le marché financier américain a retrouvé la sérénité qui lui faisait défaut depuis plusieurs mois. Les opérateurs se sont convaincus qu'un nouveau choc resterait gérable, et grâce à la publication de données détaillées banque par banque, les rumeurs ont cessé de prévaloir sur les faits.
Les Européens auraient dû immédiatement emboîter le pas des Américains, comme le leur réclamaient économistes et analystes de marché. Mais partie par réticence à l'égard de la transparence requise par l'exercice, partie en raison de rivalités entre superviseurs européens et nationaux, ils ont perdu une année avant de s'y résoudre dans l'urgence face au nouvel accès de fièvre induit par les alarmes sur la solvabilité des Etats.
Le débat est maintenant de savoir si les tests suffisent à rassurer ou s'ils offrent une image embellie de la situation financière. Ils ont été critiqués pour n'avoir mis en évidence que 7 banques en difficulté sur les 91 testées, et un besoin en capital total de 3,5 milliards d'euros seulement.
On leur a reproché (à tort) des scénarios économiques insuffisamment pessimistes, et (à juste titre) une définition trop laxiste de la solvabilité ou une prise en compte seulement partielle des risques sur les titres d'Etat (techniquement, seul le risque de dépréciation de leur valeur de marché a été pris en compte, pas celui d'un défaut effectif).
Cependant l'information détaillée fournie avec les résultats est généralement suffisante pour permettre maintenant aux analystes de faire leurs propres évaluations. Goldman Sachs, par exemple, a immédiatement estimé ce qu'auraient donné les tests sous des hypothèses différentes, et aboutit à des résultats plutôt rassurants : avec une définition plus exigeante de la solvabilité ou la prise en compte d'un défaut partiel de la Grèce, davantage de banques seraient en faillite et les besoins en capital seraient accrus, mais dans des proportions encore gérables.
La vraie valeur des tests est ainsi dans la transparence accrue dont ils s'accompagnent - cette même transparence à laquelle s'étaient jusqu'à présent refusés les Européens, conduisant les marchés à soupçonner qu'ils avaient quelque chose à cacher. Malheureusement, elle n'est pas encore complète : si l'Espagne a donné tous les chiffres pour toutes ses banques, les superviseurs allemands s'en sont tenus au strict minimum, notamment en ce qui concerne l'exposition au risque de défaut souverain.
Plus largement, si les hypothèses sont communes, l'évaluation banque par banque est restée du strict ressort de superviseurs nationaux partagés entre le devoir de faire la vérité et le souhait de montrer que leur secteur bancaire est en bonne santé. Il aurait été préférable d'aller un pas plus loin dans le contrôle de l'homogénéité des résultats. Il n'empêche : ces tests sont un progrès, et ils suggèrent que l'Europe n'est, finalement, pas condamnée à suivre le Japon sur la voie de la stagnation. C'est une bonne nouvelle.
Courriel : chronique@pisani-ferry.net. Economiste, directeur de Bruegel.
David Cameron relance la polémique sur l'adhésion de la Turquie à l'UE
31.07.10

Au nom des intérêts britanniques, le premier ministre souhaite l'élargissement maximal de l'Union

as question d'animer l'été avec une relance de la polémique sur le thème de l'élargissement de l'Union européenne (UE) : Paris et Berlin n'ont pas multiplié les réactions aux propos de David Cameron sur la Turquie. Le premier ministre britannique effectuait sa première visite officielle dans ce pays depuis son entrée en fonctions. Mardi 27 juillet, à Ankara, il a dit sa « colère » face aux entraves mises, selon lui, à l'entrée de la Turquie dans l'UE.
Se posant en « avocat le plus déterminé », M. Cameron n'a pas cité les deux principaux opposants à cette adhésion : Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Mais il a mentionné le général de Gaulle et fait référence au veto opposé par deux fois à l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté européenne : « Nous savons ce que c'est que d'être mis de côté, mais nous savons également que cela peut évoluer », a noté le premier ministre, accusant encore ses partenaires européens de ne pas comprendre le « véritable islam ».
Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, a précisé : « Nous sommes favorables à la poursuite des négociations avec la Turquie, nous ne sommes pas favorables au point d'arrivée. » C'est-à-dire à une adhésion. En visite à Istanbul mercredi, Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande, a souligné la nécessité de « lier la Turquie à l'Europe », d'approfondir « les relations mutuelles avec ce pays » sans qu'il devienne pour autant membre de l'Union. C'est la proposition du « partenariat privilégié », qui irrite les dirigeants turcs.
Stefan Füle, le commissaire européen à l'élargissement, a évoqué, lui, une « perspective d'entrée ». Confrontée au raidissement de certaines capitales, aux réticences des opinions publiques et au bilan globalement négatif des derniers élargissements, la Commission veut continuer à croire en ses projets. Elle poursuit le travail de négociation avec la Croatie, elle vient de le commencer avec l'Islande. Le début des discussions avec l'ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM) est fixé à 2011. La Serbie, le Monténégro et l'Albanie, voire la Bosnie et le Kosovo nourrissent des espoirs. Tous savent qu'aucune conclusion éventuelle n'interviendra avant 2020.
Qu'en sera-t-il des négociations avec la Turquie, débutées en 2005 ? Le bilan des réformes est toujours jugé insuffisant : un chapitre de négociation a été refermé, même si 13 (sur 35) sont ouverts. Une nouvelle évaluation aura lieu en décembre, centrée sur la question des relations entre Ankara et Chypre. D'ici là, Londres espère forcer l'ouverture de nouveaux chapitres.
Sueurs froides
Dans quel but ? Beaucoup voient l'influence du très puissant ministre des affaires étrangères, William Hague, eurosceptique de choc, sur le discours de M. Cameron. Pour M. Hague, l'adhésion turque rendra l'UE ingouvernable. Elargir au maximum l'entreprise européenne est la meilleure façon de diluer les pouvoirs de Bruxelles.
Par ailleurs, la nouvelle politique étrangère britannique s'intéresse de près aux pays émergents. La Turquie est une puissance régionale majeure. Sa forte croissance, la jeunesse de sa population et ses bonnes relations avec le Caucase, l'Asie centrale et le Moyen-Orient - dont l'Iran et la Syrie - en font un partenaire privilégié.
Enfin, la politique étrangère de la nouvelle coalition britannique est ouvertement guidée par les intérêts économiques. Le Royaume-Uni cherche de nouveaux partenaires commerciaux au-delà de son premier marché d'exportation, l'UE. Ankara a besoin d'infrastructures et d'équipements militaires. Londres espère promouvoir l'industrie britannique tout en attirant les capitaux turcs dans la City.
Le soutien à la Turquie en Europe a toutefois ses limites. David Cameron doit aussi compter avec le lobby pro-israélien, très actif au sein de son équipe tory en la personne du ministre de la défense, Liam Fox. De plus, l'intransigeance des dirigeants turcs sur la question chypriote se heurte aux liens très étroits entre la République de Chypre et son ex-puissance tutélaire, qui y dispose de bases militaires. Dernier élément : alors que M. Cameron a durci sa politique migratoire, la perspective de l'arrivée en masse de citoyens turcs musulmans donne des sueurs froide à sa base conservatrice.
Marc Roche et Jean-Pierre Stroobants