C’est une
obligation morale que de s’élever contre les discours mensongers à propos de la
prétendue solidarité dont feraient preuve les gouvernants des pays les plus
forts de la zone euro à l’égard du peuple grec et d’autres pays fragilisés
(Irlande, Portugal, Espagne…). Les faits contredisent leurs propos relayés de
manière permanente par les médias dominants.
Commençons par une
petite vérification pratique. Connectez-vous sur Internet et tapez « La
Grèce a bénéficié » dans un moteur de recherche. Vous constaterez combien
de médias reprennent la rengaine selon laquelle ce pays fait l’objet d’une aide
considérable. Par exemple, Hans-Werner Sinn,
un des économistes les plus influents en Allemagne, conseiller du gouvernement
d’Angela Merkel, n’hésite pas à affirmer : « La Grèce a bénéficié d'une aide extérieure de 460 milliards d'euros au
travers de diverses dispositions. L'aide apportée jusqu'ici à la Grèce
représente donc l'équivalent de 214 % de son PIB, soit environ dix fois plus
que ce dont l'Allemagne a bénéficié grâce au plan Marshall. Berlin a apporté
environ un quart de l'aide fournie à la Grèce, soit 115 milliards d'euros, ce
qui représente au moins dix plans Marshall ou deux fois et demi un Accord de
Londres. »
Tout ce calcul est faux. La Grèce n’a pas
du tout reçu un tel montant de financement et ce qu’elle a reçu ne peut pas
être sérieusement considéré comme de l’aide. Hans-Werner Sinn met de manière
scandaleuse sur le même pied l’Allemagne à l’issue de la seconde guerre
mondiale que les dirigeants nazis avaient provoquée et la Grèce des années
2000. En outre, il fait l’impasse sur les sommes réclamées à juste titre par la
Grèce à l’Allemagne suite aux dommages subis pendant l’occupation nazie ainsi
que l’emprunt forcé que l’Allemagne nazie a imposé à la Grèce. La dette de
l’Allemagne à l’égard de la Grèce s’élève au bas mot à une centaine de 100
milliards d’euros. Comme l’écrit le site A
l’encontre sur la base des travaux de Karl Heinz Roth, historien du pillage de l’Europe occupée par l’Allemagne
nazie :
« L’Allemagne n’a payé à la Grèce
que la soixantième partie (soit 1,67%) de ce qu’elle lui doit comme réparation
des dévastations de l’occupation entre 1941 et 1944. »
Une série d’arguments solides doivent être
avancés pour démontrer la malhonnêteté intellectuelle du propos de Hans-Werner
Sinn, des gouvernants allemands et des médias à leur service. Ce qui va suivre
ne vaut pas seulement pour la Grèce, on pourrait mener un exercice en certains
points comparables à propos de la supposée aide apportée aux pays de l’ex bloc
de l’Est qui font partie de l’Union européenne, du Portugal, de l’Irlande, de
l’Espagne… Mais comme on le verra dans la troisième partie de cette série d’articles,
les relations entre l’Allemagne et la Grèce ont une histoire qui mérite d’être
prise en compte.
I. Les
plans d’« aide » servent les intérêts des banques privées, pas ceux
du peuple grec
Les plans d’« aide » mis en place
depuis mai 2010 ont d’abord servi à protéger les intérêts des banques privées
des pays les plus forts de la zone euro qui avaient augmenté énormément leurs
prêts tant au secteur privé qu’aux pouvoirs publics grecs au cours des années
2000. Les prêts accordés à la Grèce par la Troïka depuis 2010 ont servi à
rembourser les banques privées occidentales et à leur permettre de se dégager
en limitant au minimum leurs pertes. Ils ont aussi servi à recapitaliser les
banques privées grecques dont certaines sont des filiales des banques
étrangères, françaises en particulier.
Encadré :
Les plans d’« aide » ont servi à protéger les intérêts des banques
privées des pays les plus forts de la zone euro
La dette du secteur privé grec s’est largement développée au cours des
années 2000. Les ménages, pour qui les banques et tout le secteur commercial
privé (grande distribution, automobile, construction…) proposaient des
conditions alléchantes, ont eu recours à l’endettement massif, tout comme les
entreprises non financières et les banques qui pouvaient emprunter à bas coût
(taux d’intérêts bas et inflation plus forte que pour les pays les plus
industrialisés de l’Union européenne tels que l’Allemagne, la France, le
Benelux). Cet endettement privé a été le moteur de l’économie de la Grèce. Le tableau ci-dessous montre que l’adhésion
de la Grèce à la zone euro en 2001 a boosté les entrées de capitaux financiers
qui correspondent à des prêts ou à des investissements de portefeuille (Non-IDE dans le tableau, c’est-à-dire
des entrées qui ne correspondent pas à des investissements de longue durée)
tandis que l’investissement de longue durée (IDE – Investissement direct à
l’étranger) a stagné.
Avec les énormes liquidités mises à leur
disposition par les banques centrales en 2007-2009, les banques de l'ouest
européen (surtout les banques allemandes et françaises, mais aussi les banques
belges, néerlandaises, britanniques, luxembourgeoises, irlandaises…) ont prêté
massivement à la Grèce (au secteur privé et aux pouvoirs publics). Après
2001, l’adhésion de la Grèce à
l’euro lui a valu la confiance des banquiers, pensant que les grands pays européens leur viendraient en aide en cas de
problème. Ils ne
se sont pas préoccupés de la capacité de la Grèce à rembourser le capital prêté
à moyen terme et ont considéré qu'ils pouvaient prendre des risques très élevés
en Grèce. L’histoire leur a donné raison jusqu’ici : la
Commission européenne et, en particulier, les gouvernements français et
allemands ont apporté un soutien sans faille aux banquiers privés d’Europe
occidentale.
Le graphique ci-dessous montre que les banques des pays de l’ouest
européen ont augmenté leurs prêts à la Grèce une première fois entre décembre
2005 et mars 2007 (pendant cette période, le volume des prêts a augmenté de
50%, passant d’un peu moins de 80 milliards à 120 milliards de dollars). Alors
que la crise des subprimes avait
éclaté aux Etats-Unis, les prêts ont de nouveau augmenté fortement (+33%) entre
juin 2007 et l’été 2008 (passant de 120 à 160 milliards de dollars), puis ils
se sont maintenus à un niveau très élevé (environ 120 milliards de dollars).
Cela signifie que les banques privées d’Europe occidentale ont utilisé l’argent
que leur prêtaient massivement et à bas coût la Banque centrale européenne et
la Réserve fédérale des Etats-Unis pour augmenter leurs prêts à des pays comme
la Grèce. Là-bas, les taux étant
plus élevés, elles ont pu faire de juteux profits. Les banques privées
ont donc une très lourde part de responsabilité dans l’endettement excessif de
la Grèce.
Evolution
des engagements des banques d’Europe occidentale à l’égard de la Grèce
(en milliards de dollars)
Source: BRI - BIS consolidated statistics, ultimate
risk basis
Comme le montre l’infographie
ci-dessous, l’écrasante majorité des dettes grecques est détenue par des
banques européennes, à commencer par des banques françaises, allemandes,
italiennes, belges, néerlandaises, luxembourgeoises et britanniques.
Détenteurs
étrangers (quasi exclusivement des banques étrangères et d’autres sociétés
financières) des titres de la dette grecque (fin 2008)
Les prêts accordés par les
gouvernements de la zone euro (directement ou via le Fonds européen de
stabilité financière mis en place à partir de 2010) visaient en réalité notamment
à garantir que la Grèce continue à rembourser les banques des pays d’Europe
occidentale (les banques françaises et allemandes étaient les plus exposées en
Grèce). En somme, l’argent prêté à la Grèce est retourné dans les caisses des
banques allemandes, françaises et autres au titre du remboursement des titres
grecs que ces banques ont achetés en masse jusque fin 2009. Il est
retourné aussi dans la trésorerie des pays prêteurs, dans celle de la BCE, du
FMI et du FESF (voir plus loin).
------Fin de l’encadré------
2. Les
prêts accordés à la Grèce rapportent de l’argent… hors de Grèce !
Les prêts accordés à la Grèce sous la
houlette de la Troïka sont rémunérés. Les différents pays qui participent à ces
prêts gagnent de l’argent. Quand le premier plan de prêt de 110 milliards d’euros
a été adopté, Christine Lagarde, alors ministre des finances de la France, a fait
observer publiquement que la France prêtait à la Grèce à un taux de 5% alors
qu’elle empruntait elle-même à un taux nettement inférieur.
La situation est tellement scandaleuse (un
taux élevé a aussi été appliqué à l’Irlande à partir de novembre 2010 et au
Portugal à partir du mai 2011) que les gouvernements prêteurs et la Commission
européenne ont décidé en juillet 2011 que le taux exigé de la Grèce serait en
fait réduit.
Quel aveu ! Bien que cette décision soit entrée en pratique, la différence
entre le taux d’emprunt auquel ces pays se financent et le taux qui est exigé
de la Grèce est restée importante.
Sous les protestations du gouvernement grec
et face au profond mécontentement populaire qui s’exprime par de fortes
mobilisations sociales en Grèce, les pays prêteurs ont fini par décider de
ristourner à la Grèce une partie des revenus qu’ils tirent des crédits octroyés
à Athènes.
Mais cela revient à redonner une pièce après avoir fait les poches du peuple
grec.
3. La
crise de la zone euro fait baisser le coût de la dette pour l’Allemagne et les
autres pays forts
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les
pays qui dominent la zone euro tirent profit du malheur de ceux de la
périphérie (Grèce, Portugal, Irlande, Espagne, pays de l’ex bloc de l’Est
membres de l’UE). L’aggravation de la crise de la zone euro due à la politique
menée par ses dirigeants et non à cause de phénomènes extérieurs entraîne un
déplacement des capitaux de la Périphérie vers le Centre. L’Allemagne, la
France, les Pays-Bas, la Finlande, le Luxembourg, l’Autriche et la Belgique en
bénéficient grâce à une réduction très forte du coût du financement de leurs
dettes.
Le 1er janvier 2010, l’Allemagne
devait promettre un taux d’intérêt de 3,4% pour émettre des bons à 10 ans
(avant la crise grecque et celle de la zone euro) alors que le 23 mai 2012, le
taux à 10 ans était passé à 1,4%. Cela correspond à une diminution de 60% du
coût du financement. Selon
le quotidien financier français Les Echos,
« un calcul approximatif montre que
les économies générées grâce à la baisse des taux du coût de financement depuis
3 ans s’élève à 63 milliards d’euros ». Somme
à comparer aux 15 milliards (sur 110 répartis entre les différents créanciers) effectivement
prêtés (avec intérêt – voir plus haut) par l’Allemagne entre mai 2010 et
décembre 2011 à la Grèce dans le cadre de sa contribution au premier plan
d’« aide » de la Troïka. Le total des engagements allemands envers la
Grèce, si on additionne les décisions européennes prises entre 2010 et 2012,
s’élève à 67 milliards d’euros. Mais attention, la majeure partie de cette
somme n’est pas encore déboursée tandis que l’économie réalisée selon le calcul
des Echos s’élève déjà à 63 milliards
d’euros.
Nous avons évoqué les taux à 10 ans et à 6
ans payés par l’Allemagne pour emprunter. Si on prend le taux à 2 ans,
l’Allemagne a par exemple émis des titres de cette maturité le 23 mai 2012 à un
taux d’intérêt nul. Début
2012, l’Allemagne a emprunté à 6 mois la somme de 3,9 milliards d’euros à un
taux d’intérêt négatif. A ce propos, Le
Soir écrivait le 23 mai 2012 : « les investisseurs vont recevoir au terme de ces six mois un tout petit
moins (0,0112%) que ce qu’ils ont prêté ».
S’il y avait une once de vérité de vérité
dans le flot de mensonges à propos de la Grèce (du Portugal, de l’Espagne…), on
pourrait lire que la Grèce permet à l’Allemagne et aux autres pays forts de la
zone euro d’épargner des sommes considérables. La liste des avantages tirés par
l’Allemagne et les autres pays du Centre doit être complétée par les éléments
suivants.
4.
Programme de privatisation dont bénéficient les entreprises privées des pays du
Centre
Les politiques d’austérité imposées à la
Grèce contiennent un vaste programme de privatisations dont
les grands groupes économiques, notamment allemands et français, pourront tirer
profit car les biens publics sont vendus à des prix bradés.
A
l’encontre
cite et commente une longue interview donnée par Costas Mitropoulos, un des personnages chargés
du programme de privatisation en Grèce, au quotidien suisse francophone Le Temps le 7 avril 2012 : « Les
bureaux du Fonds hellénique de développement des actifs («Hellenic Republic
Asset Development Fund») jouxtent, à Athènes, un musée consacré à l’histoire de
la capitale grecque. Un symbole, tant le processus de privatisations mené par
une vingtaine d’experts, sous la direction de l’ancien banquier Costas
Mitropoulos, doit changer à terme le visage de la Grèce » avant
d’ajouter : « C’est à ce fonds, constitué à la demande de l’Union
européenne (UE), que l’Etat grec transfère au fur et à mesure les propriétés,
les concessions et les participations qui doivent trouver acquéreur. Avec pour
objectif, selon les plans initiaux de l’UE, d’engranger au moins
50 milliards d’euros de recettes d’ici à la fin 2017. » Costas
Mitropoulos, banquier, a été actif à Genève et souligne que « le
transfert des propriétés à notre fonds, par l’Etat grec, s’est accéléré ». Il poursuit :
« Notre premier message à faire passer est : nous ne sommes pas l’Etat
grec. Nous sommes un fonds indépendant chargé des privatisations, désormais
propriétaire de 3% du territoire grec. Nous avons un mandat de trois ans. Nous
sommes protégés contre les interférences politiques. »
Le journaliste du Temps insiste : « L’êtes-vous
vraiment? Les privatisations, partout dans le monde, sont toujours très
«politiques» et l’Etat grec, qui demeurera présent au capital de nombreuses
sociétés, a très mauvaise réputation… »
La réponse est
sans équivoque : «J’ai, comme banquier d’affaires, présidé aux destinées de
l’une des plus importantes fusions-acquisitions en Grèce : le rachat, par le
groupe international Watson, du groupe pharmaceutique hellénique Specifa pour
près de 400 millions d’euros. Je connais les règles : un investisseur,
pour être aujourd’hui intéressé par une privatisation grecque, doit pouvoir
espérer tripler ou quadrupler sa mise. Un euro investi doit en rapporter trois
ou quatre.»
5. Les
sacrifices imposés aux travailleurs permettent de contenir une poussée
revendicative dans les pays du Centre
Les reculs sociaux infligés aux
travailleurs grecs (mais aussi portugais, irlandais, espagnols…) mettent sur la
défensive les travailleurs d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Autriche, de France, de
Belgique… Leurs directions syndicales craignent de monter au combat. Elles se
demandent comment revendiquer des augmentations salariales si dans un pays
comme la Grèce, membre de la zone euro, on diminue le salaire minimum légal de
20% ou plus. Du côté des directions syndicales des pays nordiques
(Finlande notamment), on constate même avec consternation qu’elles considèrent
qu’il y a du bon dans le TSCG et les politiques d’austérité car ils sont censés
renforcer la saine gestion du budget des Etats.
De
nouveau sur l’accord de Londres de 1953 sur la dette allemande et le plan
Marshall
Comme indiqué dans l’article « Grèce-Allemagne :
qui doit à qui ? (1) L’annulation de la dette allemande à Londres en
1953 », les termes de l’accord signé à Londres tranchent radicalement avec
la manière dont est aujourd’hui traitée la Grèce. De multiples conditions ont
été réunies pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest de se développer rapidement
en permettant la reconstruction de son appareil industriel. Non seulement la
dette contractée par l’Allemagne en-dehors des deux guerres mondiales a été
réduite de plus de 60%, mais le règlement des dettes de guerre et le paiement
des réparations aux victimes civiles et aux Etats ont été reportés à une date
indéterminée : de fait, à la réunification allemande qui est intervenue en
1990 et au traité de paix qui a été signé à Moscou la même année entre les
autorités des deux Allemagnes en cours d’unification, les Etats-Unis, l’URSS,
le Royaume-Uni et la France. Le poids des réparations sur l’économie allemande
a donc été longtemps différé. Et dans le cas des réparations dues la Grèce,
celles-ci n’ont pas représenté le moindre effort de la part de l’Allemagne
puisque les autorités allemandes refusent de donner suite aux demandes
grecques.
A la différence de ce qui s’était passé à
l’issue de la première guerre mondiale, les puissances occidentales ont voulu
après la seconde guerre mondiale éviter de faire peser sur l’Allemagne le poids
de remboursements insoutenables car elles ont considéré qu’ils avaient favorisé
l’accession du régime nazi au pouvoir. Les puissances occidentales voulaient
également une Allemagne de l’Ouest forte économiquement (mais désarmée et
occupée militairement) face à l’Union soviétique et ses alliés. Rien de tel
n’est de mise avec la Grèce et les autres pays de la Périphérie au sein de
l’Union européenne.
Pour atteindre cet objectif, non seulement
le fardeau de la dette a été très fortement allégé et des aides économiques
sous forme de dons ont été octroyées à l’Allemagne, mais surtout on lui a
permis d’appliquer une politique économique tout à fait favorable à son
redéploiement. Les grands groupes industriels privés ont pu se consolider,
ceux-là mêmes qui avaient joué un rôle clé dans l’aventure militaire de la
première guerre mondiale, dans le soutien aux nazis, dans le génocide des
peuples juifs, tsiganes…, dans la spoliation des pays occupés ou annexés, dans
la production militaire et l’effort logistique gigantesque de la seconde guerre
mondiale. L’Allemagne a pu développer d’impressionnantes infrastructures
publiques, elle a pu soutenir ses industries afin de satisfaire la demande
locale et de conquérir des marchés extérieurs. L’Allemagne a même été autorisée
à rembourser une grande partie de sa dette dans sa monnaie nationale. Pour
rendre cela concret, il suffit de réfléchir à la situation qui a suivi l’accord
de Londres de 1953. L’Allemagne rembourse par exemple à la Belgique et à la
France une partie de ses dettes de l’entre deux guerres en deutsche marks. Ces
deutsche marks qui n’avaient pas d’intérêt dans les échanges avec le reste du
monde, Belges et Français ont essayé de s’en débarrasser rapidement en achetant
des marchandises et des équipements fournis par l’économie allemande et
contribué à refaire de l’Allemagne une grande puissance exportatrice.
De leur côté, la Grèce, le Portugal,
l’Irlande, l’Espagne, l’Estonie, la Slovénie et les autres pays périphériques
de la zone euro doivent rembourser leurs dettes publiques en euros alors qu’ils
en manquent vu leur déficit commercial face aux pays les plus forts de la zone
euro. Dans le même temps, les puissances qui dominent la zone euro les obligent,
via la Commission européenne et les traités adoptés, à mener des politiques qui
les empêchent tant de satisfaire la demande de leur marché que d’exporter.
S’ils veulent quand même réussir à exporter, ils sont poussés à réduire encore
plus les salaires, ce qui comprime un peu plus la demande intérieure et
accentue la récession. Le programme de privatisation achève de porter des coups
à leur appareil industriel, à leurs infrastructures et à leur patrimoine en
général.
Pour sortir de cette impasse, il faut
mettre en œuvre un ensemble de mesures économiques et sociales en rupture
radicale avec les politiques menées aujourd’hui, tant dans le cadre national
qu’au niveau européen. Il faut donc réaliser un programme d’urgence face à la
crise.
Prochainement :
Grèce-Allemagne : qui doit à qui ? (3) portera sur le refus des dirigeants
allemands de verser les réparations dues au peuple grec suite à l’occupation
nazie
Voir Damien Millet – Eric
Toussaint, « Europe : Quel programme d’urgence face à la
crise ? »,