Israël menace de bombarder le palais présidentiel de Bachar al-Assad
Par Tyler
Durden
Des informations supplémentaires ont émergé de la réunion du Premier
ministre israélien Netanyahu avec le président Poutine la semaine dernière. Ils
se sont rencontrés dans la station balnéaire de la mer Noire à Sotchi le 23
août pour discuter des développements récents en Syrie. Selon de nouveaux
rapports troublant dans les médias arabes et israéliens, un ancien responsable
israélien accompagnant Netanyahou lors du voyage a menacé d’assassiner
le président syrien Assad en bombardant son palais à Damas, tout en
ajoutant que Israël chercherait à faire dérailler l’accord de désescalade
obtenu cet été à Astana au Kazakhstan et validé entre les États-Unis et la
Russie.
Un haut responsable israélien a averti le gouvernement russe que si l’Iran
continuait d’étendre son influence en Syrie, Israël bombarderait le
palais du président syrien Bachar Assad à Damas, selon des rapports dans
les médias arabes.
Israël a également averti que si des changements sérieux ne se produisaient
pas dans la région, Israël veillerait à ce que l’accord de
cessez-le-feu, conclu par les États-Unis et la Russie à Astana, au Kazakhstan,
soit annulé.
Une source israélienne de haut niveau a déclaré au journal Al-Jadida qu’il
n’y a eu aucune entente entre les Israéliens et les Russes. Cependant, le
Premier ministre Benjamin Netanyahu a précisé à Poutine que ses préoccupations
doivent être prises en compte, sinon Israël sera obligé d’agir.
Ces avertissements ont été lancés la semaine dernière, lors de la rencontre
entre Netanyahou et le président russe Vladimir Poutine.
Comme nous l’avons déjà noté à ce moment-là, les propos impudents que Netanyahou a adressés à
Poutine sur cette escalade «préventive» en Syrie pour détruire ce que les
responsables de la défense israéliens appellent communément le «pont terrestre
iranien» (ou le «croissant Shiite» ), révèlent un désespoir
grandissant, dans la mesure où même L’Occident semble maintenant ignorer les
«lignes rouges» déclarées de manière répétitive par Netanyahou. Bien
que les déclarations publiques de Netanyahou à Sotchi aient été assez
provocantes – menaçant ouvertement l’escalade militaire directe en Syrie, si sa
demande pour le retrait des forces iraniennes n’était pas satisfaite – la
menace qui vient d’être révélée d’assassiner le chef d’Etat en exercice d’un
pays souverain membre de l’ONU porte la guerre des mots à un tout autre niveau.
Le Premier ministre israélien a également partagé des renseignements avec
Poutine qui prétend révéler des plans iraniens pour une présence à long terme
en Syrie. Il semble que Netanyahu soit en train d’en faire son argumentation
devant les médias mondiaux, avec la BBC et d’autres médias internationaux
: « L’Iran est en train de construire des usines de
missiles en Syrie et au Liban: Netanyahu » .
Le Jerusalem Post donne des précisions exactes sur les fonctionnaires qui ont
accompagné Netanyahou en Russie:
Le Premier ministre, accompagné du chef du Mossad, Yossi Cohen, le nouveau
président du Conseil de sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat, et le ministre
Likoud Ze’ev Elkin, qui a servi de traducteur, s’est envolé pour Sotchi sur la
mer Noire pour la rencontre, pour revenir en Israël aussitôt après sa fin.
Nous avions expliqué en outre qu’Israël était depuis longtemps en
guerre ouverte contre la Syrie, bien que les fonctionnaires israéliens et
les médias internationaux le reconnaissent rarement. En 2013, Israël a lancé
une puissante attaque de missiles contre une installation de technologie de
défense syrienne à Jamraya non loin de Damas. Et cependant, la plus éhontée a
été l’attaque de 2016 ciblant l’aéroport international de Damas, qui a
tué un célèbre commandant du Hezbollah. Dans un aveu significatif fait au début
de ce mois-ci, le chef de la force aérienne israélienne a reconnu près d’une centaine d’attaques de Tsahal
contre des convois en Syrie au cours des 5 dernières années.
Netanyahu lui-même a récemment été surpris par un micro resté branché à son insu qui se vantait qu’Israël avait frappé des
cibles syriennes au moins « une douzaine de fois ». Et cela sans
parler du soutien secret d’Israël aux groupes liés à Al-Qaïda dans le sud de la
Syrie, qui impliquerait des transferts d’armes et le traitement
des djihadistes blessés dans les hôpitaux israéliens, ce dernier aspect est
largement connu grâce à une photo impliquant Netanyahu lui-même.
Comme l’ancien directeur par intérim de la CIA, Michael Morell l’avait déclaré directement à la population israélienne, au sujet du «jeu dangereux» d’Israël en Syrie
qui consiste à coucher avec Al-Qaïda pour lutter contre l’Iran chiite.
L’immeuble des bureaux présidentiel de Assad –
New Shaab Palace – se trouve au-dessus du centre de Damas. Source de l’image:
Flickr / Nawar-2012
Alors que, pendant des années, Israël a joué discrètement plus d’un «jeu à
long terme» en Syrie en dehors des médias, en fournissant un soutien
tacite aux terroristes d’al-Qaïda en Syrie le long de la frontière du Golan (dans
les paroles de Netanyahou à Poutine : Israël préfère la «sphère sunnite» à
«l’arrivée des chiites», ce qui reflète une vision troublante et répandue parmi
les fonctionnaires israéliens selon laquelle l’EI est le «moindre mal»), ainsi
qu’en bombardant presque régulièrement des cibles choisies, manifeste
maintenant sa volonté accrue de dire haut et fort et sans réserve ses
intentions au monde entier, ce qui est le résultat des nouvelles réalités qu’il
semble ne pas être préparé à accepter.
Quelles sont les nouvelles réalités dans la région qui poussent les
responsables israéliens à organiser de manière imprudente des fuites sur des
menaces d’assassinat de Assad dans la presse arabe?
Tout d’abord, le gouvernement syrien et ses alliés, la Russie, l’Iran et le
Hezbollah sont en train de gagner la guerre. Dans l’idée d’Israël, l’accord d’Astana
signifie potentiellement que la présence iranienne sera désormais soutenue par
la puissance aérienne russe. Il semble également que, dans le soutien des
États-Unis de «zones de désescalades» dont la mise en œuvre implique
nécessairement l’Iran, les États-Unis accordent une approbation tacite à la
présence de troupes iraniennes en Syrie. C’est le pire cauchemar d’Israël: il a
tellement investi pour faire chuter Assad afin de renverser ensuite ce qu’il prétend
être «l’expansion iranienne et pro-chiite» dans la région.
Deuxièmement, les États-Unis ont globalement signalé à Israël :
débrouillez-vous tout seul pour ce qui est de votre politique en Syrie. Trump a arrêté le programme de la CIA
destiné à renverser Assad – un programme qui a bénéficié de l’aide des services
de renseignements israéliens. D’autres leaders mondiaux comme Macron en France
ont ajouté que Assad est là pour ainsi dire pour un certain temps.
Troisièmement, le Hezbollah vient de terminer l’éradication de l’EI sur la
frontière libano-syrienne et il semble maintenant plus confiant que jamais. Israël s’est engagé
pour l’insurrection sunnite contre Assad car cette insurrection menaçait aussi
l’existence du Hezbollah, que les responsables de la défense israélienne
considèrent comme l’ennemi le plus redoutable directement à la frontière
israélienne. Lundi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
a déclaré le 28 août comme «Deuxième jour de la
libération» du Liban dans un discours télévisé célébrant la victoire militaire
du Liban sur l’EI dans le nord-est du pays. Comme nous l’avions signalé
récemment, c’est un «secret de Polichinelle» que des conseillers des forces
spéciales américaines se coordonnent indirectement avec le Hezbollah via l’armée libanaise, même si c’est
politiquement sensible, car le Liban dépend fortement de l’aide militaire
américaine.
Et enfin, Israël sent que l’opinion internationale se déplace rapidement
maintenant que l’EI est en train de rapidement disparaitre. Il sait que l’opinion mondiale ne tolèrera
pas une autre invasion du style irakien pour un changement de régime au
Moyen-Orient. Et en plus, une telle perspective de changement de régime en
Syrie est d’autant plus difficile que les moyens de défense aériens russes sont
profondément enracinés. Israël se trouve maintenant isolé et l’émotion de
Netanyahou découle de la prise de conscience de tout cela. Ses cris sont
d’autant plus forts qu’ils viennent d’une position de faiblesse.
Aujourd’hui, la seule question qui subsiste est: sur l’infime possibilité
qu’a Israël de créer une escalade militaire en Syrie, jusqu’où la
Russie la laissera aller ?
Traduction : Avic – Réseau International
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