Pourquoi Charles de Gaulle
refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?
Le débarquement du 6 juin 1944, est l’acte fondateur de l’Ere Occidentale
Moderne, avec ses apôtres ou son prophète, Roosevelt ou Churchill, au choix (ou
les deux), avec ses mythes et ses légendes, prétendant faire table rase de
toute l’Histoire antérieure de l’Humanité, voulant expliquer le passé (qui n’a
existé que pour préparer son avènement), le présent et l’avenir à travers elle.
Voilà ce qu’avait pressenti le Général De Gaulle, pourtant un des héros de
cette épopée.
***
Une page d’histoire relayée sur le blog: les raisons pour lesquelles
Charles De Gaulle refusait de commémorer le débarquement du 6 Juin. Peut-on
donner raison à cet homme qui fut un si grand président? Tout est relatif, car
s’il est important de se souvenir de toutes ces victimes qui furent chair à
canon et qui crurent à leur sacrifice au nom de la liberté, il ne faut pas pour
autant oublier l’histoire avec un grand H, et les vérités qui par commodité
furent oubliées avec le temps. Commémorer cette date, c’est le faire avec
« les libérateurs », les américains, en fermant les yeux au passage
sur les véritables raisons du débarquement, et elles ne furent pas celles qui
nous ont été enseignées, ce n’est pas vraiment le style de la Maison-Blanche…
Le débarquement, c’est avant tout l’arrivée de la culture américaine qui
devait s’imposer sur la vieille Europe, l’arrivée des marques et de nouveaux
produits jusqu’alors inconnus, une vaste opération commerciale, et également un
premier geste pour s’imposer en Europe dans le but un jour de prendre le pouvoir
de celle-ci, puisque le TAFTA n’est pas un
scénario récent, ce que certains ont tendance à oublier… Ils
arrivèrent en conquérants refusant au passage l’aide de troupes françaises
durant cette journée. Le pire, c’est que les États-Unis arrivèrent en France
dans le but de « libérer le pays des nazis », alors que les nazis
étaient justement des partenaires économiques des USA. N’oubliez pas que les
États-Unis et le troisième Reich, c’est une grande histoire que certains
préfèrent oublier…
Pour le petit rappel:
- Les États-Unis ont
accueilli quelques 10 000 nazis
- Les criminels de
guerre nazis ont coûté des millions de dollars en pension de retraite aux
Etats-Unis
- 1000 d’entre eux ont
travaillé pour la CIA et ont bénéficié d’une
totale impunité
- Lors du
vote pour condamner le nazisme durant une assemblée générale de l’ONU, l’union européenne
s’est abstenue, les USA et l’Ukraine ont voté contre
- Le constructeur
automobile américain Ford employait prisonniers et déportés en produisant
pour la Wehrmacht
- La banque américaine
Chase aujourd’hui devenue JPMorgan-Chase finançait le régime d’Hitler
- Le grand-père de
Georges Bush a aidé Hitler à accéder au pouvoir
- Petite
anecdote: La 45e division d’infanterie (États-Unis) (45e US DI) a combattu
pendant la Seconde Guerre mondiale, le symbole de la
division avant les années 30 était un carré rouge avec une svastika jaune.
Commémorer le débarquement du 6 Juin, n’est-ce pas participer à un
« souvenir » souhaité par de véritables faux-jetons qui jouent avec
l’histoire à des fins géopolitiques? De Gaulle qui a fini par être évincé du
pouvoir plus ou moins directement par les États-Unis comme déjà expliqué ici, avait ses
raisons, reste à savoir si celles-ci étaient bonnes… Mais nous n’allons pas
nier l’histoire, tout négationnisme étant très mal vu, autant regarder la
vérité:
C’était de
Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), pages 84 à 87
- Palais de l’Élysée, 30 octobre 1963
En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962,
le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle
était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses :
cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.
À la fin du Conseil
du 30 octobre 1963 , Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la
commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire
revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis
stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou,
prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »
Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les
casser aussi.
- « La
France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un
châtelain sonne son maître d’hôtel. »
Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les
Français comprendront que vous ne soyez pas présent aux cérémonies de Normandie
?
Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de
revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise !
La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à
Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son
quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a
annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y
participer. Nous nous sommes affrontés rudement.
Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui
imposer une volonté européenne (il appuie).
Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien
que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours
Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains,
nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le
continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir
est indélébile.)
« De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les
Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! » (Winston
Churchill)
- « Et
vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était
le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non,
ne comptez pas sur moi ! »
Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ça a été l’affaire des
Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à
s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le
faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !
Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la
France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse
monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.
NOTE : AMGOT = « Allied military government for occupied
territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés
NOTE : Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de
ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis,
de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est
normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents
officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le
papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains
qui servirent de référence.
Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les
armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour
remplacer les billets français émis durant l’Occupation.
Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet,
présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était
d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les
encaisser et de ne pas les remettre en circulation.
Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur
le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse
monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au
pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette
interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement
militaire imposé à la France(AMGOT).
Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais
pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes
sous-préfets, mes comités de libération !
Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il
était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas
sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place
n’est pas là !
« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés,
nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour
nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter
ces vues. Il ne faut pas y céder !
·
« M’associer à la commémoration d’un jour où on
demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »
Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août,
puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en
Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que
sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer
tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.
Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 :
cf. extrait d’actualités disponible sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAF94058797
Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle
de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français
de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de
leurs hymnes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où
on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !
« Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir
tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur
indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils
paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à
compter sur eux-mêmes !
Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut
commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de
célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »
Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre,
les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet
seront là pour les honorer dignement. »
NOTE :
Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants
et Ministre de la coopération en 1964.
·
13 mai 1964
Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura
oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis,
10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.
·
« Ces messieurs de la presse qui me reprochent
de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se
battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »
Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins
quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal
interprétée ?
Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été
question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ;
ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille
pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non
plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non
plus. Pourquoi irions-nous ?
(Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va
pas.)
Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.
Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la
télévision. »
Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur
participation, ne sont pas venus.
·
10 juin 1964
Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer
encore son agacement :
« Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie
20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France
recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils
pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La
Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »
Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas
complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16
juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son
débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.
Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.
·
« Vous croyez que les Américains et les Anglais
ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »
Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont
débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était
glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des
V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France
ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui
était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.
Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël.
Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »
Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris
s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les
décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y
avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer
Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.
NOTE :
Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en
guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer
les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.
·
« Les Américains ne se souciaient pas plus de
libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »
Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand
j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division
allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à
Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de
Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les
Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de
libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en
essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le
sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des
Français.
« Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie
jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus
vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait
fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous
n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui
aurait vaincu la France. »
Ce que Roosevelt et les
américains voulaient vraiment faire de la France en 1944
·
« Bien entendu, je traite avec
Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si
Laval me donne Paris ! »
(Franklin
Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires
de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)
NOTE : Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt,
et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le
débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de
Guerre.
Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le
débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en
avoir prévenu le chef de la France Libre. […]
En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français
Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général
américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt,
a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir
à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en
récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord
française !
Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux
émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du
président Rososevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France
d’après-guerre proprement scandaleuse. C’est ce célèbre passage des Mémoires
de Guerre :
Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à
l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus
de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark
reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui
aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et
commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.
Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements
politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient
temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant
de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je
traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai
avec Laval si Laval me donne Paris ! »
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre
« Tragédie » Page 48 (édition Plon)
On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités
américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les
cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une
France domestiquée. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les
Américains et les Allemands, rien d’autre.
Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce
qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à
Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France
Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà
légendaire.
Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre
selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans
après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage
capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici :
C’était de
Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), page 52
- Palais de l’Élysée, 17 juin 1964
- « Roosevelt
était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du
sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas
assez souple. »
Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un
type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la
France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple.
Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le
Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien
vrai.
Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible,
il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.
Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé
de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à
Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été
manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et
avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »
Alain Peyrefitte : – Allen Dulles
Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord
moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][…]. Vous
pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais
Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval
avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.
Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi,
de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à
Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a
désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyéLe
gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux
Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous) !
L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen
Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz…
NOTE : Le Président Roosevelt refusa toujours de
reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade
auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des
manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du
pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.
Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois
après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore
installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la
IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la
Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par
alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans
ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le
chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le
dauphin de Pétain.
Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier
directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au
29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée
d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Il était également le frère cadet de John Foster
Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de
1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société
bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique Latine.
Allen Dulles est un personnage des plus
controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être
émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins
importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels
internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui
travailla lui aussi pour ces grands groupes.
Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et
francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut
expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la
suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé
en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il
conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de
collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna
à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle
dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la
mort. Il fut libéré en avril 1954.
Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se
comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence
des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je
n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.
http://reseauinternational.net/pourquoi-charles-de-gaulle-refusa-t-il-toujours-de-commemorer-le-debarquement-du-6-juin/
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