Crédits photo: Une partie du mur en construction entre la Grèce et la Turquie près de la ville d'Orestiada (Stringer/ Reuters).
Arno Klarsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, a trouvé une solution pour lutter contre l’immigration clandestine en Europe. Il faut construire un mur entre la Grèce et la Turquie, sur 130 km de frontière. Arno Klarsfled en parle sur BFMTV :
“Entre les Etats-Unis et le Mexique, il y a une grande barrière sur toute l'étendue du territoire, avec des patrouilles qui patrouillent sans cesse. C'est ce qu'il faut faire aux frontières européennes, c'est-à-dire en Grèce.”
Un mur? Quel genre de mur?
“Un mur c'est fait avec des fils, des barbelés, un mur quoi, comme à Rome, il y avait un mur. La paix a duré quatre siècles."
Arno Klarsfeld compare donc les frontières de l’Europe au limes romain, à défendre contre les invasions de tribus barbares. Si l'on pousse la comparaison, "la paix" devrait donc durer jusqu’à ce que les villageois du coin commencent à démonter le mur pour en faire autre chose, que les soldats abandonnent leur poste et que l’Europe s’écroule. En attendant, tout ira bien.
Un projet de janvier 2011
80 à 90% de l’immigration clandestine dans l’espace Schengen passerait aujourd’hui par la Grèce. Là-bas, les centres de rétention explosent. Les migrants entrés en Europe par la Grèce et arrêtés dans d’autres pays n’y sont plus renvoyés.
Fin 2010, l’Etat grec demande à l’agence européenne Frontex de lui envoyerdes patrouilles armées pour arpenter la frontière et dissuader les aspirants.
L’idée de construire un mur - enfin, une “clôture intelligente” - apparaît en janvier 2011. Le ministre de l’Intérieur grec annonce qu’il va barrer 12,5 km de la frontière (sur 206 km), près du fleuve Evros. Par ce point de passage, 200 clandestins tenteraient de franchir la frontière turco-grecque chaque jour.
A l’époque en Grèce, “les partis de gauche n’hésitent pas à parler de racisme, ceux de droite de "fausse solution"", écrit le journal Ta Nea. Le quotidien donne quelques détails sur la clôture prévue : "un mur de barbelés" haut de trois mètres, "équipé de caméras thermiques et de capteurs de présence”.
Brice Hortefeux soutient le projet de mur
L'Organisation des nations unies condamne l'initiative, la Commission européenne se montre plus que réservée. Un porte-parole de la commissaire à la sécurité déclare :
"Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s'attaquer de manière structurelle à la question de l'immigration clandestine"
Heureusement pour le gouvernement grec isolé, le ministre de l'Intérieur français, Brice Hortefeux, se place de son côté. En visite à Athènes, il se réjouit :
“Les mesures qui sont engagées, dès lors qu'il ne s'agit pas de restaurer le mur de Berlin, vont dans le bon sens et nous les soutenons."
"Une fermeture de 206 km aurait été préférable"
Ce projet ne porte "que" sur les 12 km les plus faciles à franchir le long de la frontière. Comme la ligne Maginot, la clôture pourrait donc être contournée à terme. Forte de cette réflexion, la Berliner Zeitung écrit en janvier 2011 :
“Une fermeture de 206 kilomètres sur sa frontière avec la Turquie aurait en effet été préférable. Préférable pour les Grecs, dont le petit pays, surendetté et désorganisé, est aujourd’hui débordé par l’afflux de migrants.”
A l'opposé, le journal To Ethnos trouve l'idée de clôture ridicule :
“La vérité est que le "mur" d’Evros laisse pantois. Aucune "barrière" dans l'Histoire n'a été capable de résister aux courants migratoires.”
Un bras de fer s'engage alors sur le financement des travaux, estimés à 5,5 millions d'euros. L'Union européenne refuse de contribuer à cet investissement, mais l'Etat grec, seul, a commencé à construire le mur en février 2012. Plusieurs fois retardé, le chantier de 12 km devrait être terminé en septembre.
Parallèlement, en août 2011, l'Etat grec a commencé à creuser un fossé de 120 km de long, 7 mètres de profondeur et 30 mètres de large le long de la frontière avec la Turquie. Construit pour des raisons de défense, le fossé "agira aussi comme une barrière naturelle contre l'immigration", selon le quotidien Ta Nea.
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