Grèce: Malgré sa défaite, la gauche radicale de Syriza fait la fête
Les militants du parti de la gauche radicale, Syriza, à Athènes, célèbre leur score, même s'ils n'ont pas remporté les législatives, le 17 juin 2012. |
REPORTAGE - Jusqu'au bout, ils ont cru le miracle possible. Les militants de Syriza, la gauche radicale arrivée deuxième à l'issue des élections législatives en Grèce ce dimanche soir, se sont rassemblés dans une ambiance festive devant la fac de droit d'Athènes, rue Panapistimiou...
De notre envoyée spéciale à Athènes, en Grèce
«On n’a pas perdu!» Drapeau rouge aux couleurs de Syriza flottant sur l’épaule, Marianna Serveta sautille pour remotiver ses troupes, une petite bande d’adolescents de 17 ans. Cette supportrice d’Alexis Tsipras, le chef de file de la gauche radicale arrivée deuxième dimanche soir, avec 26,54 % (avec dépouillement dans trois quarts des communes) et 71 députés, contre plus de 30 % et 130 députés obtenus par Nouvelle démocratie (droite), a un moral d’acier.
Pour la jeune fille, pétrie d’espoirs pour la suite, c’est comme si Syriza avait terminé premier: «On va prouver qu’on peut y arriver par nous-mêmes, on doit changer la société, on doit pouvoir prendre part à la politique qui nous concerne, décider par nous-mêmes! Syriza va réussir!». Thanassis Kourkoulis milite dans une des branches de Syriza. Lui aussi arbore la mine des grands soirs de révolution: «Pourquoi je serais déçu? La gauche est à 50%! Vous connaissez la durée de vie des gouvernements actuels… Il y aura d’autres élections et on finira par avoir un gouvernement de gauche… C’est une victoire pour tous ceux qui luttent contre l’austérité, pour tous les peuples en résistance en Europe!»
Sympathisants de la gauche radicale
De la place Panipistimiou, Stavros Kostantakopoulos, professeur de théorie politique et membre du parti Syriza, a vite rejoint son café fétiche situé à deux pas, le Joke, rue Omirou. Le café est connu pour abriter des sympathisants de la gauche radicale. Dimanche soir, tous les visages sont orientés en direction de la soirée électorale de la principale chaîne d’information, retransmise sur écran géant. Stavros, bonhomme ventru très sympathique, commente avec ses amis profs de fac les résultats en train de s’affiner et les scénarios à venir. «Nouvelle démocratie et le Pasok (droite et gauche, arrivés respectivement premier et troisième) vont s’entendre pour former un gouvernement. La question, c’est si la gauche démocratique (quatrième) va les appuyer ou non», lance-t-il à la volée.
Son voisin de tablée n’est autre que le coordinateur de Syriza au parlement, Theodore Paraskevopoulos. La première bonne nouvelle pour lui, «c’est que si les autres ont la majorité, nous sommes dans l’opposition, et une opposition forte, dotée d’un bon programme. Ils auront à répondre à nos questions! La deuxième chose, poursuit-il, c’est que nous sommes un petit parti qui a grandi très vite, nous devons nous construire.»
«C’est ça qui est extraordinaire, rebondit Stavros. Il y a trois ans, nous étions à moins de 5 %! Aujourd’hui, nous faisons plus de 25 %!»
Sur l’écran apparaît alors Antonis Samaras, patron de la droite victorieuse. Il s’exprime, entouré de ses fans réunis près du parlement. En fond sonore, derrière lui, des klaxons fêtent sa victoire. Et font écho à ceux, tout aussi festifs, provenant du camp adverse, place Panapistimiou.
Lucie Romano
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